Le maléfice du doute…

MaléficeduDouteL’été 2018 a charrié avec lui un nombre effroyable d’évènements climatiques majeurs dont la compilation ne pourrait tenir qu’en plusieurs pages.  La litanie de ces catastrophes, encore et toujours qualifiées de “naturelles”, parvient quotidiennement aux oreilles de tout le monde mais par contre au cerveau d’un nombre très limité de personnes. Il faut réagir très vite et mettre en place un processus de résilience pour offrir à notre territoire des conditions plus compatibles de vie dans les années qui viennent. Je ne suis pas certaine que ce discours fasse un triomphe auprès des décideurs, encore empêtrés dans les vieux réflexes du siècle dernier et qui imaginent qu’avec quelques ingénieurs et un groupe du BTP on peut tout régler.

Nous y sommes plongés depuis plusieurs décennies et il n’est pas interdit de penser que nous pourrions nous y prélasser encore quelques temps, refusant de voir que nous avons dépassé ce qui pourrait être un doute raisonnable. L’été 2018 a charrié avec lui un nombre effroyable d’évènements climatiques majeurs dont la compilation ne pourrait tenir qu’en plusieurs pages. Du nord au sud, de l’est à l’ouest de la planète, des phénomènes excessifs ont frappé les populations entrainant des milliers de morts, des centaines de milliers de “déplacés”, des conséquences humaines et matérielles qui sont “extraordinaires” par leur importance, leur quantité et le temps relativement court pendant lequel elles se sont produites ! La litanie de ces catastrophes, encore et toujours qualifiées de “naturelles”, parvient quotidiennement aux oreilles de tout le monde mais par contre au cerveau d’un nombre très limité de personnes.

Il suffit d’entendre le débat local sur la fermeture des plages pour saisir que l’on se refuse à comprendre qu’ici comme ailleurs nous sommes entrés dans une autre dimension. Le 18 juin de cette année, un bassin de stockage de 4000 m3 et de “très haute technologie” était inauguré à Biarritz “pour éviter la fermeture des plages et retenir les eaux contaminées lors d’épisodes orageux”. Résultat des courses, l’été 2018 va sûrement battre un record en matière de plages cadenassées car si on a fait des efforts de dimensionnement des équipements, on n’a pu bien évidemment les concevoir en tenant compte de la pluviométrie tout à fait dingue des mois de cet été. Des voix s’élèvent pour que l’on envisage la construction d’ouvrages supplémentaires. Combien en faudra-t-il, à quelques millions d’euros pièce, pour juguler le phénomène ? Un peu d’humilité ne nuirait pas, il faut s’adapter en renonçant à l’idée que tout peut se régler techniquement.

Il est grand temps d’envisager de consacrer des masses financières conséquentes à d’autres projets que des bassins de rétention qui ne seront jamais en nombre suffisant pour éviter des débordements. Par exemple, en intensifiant les efforts pour lutter contre les îlots de chaleur partout en Pays Basque, en luttant contre l’artificialisation des sols, en verdissant les zones les plus urbaines pour faire baisser la température… Ce serait un meilleur investissement et cela permettrait au plus grand nombre de trouver un certain confort ; ce rafraichissement même relatif conduirait à moins utiliser la climatisation et donc à réaliser des économies non négligeables d’énergie. En parallèle, une politique très volontariste doit aider au développement des énergies renouvelables, à l’isolation des logements, à la mise en place de toits végétalisés qui peuvent permettre de capter plus de 40% à 60% de l’eau qui ruisselle sur leur surface —au passage, plus malin que des infrastructures surdimensionnées !

Il faut réagir et très vite !

Et mettre en place un processus de résilience pour offrir à notre territoire des conditions plus compatibles de vie dans les années qui viennent. Je ne suis pas certaine que ce discours fasse un triomphe auprès des décideurs, encore empêtrés dans les vieux réflexes du siècle dernier et qui imaginent qu’avec quelques ingénieurs et un groupe du BTP on peut tout régler.

Ce confort de pensée est terminé, la réalité exige aujourd’hui beaucoup plus de créativité, basée sur la sobriété et la préservation de la ressource. Mais cette bataille est loin d’être gagnée…

Comme le relève Pierre Hurmic, “on goudronne, on bétonne, on s’étonne !” Une autre problématique ne devrait pas être ignorée : tout ce qui a été mis en place, jusqu’à ce jour, l’a été en tenant compte de la température moyenne de nos contrées. Or l’élévation pérenne de la température peut être à l’origine de grandes désillusions. Dans l’est de la France, particulièrement frappée par la canicule, on a procédé à l’arrosage intensif des rails de tramway pour gagner quelques degrés et éviter que le béton ne se soulève et n’entraîne la dislocation des rails ! Des centrales nucléaires ont été mises à l’arrêt, l’eau des fleuves étant devenue trop chaude pour procéder au refroidissement des réacteurs. Le fleuron de la technologie française montre, enfin, sa dangerosité ! Qu’en sera-t-il des hangars où sont entreposés des produits chimiques, des silos à grains ? On va les arroser ? Les climatiser comme les stades pour un prochain mondial de foot ? Pour l’instant un silence assourdissant répond à ces interrogations…

Le doute n’est plus permis, et cela devrait nous galvaniser pour changer de braquet. Nous sommes en transition, nous n’avons plus le temps de tergiverser, il nous faut regarder en face la réalité ou nous finirons par contribuer à ce qui pourrait être le plus grand drame de l’Humanité.

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2 réflexions sur « Le maléfice du doute… »

  1. D’accord Martine avec vous, mais j’ai envie d’en ajouter.
    Mais pourquoi réagir si tard ? Pourquoi ????????????
    S’affoler quand la maison prend feu alors qu’auparavant dans les années 70 les lanceurs d’alertes ne cessaient de crier que la planète allait vers la catastrophe. Combien de personnes se moquaient des  »écolos » ? Combien ????
    Une chose importante que vous oubliez aussi de dire, c’est le développement dans les villes et campagnes de notre territoire, de l’utilisation des véhicules 4×4, de plus en plus gros et glouton. Franchement quel besoin de rouler avec ces tanks si ce n’est que de polluer toujours plus, c’est d’ailleurs ce qu’apprécient  »les décideurs » de notre vie.
    Oui, faisons ce qu’il faut faire maintenant, pour ne pas regretter plus tard de ne pas l’avoir fait.
    Mais, honnêtement, ceux qui réagissent maintenant alors que jusqu’à présent ils ont laissé faire, ne se moquent-ils pas de nous : militants usés de crier à la mise en place d’alternatives ?
    Les riches ne se soucient guère de ce qui arrive aux pauvres, mais le plus répugnant c’est de voir les gens qui soutiennent les riches et qui font partie eux aussi de la classe ‘d’en-bas ».

    1. Merci de votre réaction et je suis d’accord avec vous. Écolo comme vous dites depuis bien longtemps je ne peux que confirmer que nous avons dû affronter bien des railleries « retour à la bougie, aux cavernes » et j’en passe. Nous sommes toujours dans une forme de déni, plus dans le discours mais dans le passage à l’action ! Un autre modèle de développement est possible et il faut agir maintenant un peu dos au mur vous avez raison mais çà urge ! Cordialement. MB

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