
Fin février, des discussions ont eu lieu sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, entre l’État français et les forces politiques locales. Retour ici sur la séquence politique déclenchée par les émeutes qui ont démarré en mai 2024 sur fond de projet de révision constitutionnelle contesté.
« Je ne souhaite pas l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie », écrivait Manuel Valls en 2021. Aujourd’hui ministre de l’Intérieur du gouvernement Bayrou, Valls a changé de discours et réaffirme, au grand dam d’une partie des loyalistes, la pertinence de l’accord de décolonisation de Nouméa signé en 1998. Pour Valls, l’État doit garantir que cet accord « aille jusqu’au bout. La trajectoire est celle qui va d’une souveraineté partagée à une souveraineté pleine et entière, ce sont les accords. Il ne peut y avoir de retour en arrière ».
Les émeutes de mai dernier auront donc finalement eu raison du projet de loi constitutionnelle que Macron et Darmanin avaient tenté d’imposer pour réformer les corps électoraux spéciaux prévus par l’accord de Nouméa. Mais l’archipel est aujourd’hui économiquement et politiquement dévasté. La défiance entre loyalistes et indépendantistes est extrême, et au sein de chaque camp également, les divisions s’affichent au grand jour.
« L’archipel est aujourd’hui économiquement et politiquement dévasté. »
Il est important de revenir sur la séquence politique déclenchée par les émeutes pour bien comprendre la teneur et les enjeux des négociations sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie qui se sont tenues fin février entre l’État français et les forces politiques locales.
Divergences au sein du FLNKS
Lors des législatives de juillet, Emmanuel Tjibaou avait su convaincre les différentes sensibilités du camp indépendantiste. Sa très large victoire dans une circonscription réputée ingagnable par les indépendantistes leur permet aujourd’hui d’être représentés à l’Assemblée nationale pour la première fois depuis 1986.

L’an dernier, le projet de loi constitutionnelle avait été discuté par les parlementaires sans qu’aucun représentant du peuple kanak n’ait pu avoir voix au chapitre : ce ne serait plus le cas aujourd’hui. Les indépendantistes n’auront cependant pas savouré longtemps cette victoire.
« L’an dernier, le projet de loi constitutionnelle avait été discuté par les parlementaires sans qu’aucun représentant du peuple kanak n’ait pu avoir voix au chapitre : ce ne serait plus le cas aujourd’hui. »
Le 29 août, Roch Wamytan, membre de l’Union Calédonienne (UC, l’une des quatre formations historiques du FLNKS), qui présidait le Congrès de Nouvelle-Calédonie depuis 2019, était renversé au profit de Veylma Falaeo, de l’Éveil océanien. Cette petite formation, qui défend les intérêts des Wallisiens et Futuniens de l’archipel et formait depuis 2019 une « majorité océanienne » avec les indépendantistes, préfère désormais représenter une « voie médiane » entre indépendantistes et loyalistes. Alors que Falaeo n’avait remporté que 3 voix sur 54 au premier tour de l’élection à la présidence du Congrès, contre 26 pour Roch Wamytan, elle a bénéficié du report des voix loyalistes pour l’emporter avec 28 voix au second tour.
La veille, deux formations historiques du FLNKS, le Palika et l’Union progressiste mélanésienne (UPM), avaient fait savoir qu’elles ne participeraient pas au congrès du FLNKS qui devait se tenir quelques jours plus tard, car les conditions n’étaient selon elles pas réunies pour garantir la tenue de débats apaisés. Le Palika aurait espéré un « congrès de clarification » entre les quatre composantes du FLNKS pour discuter notamment de la place à accorder à la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT). Cette dernière avait été impulsée en 2023 par l’UC pour mobiliser contre le projet de réforme constitutionnelle, malgré les réticences du Palika et de l’UPM qui participaient aux rencontres trilatérales avec l’État et les non-indépendantistes. Le 15 août, après la mort d’un militant tué dans des affrontements avec les gendarmes, Paul Néaoutyine, président de la province nord et membre du Palika, avait pointé « la responsabilité des relais CCAT concernés, ainsi que de leurs donneurs d’ordre qui se couvrent du drapeau Kanaky et usurpent le sigle FLNKS dans une stratégie du chaos décidée par une seule composante du FLNKS ».
