24 mars 2016 ! Ce fut la date retenue par le Maire de Bayonne pour que le Conseil municipal de Bayonne se prononce sur un EPCI unique pour le Pays Basque. Trois heures de débats nourris ont précédé le vote qui, sans surprise, a donné un score confortable des 2/3 à la proposition du préfet des Pyrénées-Atlantiques. Bayonne rejoignait donc les trois premières communes —Hendaye, St-Pée, St-Pierre-d’Irube— dans un avis favorable, elles, à l’unanimité, à la création d’une Communauté d’agglomération pour le Pays Basque. Comment ne pas ressentir à ce moment une véritable émotion ? De façon sereine et réfléchie la plus grande ville du territoire disait son désir d’un Pays Basque rassemblé, plus efficace et plus fort mieux à même d’affronter les défis qui nous attendent.
La dynamique est lancée. Dans les semaines qui viennent nombre de collègues accompliront le même pas que nous et c’est avec confiance que nous pouvons imaginer parvenir pour la première fois de son histoire, à la reconnaissance institutionnelle et juridique du Pays Basque !
Le chemin ne fut pas aisé… parsemé d’embûches à chaque fois le moindre espoir fut douché et il faudra revisiter un jour l’attitude constante de ceux que l’on nomme parfois les “grands élus de la côte”.
De 1982 où invités par Gaston Deferre à donner leur avis ils mirent sans barguigner un terme à l’espoir d’un département pour le Pays Basque, à 2016 où nous vivons des attaques outrancières destinées à distiller la peur. Cette fois doit être la bonne, une telle occasion ne se représentera pas !
Alors bien sûr ce 24 mars, les voix bayonnaises n’étaient pas à l’unisson et nous avons pu entendre les arguments maintes fois ressassés ces derniers temps. J’aimerais parfois croire à une réelle sincérité, mais quand j’entends parler “d’état basque” en devenir, je me dis qu’à l’aune d’une communauté d’agglomération le débat dérape sérieusement !
Derrière des arguties techniques, sans grand fondement à ce jour, ne se cacherait-il pas des raisons plus profondes mais moins avouables ?
L’idée d’un Pays Basque uni même au sein d’une institution des plus républicaines, d’un outil banal de droit commun ne serait-elle pas insupportable tout simplement ?
Et c’est sans doute là que se nouent les incompréhensions et les impasses de ce débat qui en ne s’élevant jamais donne un drôle de spectacle. La donne en est faussée puisque le problème de fond n’est jamais abordé sauf par quelques débordements maladroits et mal maîtrisés.
Ce 24 mars, celui qui a patiemment attendu afin d’être le dernier intervenant de la soirée, n’a pas dit autre chose même si le propos était plus policé. Le premier des socialistes qui en novembre avait dit oui avec la tête mais déjà non avec le coeur, a mis cette fois son vote en accord avec ses idées. Je doute fort que cela soit induit par la crainte que telle entreprise de l’intérieur doive contribuer au versement transport ou encore par le refus que sa Ville devienne capitale de ce territoire. Ni même, comme il a osé l’exprimer, par l’horreur d’une assemblée trop patriarcale. Plus simplement cela repose sur l’idée qu’une existence juridique du Pays Basque, aussi modeste soit-elle, n’est tout simplement pas acceptable.
Ce débat-là n’a pas eu lieu, et les choses non exprimées finissent par tendre les relations et l’ambiance devient parfois délétère.
Nous le mesurons dans l’agglomération actuelle où nous avons connu un mercredi des plus noirs, un moment que l’on souhaiterait pouvoir effacer. Un jour, cette histoire s’écrira, cette séquence quelle qu’en soit l’issue deviendra une page de notre destin commun et l’attitude de l’ensemble des acteurs finira bien par être analysée.
Nous n’en sommes pas là.
Nous sommes dans l’attente de la décision de multiples conseils municipaux, de toutes tailles, du Labourd à la Soule en passant par la Basse Navarre. De leur souveraine décision dépend largement notre avenir : construire une collectivité pertinente à l’échelle d’un territoire vécu et qui fait sens, aborder en confiance les défis des temps présents, devenir un acteur majeur de l’immense région.
Cela sera ou ne sera pas mais la réponse est entre nos mains et ce 24 mars, au moment de prendre part au vote, comme beaucoup de mes collègues j’ai ressenti l’importance de l’instant.
Maillon au milieu de 157 autres, nous faisons partie de ceux et celles qui peuvent influencer le devenir de ce territoire.
L’occasion nous est donnée de faire qu’avant la fin de ce mois de mai : le Pays Basque puisse devenir enfin un objet politique bien identifié.
Aintzina !