Si nous pouvons nous réjouir de voir reculer le PP de 12.68% en 2011 à 8.05% dans les 4 provinces, avec une perte de 63973 voix et un seul élu à la Diputacion forale du Gipuzkoa, il reste la première force en Araba.
Avec 12 élus au parlement foral de Gazteiz, le PP n’a perdu que 4.677 voix passant de 25.95% à 21.98%, malgré la violence inouïe de la Ertzaintza, faisant 70 blessés (en pleine campagne électorale), contre le bouclier humain protégeant les 3 jeunes de Segi poursuivis.
Notons au passage, que le PNB d’Araba a également perdu 1.818 voix passant de 23.72% à 21.62% en partie au profit de EH Bildu (+ 463 voix par rapport à 2011) et de Podemos, 4ème force d’Araba
De même, le cousin navarrais du PP, l’UPN, passe-t-il de 7.96% en 2011 à 6.38% avec une perte de 21.413 voix. La Navarre, connaît, pour la première fois, une percée abertzale et progressiste qui fera perdre la mairie d’Irunea à l’ anti-Basque UPN, si les abertzale, alliés à la gauche radicale, parviennent à s’entendre. Geroa Bai, première force d’opposition avec (15.85% contre 15.41% en 2011 en tant que Nafarroa Bai) devra s’allier à EH Bildu (14.28% contre 13.28% en 2011), Podemos 13.70% et Izquierda/Ezkerra . Exercice difficile mais très intéressant. Il faudra faire preuve d’intelligence politique, de souplesse et de créativité pour s’affirmer comme abertzale et progressiste dans la capitale navarraise.
Dans les trois autres provinces, le PNB sort renforcé, en particulier en Gipuzkoa, fief de la gauche abertzale avec la prise historique de la capitale Donostia ainsi que de villes importantes et symboliques telles qu’Arrasate ou Zarautz.
En tout, EH Bildu perd environ 70.000 voix si l’on compare les résultats de 2015 au total des voix d’Aralar et de Bildu en 2011.
Ces résultats sont d’autant plus surprenants que le PNB ne remet pas en cause le modèle économique et financier qui est à l’origine de la crise économique et sociale à l’origine de tant de souffrances. Fort de son expérience de gestion des affaires publiques, il a certainement rassuré la population.
Quant aux électeurs souhaitant un véritable changement à gauche, ils se sont en partie détournés de EH Bildu pour aller vers Podemos qui totalise 6.78% des voix en Hegoalde et , dans une moindre mesure, Izquierda Unida qui passe de 1.9% à 5.89% des suffrages.
Etre dans l’opposition ou être à la gestion de collectivités publiques, sont deux exercices très différents. D’une part, il faut un certain temps pour apprendre les rouages du pouvoir. D’autre part, il est important de se différencier au plus vite des partis politiques traditionnels, pour marquer les esprits. Si des mesures radicales ne sont pas prises dès le départ (rémunération des élus à la baisse, non cumul des mandats, gestion participative, écoute des mouvements sociaux…), si le fonctionnement interne reste pyramidal, peu à peu, la déception gagne du terrain.
Le fonctionnement des institutions en Hegoalde exige des accords, ce qui est une opération risquée. La routine s’installe avec les compromis habituels avec d’autres partis pour gérer et le message n’est plus aussi clair. Peut- être les électeurs ont-ils eu trop d’attentes par rapport aux représentants élus, ou trop d’impatience?
Le délai de cinq ans est trop bref pour mener des politiques à long terme (engagement réel en faveur du changement climatique, engagement social pour doter toute personne d’un toit…) sans devenir impopulaire.
La même déception pourra ébranler Podemos, porteur de beaucoup d’espoir de changement
Par contre, la Navarre pourra montrer le chemin pour construire un projet euskaldun progressiste et sortir des dissensions stériles entre abertzale, des choix espagnolistes du PNB par opportunisme.
Nous espérons que ces tendances se confirmeront aux prochaines élections au parlement espagnol de décembre et permettront enfin de voir l’Espagne ouvrir une page nouvelle dans le processus de paix au Pays Basque.