Sous pression d’une jeunesse en ébullition depuis les émeutes, les formations présentes au congrès ont pris le risque d’accentuer encore les divergences avec le Palika et l’UPM. Elles ont en effet reconnu la CCAT comme un « outil de mobilisation politique », et l’ont intégrée avec d’autres organisations radicales au bureau politique du FLNKS, aux côtés des quatre formations historiques ; enfin, le FLNKS s’est pour la première fois depuis 20 ans doté d’un président en la personne de Christian Tein, porte-parole de la CCAT et actuellement en détention provisoire à Mulhouse.
Emmanuel Tjibaou élu à la tête de l’UC, fin novembre dernier
C’est donc sans surprise que le Palika et l’UPM ont annoncé leur décision en novembre de ne plus nommer de représentant au sein du bureau politique du FLNKS et de porter elles-mêmes, et non plus à travers le FLNKS, leurs revendications auprès de la mission de concertation conduite par les présidents de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher : « On vit dans la réalité́. L’objectif est de négocier avec l’État et les partenaires une souveraineté́ partagée affirmée, qui pose comme option à terme la pleine souveraineté́ en partenariat », expliquait un dirigeant du Palika. Et l’UPM de surenchérir : « Sans économie en état de marche, il n’y a pas de stabilité politique. Regardez le Soudan ou Haïti, nous, on ne veut pas ça ». Évidemment, l’État cherche à exploiter ces divisions pour marginaliser le FLNKS qui martèle de son côté que « le représentant du peuple kanak, c’est le FLNKS ». Dans ce contexte, l’élection fin novembre d’Emmanuel Tjibaou, une figure consensuelle et respectée, à la tête de l’UC marquait probablement une volonté d’apaisement de la part de la formation indépendantiste.
« Ces tensions au sein du mouvement indépendantiste se déroulent dans un contexte de crise sociale sans précédent. »
Ces tensions au sein du mouvement indépendantistes se déroulent dans un contexte de crise sociale sans précédent. Depuis les émeutes, le PIB de la Nouvelle-Calédonie a baissé de 20 à 30%, un tiers de la population est au chômage et les prix, déjà très élevés, ont augmenté. Pour répondre à cette crise, le gouvernement collégial, emmené par Louis Mapou, du Palika, a proposé en novembre un « Plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction » (PS2R) à Michel Barnier, lequel a promis une garantie d’emprunt d’un milliard d’euros, conditionné à la mise en place de certaines réformes. « La décision est à la hauteur de ce que nous avions demandé », se réjouissait Louis Mapou, tout en précisant que le PS2R devait « encore emprunter un processus de validation au niveau local ».

Il ne croyait pas si bien dire ! Au sein du Congrès, la grogne montait en effet depuis plusieurs semaines contre le gouvernement collégial, accusé de s’être transformé « en une instance indépendante, et particulièrement des groupes politiques du Congrès dont il est issu, qu’ils soient d’ailleurs indépendantistes comme non indépendantistes », pour reprendre les termes d’un dirigeant de la formation centriste Calédonie Ensemble. Ce parti n’accepte pas les conditions imposées pour l’octroi du prêt : « Bercy pratique la technique de l’étrangleur ottoman, ils arrivent par-derrière avec un lacet et l’étouffent lentement ». En démissionnant collectivement le 24 décembre, les élus de Calédonie Ensemble ont fait chuter le gouvernement de Louis Mapou, jugé trop mou, dans l’espoir de former « un gouvernement de combat, capable de ramener les discussions sur la reconstruction au niveau politique et d’arrêter de laisser Bercy dicter sa loi ». Pas sûr que la manœuvre se soit soldée par un succès puisqu’après bien des difficultés pour trouver un nouveau chef de gouvernement, c’est finalement Alcide Pongo, un Kanak non indépendantiste membre de LR qui a succédé à l’indépendantiste Louis Mapou.
