Contorsionnistes, les a dénommés Sud Ouest! Etre à la fois dedans, pour travailler à la définition du futur EPCI unique Pays Basque, et dehors pour le démolir en déposant un nouveau recours contentieux en référé auprès du tribunal administratif, c’est bien en effet être contorsionniste. Ces quelques élus n’acceptent décidément pas le verdict démocratique de 70% de conseils municipaux et de la population de ce pays, clairement exprimé par deux fois à six mois d’intervalle.
Déjà renvoyé dans les cordes par le rejet d’un premier recours, voilà que se crée, le 24 juillet dernier, une association citoyenne présidée par le maire de Garris, avec pour porte-parole le maire de Bidart, demandant de suspendre l’arrêté préfectoral du 13 juillet.
Parmi les contestataires, les adjoints de Biarritz et d’Anglet, Guy Lafite et Jean-Pierre Laflaquière, et en doublure, à titre personnel, au cas où ce recours serait rejeté, l’incontournable Barthélémy Aguerre, conseiller régional.
Le 27 septembre, le tribunal administratif devait se prononcer sur cette opération d’enfumage qui voudrait passer pour un combat contre un diktat de l’administration, alors qu’il s’agit simplement d’agresser l’immense majorité des basques dans leur désir de vivre ensemble.
Cela soulève, au-delà de ces relents anti-basques, un sursaut citoyen. Mardi 20 septembre, à l’appel de Batera, un comité d’accueil d’une centaine de personnes, dignes et silencieuses, appelait les membres du Copil (Comité de préfiguration) de l’EPCI à plus de respect dans leur mission de construction de cette institution devant voir le jour le 1er janvier prochain.
C’est ce qui a été obtenu. Les contorsionnistes, contrairement à ce qui était prévu, ne pourront exercer la fonction de référent des commissions spécialisées. La démocratie se construit avec tout le monde, opposants compris, dans le respect de la majorité qui gouverne.
Premier acte politique de l’EPCI.
Voilà le premier acte politique de l’EPCI. Il est chargé de signification. Nous pourrions nous réjouir d’une telle intense vie publique en Pays Basque où à une adhésion massive à la première institution propre à ce pays, s’opposent des personnalités peu sensibles à la démarche engagée il y a deux décennies par le Conseil des élus et le Conseil de développement. Hélas, cet esprit contestataire se limite exclusivement à l’émergence d’une entité basque qui n’est jamais, en l’occurrence, que la déclinaison locale de la loi NOTRe d’août 2015.
Ce n’est pas à l’organisation territoriale de la France que ces gens-là s’en prennent. Non, si leurs critiques sont générales, leur hargne n’est qu’anti-basque.
Que n’a-t-on entendu pourtant sur le découpage des régions, la nôtre de six millions d’habitants égale à l’Autriche, sur leurs représentations peu respectueuses de la démographie, sur leur désharmonies fiscales et combien d’autres graves handicaps?
Tout ceci imposé d’en haut, sans aucune concertation ni délibération de nos assemblées locales, contrairement à l’EPCI. Cependant, pas un seul recours de nos chevaliers blancs de Vasconie.
Bien au contraire, ils se sont tous précipités pour y être élus, parfois même dans la compétition aux meilleures places sur les listes de candidats, au prix de quelques croche-pieds.
Ils ont tous avalé, sans broncher, la sur-représentation des deux autres régions que l’Aquitaine, la trésorerie toxique de cent millions d’euros de Charente-Poitou que nous devrons éponger…
Et que dire du Conseil départemental où chacun a cherché à se placer alors que personne n’a contesté le découpage des cantons et dont les compétences n’étaient même pas connues puisque la loi NOTRe a été votée six mois plus tard.
Cela ne les a pas empêchés de s’y faire élire, et pour l’un de nos contestataires, jusqu’à la présidence. Pourquoi ne pas conclure cette présente contribution au débat sur l’organisation territoriale par une note d’humour? Pourquoi ne pas demander à M. Alzuri, si prompt à défendre la représentation égalitaire au coeur de l’EPCI entre côte et intérieur du Pays Basque, d’ouvrir un recours administratif contre l’Acba, dont il est vice-président, fondé sur la sur-représentativité de Bidart dans cette intercommunalité? Ne faut-il pas trois bayonnais ou biarrots ou angloys contre un seul bidartar pour envoyer un délégué à l’assemblée de l’avenue Foch?
L’avenir peut nous surprendre.