“Le Pays Basque est trop petit” disent nos deux grands voisins. Mais nous sommes assez vastes pour qu’ils nous séparent en trois parties : l’une dans la République Française, les deux autres dans le Royaume d’Espagne. Si la nôtre au Nord n’existe que depuis peu, au Sud la Communauté forale de Navarre et à l’Ouest la Communauté autonome d’Euskadi ont une base légale ancienne et forte. Deux régions autonomes, deux gouvernements, deux capitales à 100 kilomètres de distance, n’est-ce pas beaucoup pour un “trop petit” pays? Ainsi l’a voulu le pouvoir central espagnol lors de la “transition démocratique” avec la complicité de la droite navarraise et la lâcheté de sa gauche. C’est clair, il faut éviter l’émergence d’une nation basque.
La région autonome d’Euskadi est légalement la plus favorisée des trois territoires basques actuels. Cependant ainsi que je l’ai souligné dans mon article de novembre 2020, les limites et la précarité de son statut d’autonomie interne apparaissent périodiquement, surtout en matière linguistique, malgré la loi autonomique n°10 de 1982. Ce statut dépend étroitement de la Constitution espagnole. Celle-ci déclare dans son article 3 que tous les Espagnols ont le devoir de connaître le castillan, langue espagnole officielle de l’État, et le droit de le pratiquer. Elle ajoute que les autres langues espagnoles sont aussi officielles, “también oficiales”, dans leurs Communautés Autonomes respectives conformément à leurs Statuts.
Une stricte lecture de cette dernière phrase ferait croire à l’égalité de la “langue nationale” et de la “langue régionale” sur le territoire “régional”. Or il n’en est rien : selon le pouvoir central, le devoir de connaître la seconde ne serait pas dans le “también” (aussi). D’où la suprématie absolue du castillan, ainsi que l’éternel combat du pot de terre et du pot de fer arbitré par le pouvoir central qui est juge et partie.
En Navarre c’est bien pire que dans l’autre région basque. La classe politique locale inhibée par une droite néo-franquiste anti-basque y maintient une séparation en trois zones linguistiques établies par la loi forale n° 18 de 1986 : au nord l’euskara bénéficie d’un statut semblable à celui qu’il a dans la Communauté autonome d’Euskadi, au centre autour de Pampelune il a un statut mitigé, au sud son existence n’est pas reconnue.
Que dire alors du Pays Basque du Nord ou d’Aquitaine, où la langue basque ainsi que l’ensemble des langues dites “régionales” ne bénéficie d’aucune protection légale globale, mais seulement de dispositions partielles qui permettent son enseignement aux volontaires. Ces “privilèges” sont à la merci de gouvernements néo-jacobins autoritaires comme celui que pourraient former Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou Manuel Valls, tous partisans de la langue unique et de la forte poigne.
Que faire ? Même au sud, l’accession à la l’indépendance reste pour le moment un rêve. L’exemple catalan montre l’extrême difficulté de sa réalisation dans l’Europe actuelle. L’Écosse y réussira-t-elle ? Les pays qui ont accédé à l’indépendance sur ce continent dans un passé récent y sont arrivés à l’occasion de grandes crises géopolitiques qui ont défait certains blocs : éclatement de l’empire austro-hongrois à la fin de la guerre de 1914- 1918, effondrement de l’Union Soviétique puis atomisation de la Yougoslavie dans les années 1990. Une exception : la Slovaquie et la Tchéquie divorcèrent à l’amiable le 1er janvier 1993.
Il resterait comme issue moins coûteuse l’accession à la souveraineté culturelle qui fut préconisée pour les Basques du sud par le grand écrivain Jorge Semprun quand il était ministre de la culture dans le gouvernement de Felipe Gonzalez, entre 1988 et 1991. Possible à l’extrême rigueur dans une Espagne apaisée, elle me paraît difficilement envisageable dans “notre” République “une et indivisible”, farouchement monolingue.
