Les élus corses ont été notamment inspirés par le modèle basque et espèrent le développer rapidement.
Le paradoxe des situations veut que les Corses qui sont si avancés sur le terrain politique et institutionnel, aient attendu la rentrée 2021 pour ouvrir leurs deux premières classes d’enseignement en immersion, à Bastia et Biguglia, où 25 enfants ont été scolarisés.
Mais les Corses vont vite.
Les effectifs vont tripler à la rentrée 2022 avec le dédoublement des classes et l’ouverture d’un nouveau site à Sàrrula è Carcupinu.
Le député européen François Alfonsi explique l’origine de ce lancement : “La sensibilisation d’un premier groupe a été faite à l’automne 2020, lors d’un déplacement au Pays Basque que j’avais pu organiser à partir du Parlement européen, avec la présence d’élus de Bastia et de Biguglia, d’enseignants de corse et de militants culturels, certains encore à convaincre. Tous ont été collectivement emballés par le modèle basque et convaincus qu’il fallait faire de même en Corse. La reprise du projet par l’Associu Scola Corsa s’est faite lors de son assemblée générale de janvier 2021, qui a porté Ghjiseppu Turchini à sa présidence, et décidé de s’engager dans une filière éducative semblable pour la Corse, à partir des deux premiers sites candidats de Biguglia et Bastia. En mai 2021, un second voyage d’études en Euskadi a permis d’impliquer les acteurs déclarés des deux premiers sites corses, enseignants, parents d’élèves, avec de nouveaux élus. Et en septembre 2021, le miracle a eu lieu: l’ouverture dans des délais invraisemblablement courts des deux premiers sites, avec quinze enfants à Bastia, et dix à Biguglia, dans des locaux mis à disposition par les deux mairies”.
« Avec l’enseignement en immersion, les courbes d’érosion s’inversent »
Entretien – Ghjiseppu Turchini, président de Scola Corsa
Comment se présente la rentrée ?
À vrai dire, très bien. Les cohortes de nos deux sites pionniers montent d’un niveau en grande section et nous accueillons de nouveaux effectifs d’enfants du premier âge en petite et moyenne section, 20 à Bastia (total 35 enfants) et 15 à Biguglia (total 25 enfants). À Sàrrula è Carcupinu, nous avons eu quelques inquiétudes, mais finalement, grâce à l’engagement du maire, de son équipe municipale et de la Communauté d’agglomération d’Ajaccio, les voilà levées et l’école ouvrira comme prévu dès septembre dans de très bonnes conditions. La douzaine d’élèves attendus portera le total de nos effectifs à plus de 70 enfants. L’an prochain, il nous faudra commencer à mettre en place la classe de cours préparatoire, une étape très importante car elle accueillera la toute première génération à faire l’apprentissage de la lecture et de l’écriture en langue corse. À ce titre, nous avons fondé notre premier organisme de formation professionnelle qui, en collaboration avec l’AFPA, créera un vivier d’enseignants et d’aides maternelles pour les années à venir. À chaque fois il faut soulever des montagnes, parfois on peut se décourager un bref instant, mais, in fine, on y arrive.
À terme, quel est l’objectif souhaité ?
Pour donner un ordre de grandeur, au Pays Basque Nord, dont la population est équivalente à celle de la Corse (300 000 habitants), Seaska dispose de 270 enseignants qui encadrent 4500 élèves. Dans l’île, au bout de 15 ans, quand les enfants de la première année de maternelle de la rentrée scolaire 2021 passeront leur Bac, l’idéal serait de s’approcher de cette configuration. Au Pays Basque Nord toujours, le service public et le confessionnel complètent le dispositif et un enfant sur trois du primaire est désormais scolarisé dans l’immersif. Un exemple à suivre pour tous !
Dans l’île, au bout de 15 ans,
quand les enfants de la première année
de maternelle de la rentrée scolaire 2021 passeront leur Bac,
l’idéal serait de s’approcher de la configuration du Pays Basque Nord.
Comment faire face aux besoins financiers de ce dispositif ?
La clef de l’équilibre économique de la filière est la contractualisation progressive de nos classes par l’Éducation nationale. Cette contractualisation est en place partout dans les cinq autres réseaux de la fédération Eskolim (fédération d’écoles associatives enseignant en immersion linguistique des langues minoritaires de France) et elle assure environ 75 % du budget des structures respectives. La Corse n’en bénéficie pas encore car nous étions dans “l’année 1” de notre existence et seule une classe déjà en activité peut prétendre recevoir le précieux label. La contractualisation ouvre droit à la prise en charge du salaire de l’enseignant et à la sécurisation du financement à travers le forfait scolaire versé par les mairies.
Scola Corsa peut-elle prétendre à cette contractualisation ?
Nos deux premières classes de Bastia et Biguglia peuvent légitimement bénéficier dès cette année de cette contractualisation. L’Assemblée de Corse a délibéré à l’unanimité pour soutenir cette demande. Elle n’a pas encore abouti, mais nous avons bon espoir compte tenu des négociations en cours. Des courriers ont été adressés en ce sens aux ministres de l’Intérieur et de l’Éducation nationale.
Duela bi aste nirekin karrera egin zuen Korsikako lagun batekin mintzatu nintzen. Bera Marselhako korsikar diasporakoa da. Ez da abertzalea, baina aitak utzitako Korsikako etxean bukatu nahi du haren bizitza. Abertzaletasun inkonzientea beraz. Dakidanez frantsesa baino beste hizkuntzarik ez daki, zaila iduritzen zaion italiera ezik. Hala ere korsikera ikasteari ekin dio, baina abandonatu zuela esan zidan, hizkuntza « artifiziala » delakoan. Nik esplikatu nion linguistakari bagagozkio, korsikera deitzen den hizkuntzarik ez dago, eta hizkuntzari baino gehiago uhartetasunari dagokiola Korsikako nazionalimoa,Euskal Herrikoari aitzi. Korsikaren Iparraldeko hizkuntza italiera da eta Hegoaldekoa sardera. Zatiketa horrek hizkuntza batu baten eratzeari kaltegarri zaiola pentsatzen dut. Imersioa hasteko bi hizkuntza horiek korsikarrek kontutan hartuko dutelakoan nago.