Depuis quelque temps, l’apparition sur la scène médiatique d’une gamine de 16 ans provoque en France une sorte d’hystérie collective.
Greta Thunberg, inconnue encore il y a peu déchaîne les passions et fait l’objet d’attaques virulentes sans que l’on parvienne à saisir véritablement ce qui provoque un tel dérangement chez nombre d’éditorialistes ou de politiques…
Adolescente, elle incarne l’angoisse qui s’empare peu à peu des jeunes générations face au réchauffement climatique, jeunes qui ont bien compris les explications des experts du climat et qui enragent devant le peu d’engagement des grands décideurs de ce monde. Plusieurs formes d’expression ont surgi cette année avec notamment de nombreuses marches pour le climat, qui se veulent autant d’alertes, presque de supplications, pour qu’enfin on bascule radicalement dans un autre mode de développement et que l’on se hisse au niveau des défis de ce siècle !
Après trois décennies d’inaction, de déni où les écologistes ont été moqués, accusés de vouloir revenir à la bougie par tous les “sachants”, l’urgence perceptible dans laquelle nous sommes, provoque colère mais aussi anxiété…
Le ministre de l’Education nationale craint que la menace climatique “crée une génération de déprimés” et ajoute “qu’il faut dépasser le stade du cri” !
Il est certain que lui n’a même pas atteint ce stade, et qu’à part se croiser les bras il n’a pas grand-chose d’autre à proposer !
L’exposition médiatique de Greta Thunberg favorise des comportements réactionnaires, elle est soupçonnée de tous les maux et c’est un florilège : gourou du climat, militante gauchiste, suppôt du capitalisme, mondialiste, manipulée, produit marketing, louche, fanatisée, sadique, totalitaire…..
Les imbéciles s’en donnent à coeur joie et on assiste à un véritable concours dont le premier prix pourrait être décerné au député Julien Aubert (LR) : “Elle n’est pas climatologue, c’est une militante, or ce n’est pas un débat de militants, c’est un débat pratique”… Plus grave, un Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro, l’accuse d’être “porteuse d’une idéologie universaliste” (voilà que ça devient un défaut) et ose un parallèle des plus douteux avec le communisme et le nazisme. Au secours, ils sont devenus fous !
L’important est-ce vraiment de savoir qui est Greta Thunberg, à part qu’elle est suédoise, qu’elle a gagné un concours d’écriture sur le climat en 2018 et que tout s’est vite emballé par la suite. Elle fait le piquet de grève devant son école, elle trouve un important écho chez d’autres jeunes et naît l’idée, “du vendredi de grève pour le climat”.
En France, aux Pays Bas, en Finlande, en Australie, en Espagne, en Belgique… surgissent de multiples déclinaisons de cette action. On peut raisonnablement penser que le feu couvait, et que l’allumette suédoise a fait le reste !
Et alors ?
Ce qui est beaucoup plus important, c’est d’analyser le mouvement en cours, de prendre conscience que ce que l’on appelait “les générations futures”, commencent à demander des comptes, à stigmatiser nos manques, nos lâchetés, notre peu de conscience devant une évolution que l’on a refusé de voir parce qu’elle remettait en cause nos certitudes et notre confort…
Et c’est là que le grand dérangement se produit et que les invectives pleuvent car derrière Greta, simple symbole d’une génération en colère, se dessine le portrait d’une génération occidentale totalement consumériste, qui a systématiquement refusé de prendre en compte les alertes multiples dont elle a fait l’objet.
Et, bien entendu, au premier plan des responsabilités, les gouvernants qui ont nié la réalité, les décideurs qui n’ont engrangé que profits, les éditorialistes qui ont suivi le pas dans le ronron de leurs affirmations péremptoires ! Libéralisme outrancier et productivisme assumé ont fait le reste…
Difficile de savoir si le phénomène Thunberg aura la trajectoire d’un météore, ou si cela va s’ancrer durablement dans le paysage, et au fond peu importe. Ce qu’il conviendrait de prendre en compte c’est la vitesse avec laquelle le feu a pris dans nos collèges, nos lycées et que plutôt de donner des leçons débiles à une jeunesse inquiète pour son avenir, nos dirigeants seraient bien inspirés de s’atteler résolument aux sujets majeurs que constituent pour cette planète : son réchauffement (les cinq dernières années sont les plus chaudes jamais enregistrées), la perte de la biodiversité, l’effondrement des ressources naturelles, l’érosion côtière et la montée des eaux …
“Plus de temps à perdre, agissez !” C’est juste cela le message de cette gamine, rien de plus ! Et cela ne mérite pas tant d’infamie sauf à comprendre qu’il ne faut jamais déranger l’ordre établi…
Bel article : droit au but.
Ce n’est malheureusement pas qu’en France qu’elle est la cible des réactionnaires.
Mais il restera une image : Greta fusillant Donald du regard, en surimposition fe celle où ce même Donald bombait le torse derrière Hilary Clinton lors d’un débat en 2016…
Geroak erranen…