Le mot jacobin est parait-il un des rares mots de la langue française à avoir été adopté tel que dans toutes les langues d’Europe. C’est dire si la réalité institutionnelle française est unique en son genre !
Depuis l’Europe, on peut en mettre en lumière toutes les incohérences. Paul Giacobbi a été attaqué sans ménagement sur un plateau télé alors qu’il défendait becs et ongles le statut de résident adopté par l’Assemblée de Corse. Il lui a fallu faire face à une hostilité générale de la part de ces « habitués du service public », sorte de nomenklatura médiatique régulièrement invitée à se faire entendre sur les ondes de France Télévision.
Je n’étais pas devant mon poste de télé ce soir-là, en raison de la campagne des européennes, mais j’imagine assez le mur de préjugés qu’il a dû affronter de la part de gens qui baignent dans leurs certitudes « républicaines » sans jamais les confronter à la réalité concrète, ni les comparer aux autres approches européennes. La réalité concrète c’est qu’il faut renverser, en Corse à tout le moins, un système qui favorise outrageusement, notamment fiscalement, celui qui acquiert une résidence secondaire au détriment de celui qui cherche à construire sa résidence principale. Et que, pour attester que sa volonté est bien de construire une résidence réellement principale, pour bénéficier alors des facilités, fiscales et autres, que cela supposera quand le statut de résident sera instauré, il faudra démontrer que l’on a fait souche en Corse depuis une durée d’au moins cinq années.
Franchement, où est le problème si ce n’est dans leurs têtes ?
On observe le même comportement autiste sur la question de l’officialité de la langue corse. Là encore une muraille se dresse à Paris pour s’opposer à la volonté de l’Assemblée de Corse, mais dès que l’on sort de l’hexagone, on constate que cette muraille est totalement factice. Par exemple au Royaume Uni, le gallois est langue officielle, tout comme le catalan, le basque et le galicien sont langues officielles en Espagne, en Italie même chose pour le français du Val d’Aoste ou l’autrichien dans le Sud-Tyrol, en Allemagne pour la minorité danoise ou en Belgique pour la minorité germanophone.
A vrai dire, ce qui est incompréhensible pour tous les Européens, c’est la façon dont la France réagit à ces questions. Lorsque le Parlement Européen a adopté le rapport que j’ai présenté sur les langues menacées de disparition, lors d’un débat radiophonique diffusé sur France Inter, un député socialiste espagnol l’a exprimé sans détour : comment est-il possible que la constitution d’un pays démocratique s’oppose à ce qu’une langue soit officielle dans le territoire où elle est en usage ? Au nom de quelle légitimité les dirigeants français censurent-ils le vote émis par l’Assemblée de Corse qui représente le Peuple corse ?
Être présent à Bruxelles permet ainsi de mettre en lumière les incohérences abyssales qui caractérisent le système institutionnel français, ce système étrange que tous les européens ont fini par identifier en reprenant à leur compte, dans leur langue, le mot jacobin.
L’éclairage européen est pour nous très important qui prend en défaut les affirmations auto proclamées du pays « des droits de l’Homme », et pour trouver, à partir de là, un réseau de soutiens dont nous aurons immanquablement besoin, le jour venu, pour renverser le rapport de forces en notre faveur.
Le 25 mai, en votant très nombreux pour Régions et Peuples Solidaires, les Corses pourront créer les conditions pour qu’un député européen corse soit réélu au Parlement Européen, et continue le travail indispensable pour y mettre en difficulté le système français. Faire le plein des voix en Corse est la condition première pour réussir ce pari.