Le contexte des Présidentielles

Elections

L ’endettement de la France est important. Il était déjà supérieur à 2.000 milliards d’euros avant le Covid, ce qui correspond à 4 à 5 fois le budget annuel. Cet endettement fait que la France emprunte sur les marchés internationaux, mais on parle du relèvement des taux d’emprunt qui, de négatifs, passeraient à positifs, participant du déséquilibre des futurs budgets. La garantie des prêteurs, qui sera prise sur les richesses des Français, est assez importante (on parle de 10.000 milliards d’euros dont six en assurance vie). Le déficit de la balance commerciale est vertigineux (-70 milliards) ce qui n’était pas le cas il y a 20 ans. La situation de la France est donc relativement inquiétante…

Une organisation du pays qui dérive depuis plus de 30 ans

Les fonctions régaliennes sont en déliquescence.

La justice (celle du quotidien) est engorgée, les dossiers mettent trop de temps à “sortir”, son budget relevé récemment est encore sans doute trop faible. Il convient aussi d’évoquer la trop faible quantité de places en prison qui induit des décisions de justices trop laxistes…

La police ne semble pas mieux lotie (matériel vétuste, commissariats de proximité qui ferment, etc.).

La Santé (et en particulier l’hôpital) est un secteur qui semble en tension. Les failles de ce secteur sont dévoilées depuis la crise de Covid, malgré le “Ségur de la santé” relativement récent, ses revalorisations salariales et son budget investissement doublé.

L’Éducation Nationale ne brille pas beaucoup plus.

Pourtant les budgets qui sont consacrés à ces fonctions régaliennes sont importants mais dans la majorité des cas, l’administration de ces fonctions pèse trop. On sait aussi que dans l’Education Nationale, ce cas de surreprésentation de l’administration est aussi à soulever. Sans doute faudrait-il aller vers des salaires plus importants mais avec une double spécialité d’enseignement pour aussi tenter de régler absentéisme et remplacements.

Les grands opérateurs semi-publics ne vont pas beaucoup mieux, comme Air France, la SNCF ou RFF.

Malgré la caste des hauts fonctionnaires, dont les nominations sont des échanges de bons services et les salaires sont mirobolants (lire La mafia d’État de Vincent Jauvert), les réformes utiles n’ont jamais été menées : les salaires des pilotes d’Air France sont les plus hauts d’Europe et ils bénéficient toujours du super abattement pour frais de nettoyage de leur costume. Le bloc SNCF/RFF est un géant aux pieds fragiles incapable de se réformer, pris dans son carcan syndical, avec un choix stratégique dangereux du tout voyageur plutôt que le transport de marchandises, pertes annuelles de 16,7 milliards annuels de la SNCF (dont 3,5 milliards de compensation régime de retraite alors que le statut du salarié est hyper protégé), péage de RFF trop important (40% du prix du ticket, en moyenne), vétusté du réseau en particulier ponts et aiguillages, 400 millions de manque à gagner sur des billets gratuits, encadrement pléthorique. Le PDG de la SNCF ne précisait- il pas que la masse salariale augmentait “automatiquement” de 2% par an par le simple “jeu” des “cliquets” sur les catégories professionnelles et leurs primes d’ancienneté… S’il fallait une raison pour être contre la LGV, confier la ligne à de tels dinosaures serait pure folie. Je n’évoquerai pas ici le mastodonte EDF/ENEDIS qui ne brille pas non plus par sa capacité d’adaptation. Les gabegies sur le quadrillage du pays par ses “agences” ont mis en relief une grosse inertie préjudiciable. Il a par exemple fallu 10 ans pour que l’agence de l’aviation civile précise que l’accident du Rio-Paris était dû à la défection du tube de Pitot (lire Enbata de mars 2011), et une grève des pilotes, quelques mois avant la catastrophe Rio Paris, pour que ces organes soient changés (après un quasi accident sur l’aéroport de Chicago). Plus près de nous, le suivi des indicateurs du Covid (covid dashboard) n’a été installé qu’après qu’un jeune ait mis en place très rapidement un suivi utile facile d’emploi. Encore plus près de nous ce suivi ne fait pas apparaître en clair le variant Omicron alors que la connaissance de sa fréquence dans les tests et en réanimation peut apporter beaucoup. Bref on assiste à un doux ronronnement qui maintient l’administration dans un confort douillet.

Une hypertrophie des textes juridiques : le mal français

Quel organisateur courageux simplifiera la législation, la feuille de paye, le code du travail ? Pour la rentrée, les services du Ministre Blanquer avaient “pondu” des protocoles de plus de 20 pages. Ces pages ont-elles été lues complètement ou fallait-il un résumé sur 10 points ? Cette maladie génétique française n’a pas été corrigée malgré certaines velléités en début de mandature. Y a t-il une seule entreprise en France qui respecte totalement la législation ? Un syndicat d’entrepreneurs précisait que s’il fallait 2,5 personnes par entreprise pour respecter l’entrelac des législations ici, ce ratio tombait à une personne en Allemagne. Tout le monde sait que si une législation environnementale existe et est applicable dans toute l’Europe, le législateur français en rajoute une couche pour faire plus loi que la loi. On est dans une vraie maladie génétique insoupçonnée et inextricable car le détricotage sera très couteux et complexe, les lois étant imbriquées les unes dans les autres La nouvelle piste de la rupture conventionnelle est la vache à lait des futures séparations abusives (elles protègent le salarié vis-à-vis du chômage) mais elles coûtent en temps et en administratif aux entreprises, l’accord soumis à la Dirrecte pourrait être supprimé. Cette simplification devrait être mise en place avec droit de recours de deux mois pour le salarié…

Quelques pistes hors programme

Même s’il y a peu de chance que les programmes évoquent ces modifications, on peut citer pèle-mêle, une simplification administrative de l‘État et des organismes qu’il pilote de près ou de loin, une simplification de couche administrative, la suppression et la limitation des agences et autres relais dont l’utilité n’est pas prouvée, l’égalité pour les retraites, le calcul des trimestres de retraite, les trois jours de carence pour tous les salariés, le régime des fonds de retraite, une hausse du SMIC de 5 à 10% avec compensation sur le coût du travail et donc baisse des charges sociales et des prestations, une baisse de l’imposition sur les dividendes (actuellement à 30%). Ceci pour que les Français fassent travailler leur argent sur les entreprises et non sur le foncier ou la pierre. Mais ces pistes n’intéressent pas les journalistes ni les partis politiques qui se contentent encore de l’écume des choses.

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