La rupture de l’accord RPS / EELV contraint François Alfonsi à mener une liste autonome dans la région Sud-est. La qualité de son militantisme Corse et son talent politique devraient lui permettre de poursuivre son action au parlement de Strasbourg. Elle est une part du combat abertzale qu’il situe au coeur de l’Europe.
En quoi l’Europe intervient-elle dans problématique basque?
Parlement Européen, Cour Européenne de justice : le théâtre des institutions européennes a été essentiel pour faire avancer la cause basque ces cinq dernières années. Il faut investir résolument cet espace démocratique qui a vocation à dépasser le cadre français ou espagnol.
Il y a cinq ans, plusieurs dizaines de milliers de citoyens européens avaient été empêchés, du fait de l’illégalisation des formations qui représentent la gauche abertzale en Espagne, de voter en faveur des candidats de leur choix lors des élections européennes. Ce rappel suffit pour situer la gravité de la crise politique basque, dont les conséquences sont inacceptables pour la démocratie européenne car la liberté d’y exprimer son opinion politique en est une base essentielle.
Quelles incidences cela a-t-il en Euskal Herria?
Cinq ans plus tard, la formation qui représente ces citoyens basques peut déposer sans entrave sa liste aux élections européennes et, au grand dam de l’establishment le plus réactionnaire à Madrid et Paris, elle pourrait bien, par la force des électeurs basques et de leurs alliés, forcer la porte du Parlement européen. Ce simple fait illustre les avancées politiques obtenues et le friendship basque que j’ai contribué à animer au Parlement européen a eu sa part dans cette évolution. En effet, le blocus anti-démocratique appliqué par l’Etat espagnol contre les abertzale basques pouvait s’appuyer sur un soutien tacite des différents groupes politiques européens.
Et que s’est-il passé au Parlement de Starsbourg?
En martelant son message, en interpellant directement Martin Schulz quand il a été élu à la présidence du Parlement européen, en organisant des meetings et des conférences de presse avec les responsables de la gauche abertzale, avec Jonathan Hill venu expliquer les enjeux de la conférence d’Aiete, et bien d’autres initiatives, le friendship basque les a forcés à entendre le message adressé par la société civile au Pays Basque, et à prendre leurs distances avec le comportement anti-démocratique du Partido Popular au pouvoir à Madrid. La légalisation de la gauche abertzale a ensuite permis une percée électorale considérable, qui a écarté de la tête des institutions basques les forces espagnolistes du Parti socialiste gouvernant avec l’appui du PP. Autre avancée venue de Strasbourg cette fois: la condamnation de l’Etat espagnol par la Cour Européenne de Justice qui a sanctionné la « doctrine Parot » et l’arbitraire du système judiciaire espagnol. Plusieurs prisonniers politiques ont alors été libérés après de très longues années de détention alors que l’Etat espagnol voulait les tenir emprisonnés sine die.
Le devenir du peuple basque serait donc lié à celui de l’Europe?
Le terrain européen est essentiel pour le peuple basque. Il y construit une partie du rapport de forces dans le combat contre Madrid et Paris, et le friendship basque devra continuer son travail à Bruxelles durant les cinq prochaines années. J’espère en être ! Mais la démarche européenne va au-delà : L’Europe est la perspective d’avenir pour Euskadi, nation d’Europe, qui a eu sa part dans l’Histoire de l’Europe, et qui peut donc légitimement revendiquer sa juste place pour y construire son avenir.