Des perspectives climatiques mondiales…
Les scientifiques nous décrivent de manière détaillée et chiffrée les réductions d’émissions de gaz à effet de serre indispensables si l’on veut contenir le réchauffement planétaire en dessous de +2°C voire de +1,5°, et ce depuis le 4ème rapport du GIEC en 2007. 2007 ! 13 ans d’absence de politiques structurelles pour garder une chance de ne pas franchir des seuils d’impact majeur pour l’humanité ! Or, moins on agit à temps, et plus les efforts à fournir pour contenir le bouleversement du climat sont importants dans la décennie suivante.
Après 13 ans d’action insuffisante à ce niveau, pour maintenir le réchauffement à 1,5°C, il faudrait désormais réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 7,6 % par an ! Et pour le maintenir à 2°C, les réduire de 2,7 % par an dans la prochaine décennie, alors qu’elles ont augmenté de 1,5 % par an en moyenne dans la décennie actuelle. Nous avons perdu 13 ans à ne rien faire et dans quelle situation sommes nous aujourd’hui de ce fait ? La teneur en CO2 dans l’atmosphère est comparable à celle qu’il y avait il y 4 millions d’années. Cela produisait alors une planète avec un niveau de la mer supérieur de 10 à 20 mètres au niveau actuel !
Le tableau ci-dessous résume à lui seul la situation dans laquelle nous sommes :
La trajectoire rouge est la courbe actuelle des émissions mondiales de gaz à effet de serre si nous continuons à ne rien faire, ou quasiment rien. Les 2 trajectoires vertes sont celles correspondant à une situation où TOUS les États du monde voudraient respecter COMPLÈTEMENT leurs engagements de réduction de gaz à effet de serre pris en 2015, dans la perspective de la COP21 et de l’Accord de Paris. Dans ce cas là, la température moyenne de la planète actuelle augmenterait quand même de +3,2°C d’ici 2100 ! On voit que les engagements pris dans le cadre de la COP21 et les modèles actuels de transition écologique sont nettement insuffisants pour éviter le pire.
Le tracé en pointillé et bleu foncé est la trajectoire de réduction nécessaire pour rester en dessous de +2°C. Celui qui est bleu clair est la trajectoire de réduction nécessaire pour rester en dessous de +1,5°C.
Il faudrait en fait tripler le niveau des engagements de 2015 pour ne pas dépasser les + 2°C. Il faudrait les multiplier par 5 pour rester en dessous de +1,5°C !
….aux municipales 2020 en Pays Basque
On entend ici et là des listes se présentant aux municipales de mars 2020 qu’elles ne signeront pas le Pacte de métamorphose écologique de Bizi parce qu’elles le trouvent maximaliste. « Ils en demandent trop, ils veulent tout changer et tout de suite ».
Certaines ne donnent même pas d’explications et ne comptent prendre aucune mesure forte au niveau écologie et climat. Cynisme ? Ignorance du problème ? Elles contribueront à la trajectoire rouge, en continuant à fonctionner comme dans le passé, ou presque, comme des petits Trump ou Bolsonaro locaux.
D’autres listes préfèrent reprendre à leur compte des démarches et engagements moins exigeants, dans lesquels on peut piocher des mesures, ou mesurettes, à la carte. Elles feront « des choses » pour l’environnement, parfois une ou deux initiatives fortes dans tel ou tel domaine. Elles se situent dans la logique générale actuelle, celle qui nous mènent à un monde à +3,2°C, soit un monde au climat déstabilisé, aux migrations et pénuries massives, livré au chaos et à la guerre : la fameuse « étuve » que les petits pas ne suffiront pas à empêcher.
Ceux qui signent le Pacte de métamorphose écologique proposé par Bizi, et comptent le respecter, ne s’engagent pas sur une démarche maximaliste. Ils ne s’inscrivent même pas dans la trajectoire bleue clair, celle qui seraient cohérente avec une volonté générale de contenir le réchauffement en dessous de + 1,5°C (*). Ils signent juste ainsi leur volonté de contribuer à un monde essayant de rester en dessous du seuil de +2°C, seuil proclamé comme objectif essentiel par la communauté scientifique et par tous les États du monde en 2015.
Se regarder dans un miroir
Je n’ai aucune leçon à donner à personne. Personnellement, je suis guidé dans mon militantisme quotidien par une motivation bien particulière. Celle de pouvoir me regarder sans honte dans un miroir d’ici une quinzaine d’années, quand divers seuils irréversibles en matière climatique auront été franchis ou non, du fait du niveau d’action que chaque région du monde, que chaque territoire de ces régions, que chaque commune de ces territoires, que chaque responsable, militant.e, citoyen.ne de ces communes aura pu enclencher ou non dans les quelques années qui viennent. Chacune et chacun fera alors son propre examen de conscience.
D’ici là, les élus seront soumis à des interpellations citoyennes bien plus fortes que par le passé, du fait de la prise de conscience et de la mobilisation citoyenne grandissantes. Les choses ne sont plus comme avant. Celles et ceux qui ne font rien, ou pas assez, seront de plus en plus tenus responsables, par les générations actuelles et celles qui viennent, des catastrophes climatiques qui vont se multiplier ou des victimes de l’absence de politiques d’accompagnement des évolutions actuelles.
Pour ne prendre qu’un seul exemple, de plus en plus de citoyens se déplacent de manière volontariste en vélo, voire amènent ainsi leurs enfants à l’école, malgré le manque cruel d’aménagements cyclables sécurisés. Ils prennent de tels risques pour ne pas contribuer à la déstabilisation du climat et à l’enfer que celle ci prépare sur terre. L’opinion publique de demain tiendra bien évidemment responsables les élus des accidents, voir des drames, qu’une absence de politiques cyclables engendrera inévitablement. A tous les niveaux, l’action nécessaire en matière de climat et d’écologie est complexe et coûteuse à mettre en œuvre. Mais il est certain que l’inaction dans ces domaines coûtera beaucoup, beaucoup plus cher, humainement, économiquement et politiquement.
(*) Pour cela, il faudrait des programmes en phase avec le rapport « Comment s’aligner avec une trajectoire compatible avec les 1,5°C ? » du cabinet d’études B&L Evolution, consultable en ligne : http://www.bl-evolution.com/Docs/181208_BLevolution_Etude-Trajectoire-rapport-special-GIEC-V1.pdf On voit là une ampleur et une rapidité des mesures à prendre qui dépassent largement celles du Pacte porté par Bizi.