Le poids institutionnel des indépendantistes amoindri
En moins de quatre mois, le poids institutionnel des indépendantistes s’est donc considérablement amoindri, puisqu’ils ont perdu la présidence du Congrès et celle du gouvernement. Pour faire face à cette situation, la stratégie du Palika et de l’UPM diverge radicalement de celle du reste du FLNKS. Les premiers, selon qui « on ne peut pas continuer à aller dans la déstabilisation », souhaitent « négocier le temps et les modalités » pour atteindre l’objectif de l’indépendance avec partenariat d’ici une dizaine d’années.
Autre son de cloche pour les autres composantes du FLNKS, réunies en congrès fin janvier. Roch Wamytan a fait polémique en y déclarant : « Il faut fermer cette parenthèse de la colonisation cette année. Il faut fermer la porte […]. On va encore souffrir, il y aura encore des morts, mais on va continuer, parce que l’on vit une sorte d’esclavage ». Lors de ce congrès, les militants ont par ailleurs accepté « de renouer le dialogue rompu après l’échec du passage en force de l’État français […], mais pas n’importe comment ». Un calendrier prévoit « des phases à l’issue desquelles devra être signé l’accord de Kanaky, au plus tard le 24 septembre 2025 ». Cet accord devra par ailleurs mentionner « une date d’accession effective de la Kanaky à la pleine souveraineté ».
« En moins de quatre mois, le poids institutionnel des indépendantistes s’est donc considérablement amoindri, puisqu’ils ont perdu la présidence du Congrès et celle du gouvernement. »
Les indépendantistes abordent donc le prochain cycle de négociations avec Valls extrêmement divisés. La pression du FLNKS pourrait favoriser un accord sur les bases du projet du Palika et de l’UPM, mais un accord en-deçà des objectifs ambitieux du FLNKS serait-il respecté par la base du mouvement ? La question des prisonniers, et notamment de Christian Tein, pourrait encore compliquer les négociations… Quant aux loyalistes qui viennent de s’étrangler en entendant Valls évoquer la possibilité d’une souveraineté pleine et entière : sont-ils prêts à accepter un nouvel accord de décolonisation ?
Il y a dans cette histoire quelque chose qui me tracasse depuis le début . L incapacité de la Macronie a comprendre la réalité du terrain , a aucun moment les services de renseignements , ni les préfectures , ni les politiques locaux ne sont capables d anticipée les choses . Cela va des gilets jaunes , au émeutes urbaines a la suite de la mort de Nahel , au émeutes a la suite de la mort d Yvan Colonna , a la crise des agriculteurs , et j en oublie .
Maintenant il est trop tard , au soir du 3ém référendum boycotté par les indépendantistes pour cause de covid . La Macronie et la frange la plus raciste des loyalistes a montrés sont vrai visage . Le discours a été claire , maintenant ici c est la France et a vous de vous soumettre . Les kanaks avait donc 2 choix , soit disparaitre dans la nuit sans combattre , soit combattre avec le risque de disparaitre . ils ont fait leurs choix , de combattre pour leurs libertés , ils ont une organisations ( la CCAT ) , un chef ( Christian Tein ) et surtout un plan ( la politique de la terre brulée ) . Maintenant le Nouvelles Calédonie va vers une indépendance a l Algériennes . Avec au final le départ des métropolitains et Caldoches hostiles aux kanaks . Tein a la méme détermination qu’un Brian Keenan . L objectif est simple , faire en sorte que l occupation ( policiers , soldats , fonctionnaires , remise en route de l économie ) de la Nouvelles Calédonie soit un gouffre financier pour l état central . Et que l insécurités fasse de Nouméa un forteresse assiégé ( absence de touriste et de nouveaux arrivant recherchant une belle vie sous les tropiques , absences d investissements , mines de nickel à l’arrêt ) Donc absences de ressource financière de la colonie .
Mais pour que se plan se passe au plus vite il faut une unité totale au sein du FLNKS .
Mais par malheur il a toujours des gens , qui n ont que le mot négociation a la bouche , on le voit ici aussi , mais cela fait 2 siècles que l ont souhaite négocier .