Un véritable orchestre symphonique est à l’oeuvre depuis quelques mois, la conjonction de bons résultats des écologistes aux municipales et la réflexion essentialiste générée par la crise sanitaire a déchaîné les lobbies de tous poils ! Et, si les doux rêveurs, les idéalistes naïfs, les catastrophistes patentés, les idiots utiles devenaient tout à coup un vrai danger pour les élections à venir ? Si les maires nouvellement aux commandes finissaient par démontrer que l’on peut faire autrement, par favoriser une économie différente, par détourner de plus en plus de personnes des habituels modes de consommations… c’est bien ennuyeux tout ça !
La riposte ne s’est pas fait attendre, les médias font leur boulot habituel et donnent largement la parole à un tas d’humoristes qui montent au créneau pour décrédibiliser l’ensemble du mouvement écologiste, pour expliquer doctement que l’écologie est forcément “punitive” et qu’elle constitue le principal danger auquel la société aujourd’hui doit faire face !
Ces écolos sont dingos, ils s’attaquent à un sapin qui tous les ans met des étoiles dans les yeux des enfants, ils veulent supprimer Noël, la fête du petit Jésus, mettre à mal cette période d’ultra-consommation comme si nous étions en panne de ressources sur cette planète !
Ces écolos sont dingos ! Ces écolos sont dingos, les voilà qui s’attaquent au plus grand monument du pays après la tour Eiffel et juste avant le château de Versailles, le tour de France à bicyclette… Non mais ça ne va pas ? Cette caravane publicitaire fait la joie de tous les enfants et les quelques déchets qu’elle produit sont ramassés consciencieusement et font le bonheur de nos déchetteries ! Et puis une femme objet sur le podium entre deux lions d’une célèbre banque cela fait partie de nos traditions comme le Ricard et le saucisson!
Ces écolos sont dingos! Faut donc réactualiser rapido les multiples poncifs dont l’écologie fait les frais depuis 50 ans… René Dumont et son verre d’eau en 1974 c’est plus trop glamour… Claude Allègre, et son “le réchauffement climatique c’est des foutaises” c’est un peu dépassé, “Ayatollah de l’écologie” de Dupont-Moretti c’est plus récent mais il s’en est excusé ! Alors que le monde de l’industrie cherchait vainement la bonne blague, celle qui met les rieurs de son côté, qui ridiculise bien la cible, ils ont trouvé dans l’actuel président de la République un allié de choix. L’homme qui nous a fait le coup d’Hulot, de “make our planet great again” pour faire la nique à Trump, qui a inventé la Convention Citoyenne pour le Climat, s’est, dans un contrepied saisissant ou dans un même temps plutôt réussi, transformé en un petit “Allègre” du XXIe siècle ! Dans un discours sur l’innovation, ce truc qui sert principalement à nous vendre des technologies toujours plus performantes et pas toujours rassurantes, Monsieur Macron a cru bon de préciser qu’il ne croyait pas au modèle Amish et pas plus que le modèle Amish pouvait permettre de régler les défis de l’écologie contemporaine… Défendant la 5G, il a une fois de plus stigmatisé ceux qui préfèrent le retour de la lampe à huile, rappelant que la France est le pays des Lumières… (on ne rit pas) Et, voilà tous les “Amish de la Terre” renvoyés à leurs cavernes, à leurs lampes à huile, à leurs indécrottables convictions passéistes, par le seul héritier des Lumières, le seul qui peut “rendre la planète encore plus belle” !
Et, voilà tous les “Amish de la Terre”
renvoyés à leurs cavernes,
à leurs lampes à huile,
à leurs indécrottables convictions passéistes,
par le seul héritier des Lumières,
le seul qui peut “rendre la planète encore plus belle” !
Et puis au moins, lui, il ne ratera pas le sapin de Noël et il tient à faire savoir qu’il aime le populaire Tour de France… Toussa, toussa, c’est quelques points bien positifs pour les prochaines échéances, quand la girouette tourne, l’important est bien de savoir d’où vient le vent non?
Et, pendant ce temps la planète n’en finit pas de se déglinguer, mais il faut absolument éviter de modifier nos comportements et de tenter de remédier à l’affaire !
Le camp le plus réactionnaire et conservateur est à la manoeuvre et contrairement à ce qu’affirme Manu, ce n’est pas celui de l’écologie ! D’énormes intérêts sont en jeu et toute avancée écologiste pourrait mettre à mal un grand pan de l’industrie à risque…
Il faut donc recourir à une désinformation permanente, s’appuyer sur des relais d’opinion et comme l’affirme Stéphane Foucart, journaliste au Monde, “diffuser beaucoup d’éléments de langage, d’argumentaires qui provoquent de la plus grande confusion dans le débat public” !
Eclairés par leur futiles lampes à huile, tous les dingos de l’écologie parviendront-ils à renverser le cours des choses ?
Rien n’est moins sûr !
Après un court instant de lucidité, celui qui devrait conduire ce pays vers demain a éteint toutes les lumières et rejoint la grande cohorte des dirigeants “trumpésiens”.
On pourrait lui conseiller, au Président, la lecture du magnifique bouquin de Rachel Carson (1961), Le printemps silencieux où cette éminente biologiste dénonçait les effets négatifs des pesticides et accusait déjà l’industrie chimique de désinformation. Rachel Carson ou la première des écolos dingos ?