Partant d’un état des lieux accablant au plan écologique, on voit dans les récentes orientations de la Communauté d’agglomération Pays Basque et du Conseil de développement un réveil tardif mais salutaire. Personne ne doit cependant s’exonérer d’une profonde modification de ses propres comportements.
Le 21 novembre dernier, la commission “Transition énergétique” du Conseil de Développement a commencé ses travaux. Un projet territorial stratégique et opérationnel devra en sortir et sera soumis aux élus de l’Agglomération. 10 ambassadeurs représentant les 10 anciennes communautés de communes seront les élus, relais du projet.
Depuis le premier Alternatiba, en 2013 à Bayonne et malgré les engagements demandés par Bizi! aux élus avant les dernières élections municipales, notre territoire, très en retard en matière de diminution de gaz à effet de serre, n’a fait que s’enfoncer vers toujours plus de pollution de l’air, toujours plus d’embouteillages… Ne parlons pas des pistes cyclables inexistantes à l’intérieur du pays Basque. Pas davantage de solutions de chauffage sortant des énergies fossiles dans les bâtiments municipaux, de chaudières à bois local avec connections possibles de maisons ou d’immeubles… Bref, à part Bayonne, qui a équipé un quartier avec une chaudière à bois, peu de réalisations collectives à signaler.
L’heure des bilans approche avec les prochaines élections municipales de 2020. Le résidentiel et le transport sont au coude à coude en matière de gaz à effet de serre avec respectivement 32% et 31% des émissions. La décision récente de l’Agglomération Pays Basque de lutter contre les passoires énergétiques en aidant les foyers les plus modestes à isoler convenablement leurs logements est une excellente nouvelle. Il reste en revanche beaucoup d’efforts à réaliser encore pour que les ménages sortent des systèmes de chauffage à énergies fossiles, tellement pratiques (fuel et gaz en particulier). S’orienter vers d’autres modes de chauffage suppose une prise de conscience, mais aussi des moyens et un accompagnement technique efficace et objectif, autre que celui des commerciaux profitant des opportunités actuelles.
Social et écologique
“On ne peut pas parler de fin du monde à des gens pour qui l’objectif est de parvenir à la fin du mois” disait Jean François Caron, maire de Loos en Gohelle, ancienne commune minière du Pas-de-Calais, lors d’une conférence à Alternatiba. Territoire à énergie positive, cette commune est, selon l’ADEME, “Démonstrateur National de la conduite du changement vers une ville durable”. La municipalité a fait construire “des logements collectifs à énergie passive” avec réduction de la facture d’électricité des ménages de 90%. Ce maire, Vert, régulièrement élu avec d’excellents scores, dans ce fief de l’extrême droite, mène une politique à la fois sociale et écologique dans le respect des habitants, anciens mineurs, aujourd’hui pour beaucoup au chômage. Respect, volonté, pédagogie, accompagnement technique et financier seront nécessaires pour faire évoluer nos comportements en profondeur.
Notre territoire, très en retard
en matière de diminution de gaz à effet de serre,
n’a fait que s’enfoncer
vers toujours plus de pollution de l’air, toujours plus.
Le Pays Basque a des atouts : habitué à relever les défis collectivement, et en lien avec Hegoalde, il lui faudra parvenir à transformer les comportements des ménages. Des propositions intéressantes se font jour, comme Enargia, nouveau fournisseur d’électricité locale et renouvelable.
Pour limiter l’impact des transports de marchandises, EHLG promeut des produits sains issus d’une agriculture respectueuse des hommes et de l’environnement et l’usage de l’eusko favorise le commerce local.
Les initiatives ne manquent pas, mais il faut maintenant généraliser les bonnes pratiques.
Des temps forts comme Alternatiba et ses excellentes conférences ou Lurrama sont autant de moments de prise de conscience pour un large public.
Le projet territorial devra, à partir d’un diagnostic territorial (février 2019), planifier des actions, les mettre en oeuvre, les suivre et contrôler l’ensemble, le tout s’inscrivant dans le PCAET (Plan climat air énergie territorial). Espérons que le Pays Basque, mauvais élève en matière de transition écologique, se hissera au niveau des territoires exemplaires.