Les presos c’est maintenant !

Luhuso“Maintenant les prisonniers!” Ce mot d’ordre lancé par les artisans de la paix après le désarmement devrait sceller avec la manifestion du 9 décembre à Paris un nouveau point d’inflexion dans le processus de résolution du conflit en Pays Basque. Voici les enjeux du rassemblement parisien.

La première étape est donc gagnable,
et nous devons la gagner maintenant.
Pour ce faire, une mobilisation massive et historique
le 9 décembre est indispensable.

L’adhésion massive des élus à la délibération de l’assemblée plénière de la Communauté Pays Basque (adoptée le 23 septembre dernier) appelant à la manifestation du 9 décembre met à nouveau en exergue le large consensus qui existe en Iparralde en faveur d’un réglement global du conflit en Pays Basque.

Cette déclaration stipule que “la prise en compte de la situation des prisonniers et des souffrances de toutes les victimes est un préalable” et souligne que “les mesures urgentes s’inscrivent dans le règlement global et définitif du dossier des presos”.

Comment envisager ce “règlement définitif” du problème des presos ?

La déclaration de Bayonne élaborée par des représentants politiques de toutes sensibilités promoteurs d’Aiete en propose une feuille de route sous la forme d’un processus séquentiel : d’abord l’application du droit actuel et du respect des droits de l’Homme, ensuite des mesures nécessitant un cadre juridique nouveau, et puis à terme, l’élaboration d’une loi d’amnistie.

Point d’inflexion

Le pari que nous faisons est que ce processus soit un processus dynamique, c’est-à-dire que le franchissement d’une étape crée les conditions politiques pour arracher la suivante. A cet égard, la manifestation du 9 décembre à Paris se veut être un point d’inflexion sur la question des presos, à l’image de ce qu’a été l’initiative de Louhossoa pour le désarmement : un acte qui “renverse la table” et débloque la situation.

Récemment, la mise en place d’un espace de travail entre des représentants d’Iparralde et le ministère de la justice a été rendue publique.

La première étape est donc gagnable, et nous devons la gagner maintenant. Pour ce faire, une mobilisation massive et historique le 9 décembre est indispensable.

Une telle mobilisation aura en même temps pour vertu de faire la pédagogie auprès de l’opinion publique française de l’existence de ce conflit, et de la formidable détermination de notre société à le dépasser.

Car qui connaît en France l’existence du conflit basque et de son processus de résolution ? Qui sait que, du fait de ses caractéristiques spécifiques, il fait l’objet d’un suivi dans les cercles (trop restreints) des experts internationaux en résolution de conflits ?

Pour exemple, en Colombie la veille de la signature de l’accord de paix du 26 septembre 2016, les deux négociateurs des FARC (Rodrigo Londoño Echeverri alias Timochenko, et Luciano Marín Arango alias Iván Márquez) se faisaient prendre en photo entourés de deux dirigeants de Sortu, Rufi Etxeberria et Urko Aiartza.

Ainsi, le prix Nobel de la paix 2016, le président colombien J. M. Santos, s’est déclaré à plusieurs reprises disposé à contribuer au processus de paix en Pays Basque.

De même, la présence lors de la journée du désarmement du 8 avril d’un membre du Vatican, l’archevêque Matteo Zuppi, a octroyé un écho international à une modalité de désarmement unique au regard des processus de paix à travers le monde : un désarmement unilatéral, rendu possible grâce à la mobilisation de la société civile.

Et c’est précisément ces caractéristiques du processus de résolution du conflit basque qui cristallisent les enjeux du déblocage de la situation recherché avec la manifestation du 9 décembre. Et ce, en particulier au regard des jeunes générations. Car, on ne le répétera jamais assez, si nous n’arrivons pas à débloquer la question des presos, l’enseignement que risque d’en tirer une partie des jeunes générations abertzale dans le futur, sera que, face à des Etats cyniques, le pari de leurs aînés d’un processus de paix unilatéral, dynamique dans le temps, et basé sur la mobilisation populaire aura été une erreur. En un mot : après le désarmement, les presos c’est maintenant, pour que demain, comme le disait Bobby Sands, notre victoire soit le sourire de nos enfants.

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