Pour le moment la Communauté autonome d’Euskadi cherche surtout à se renforcer dans son triangle des Provincias Vascongadas. En Navarre l’élément euskaldun c’est-à-dire bascophone accentue sa marche pour la revitalisation du caractère culturel et linguistique de l’ancien État des Basques, caractère basque mis à mal et même nié par le franquisme et ses héritiers locaux. Au nord on lutte pour la survie de la langue et l’acquisition de bribes de souveraineté, tout en renforçant les relations avec les deux autres régions basques. La Communauté d’Agglomération est un acquis précieux à consolider. Pour autant il ne faudrait pas oublier le projet d’une entité territoriale à statut spécial, mais au contraire raviver cette revendication du collectif Batera. C’est le moins que puisse faire le monde abertzale, c’est-à-dire patriote, adepte du Zazpiak Bat (7 = 1), aujourd’hui pratiquement Hirurak Bat (3 = 1).
Pas la peine d’aller chercher si loin avec Mélenchon, le pen ou valls, je ne suis pas convaincu que tous les maires de la communauté pays basque je rejouerai de voir la langue Basque être langue officiel, tient, par exemple, posez la question à Mr Claude Olive, qu’est ce qu’il en pense de l’Euskara?
Eh oui, la langue ciment de la Nation, au sens moderne du terme, inventée pour la première fois par la révolution française de 1792 et assise définitivement par le dictateur Bonaparte. Et au vu de l’efficacité foudroyante de ce modèle étatique, tout l’Europe et puis le reste du monde s’y sont mis, à quelques exceptions près.
Que faire ? Disons que « patience et longueur de temps » ne sont pas suffisantes ; il faut aussi une prise de conscience populaire de l’importance de la culture linguistique pour permettre l’autonomie du peuple basque. Cela, l’Etat français l’a compris depuis très longtemps, dans une stratégie qui trouve ses racines dans le centralisme politique exacerbé, depuis la fin du XVème siècle. Les mouvements abertzale de l’après-guerre, relayant l’appel des romantiques et des nationalistes du XIXème siècle, ont permis à l’euskara de se conforter un bastion populaire vivant.
Mais l’abertzalisme politique a pris du plomb « anti-terroriste » dans l’aile, et la mondialisation commerciale noie toute identité locale dans un nouveau credo de culture unique, ultime avatar d’un fascisme anthropique vieux d’au moins deux mille ans. Même l’arrogante langue française sent roussir les plumes de son derrière, brûlées au barbecue du globish qui envahit les « élites » médiatiques et culturelles françaises. Les québecois, autres francophones, minorisés ceux-là, connaissent le problème depuis longtemps.
J’augure qu’au delà de toute modernisation technologique de l’usage de la langue, seule une authentique cohésion identitaire locale pourra permettre à l’Euskara de résister au rouleau compresseur d’une uniformisation connectée encouragée par les Etats. Bestelaz, zer da itsasoa arrainik gabe ? Ba, itsasoa…
20/20
Pour développer la langue Basque , il n’y as qu’un seul choix : les ikastola . Il faut en ouvrir partout ou la langue basque perd du terrain et ou il y as une volonté de scolarisation en Basque , de Bidache a Esquiule et en continuant vers Sainte Engrace . Toutes la zone de Sanguesa , en allant vers Ujue , terminant vers Castejon . La stratégie des Ikastola en Navarre c’est d’avoir des grosses Ikastola . Il faut au contraire un maillage assez fin pour la petite enfance . Il faudrait ouvrir en Pays Basque Nord et en Navarre 30 a 40 ikastola en 10 ans . Ce devrait étre la priorité de l’Udalbiltza , qui pour moi se perd un peu dans toutes les directions aujourd’hui . Pour Claude Olive , le considérait comme un anti basque primaire est pour moi une erreur . Faute de candidat Abertzale a Anglet , un certain nombre de nos électeurs on voté pour lui , et ils ont eux raison ! La nature n’as t’elle pas horreur du vide ??