Sans la Catalogne et le Pays Basque, l’Espagne serait aujourd’hui gouvernée par la droite dure et l’extrême-droite. Retour sur quelques faits marquants relevés lors des dernières élections législatives dans l’État espagnol, et en Pays Basque sud.
J’ai suivi de près, et avec beaucoup d’inquiétudes, la soirée électorale du 23 juillet dernier, celle des législatives dans l’État espagnol. En effet, les sondages rendaient envisageable la perspective de l’arrivée au pouvoir d’une coalition composée par la droite post-franquiste du PP(1) et l’extrême- droite de Vox. Finalement, les résultats ont plutôt récompensé à nouveau l’habileté tactique de Pedro Sanchez, le premier ministre PSOE en poste. En avançant ces élections législatives juste après la victoire préoccupante du PP et de Vox aux élections municipales et autonomiques de mai, Sanchez jouait la carte « Au secours, la droite dure revient ! ». Ce faisant, il espérait polariser le scrutin pour mobiliser le vote utile en aspirant une partie des électorats de type Podemos ou nations périphériques (Catalans, Basques…), et des abstentionnistes de gauche. Grâce à lui, le PSOE s’en tire bien, évite la débâcle annoncée et gagne même un siège par rapport aux législatives de 2019. Il devrait réussir à continuer à gouverner grâce à Sumar (version light de Podemos) et aux parlementaires basques et catalans notamment.
Pour autant, la lente et inquiétante montée du bloc PP + Vox se poursuit sur la majeure partie de l’État espagnol. Le PP, qui sort d’une grave crise interne, dépasse pourtant les 8 millions de voix et passe de 20,99 % en 2019 à 33,05 %. Vox perd 19 sièges mais seulement 624 000 voix et cela dans un contexte de forte polarisation poussant au vote utile(2). Le bloc PP + Vox représente plus de 11 millions de voix et 45,44 % des suffrages exprimés, un des plus hauts niveaux obtenus par la droite dure depuis le franquisme.
Ça bouge au Pays Basque sud
La soirée électorale a donc été plutôt rassurante car se terminant sur une impossibilité, à quelques députés près, pour le bloc PP + Vox et ses rares alliés potentiels d’obtenir une majorité parlementaire. En plus de ça, ce scrutin a connu deux résultats historiques, dont il faudra être attentifs aux changements qu’ils peuvent ou non préfigurer pour la décennie à venir.
L’UPN, premier parti en Navarre lors de toutes les élections législatives depuis 1989, est le grand perdant de cette soirée. N’obtenant qu’un seul député sur les cinq en jeu dans cette communauté autonome, il est relégué à la quatrième place alors qu’EH Bildu décroche la deuxième.
EH Bildu devient la première force abertzale du Pays Basque sud avec 333.362 voix, retrouvant le niveau historique atteint par Amaiur en 2011. Et surtout, la coalition de la gauche abertzale talonne désormais le PNV dans la Communauté autonome basque, n’étant plus qu’à 1.100 voix de lui (en 2019, le PNV y devançait EH Bildu de 158.000 voix !). Cela vient confirmer les évolutions observées lors des municipales et autonomiques de mai dernier. Cette montée d’EH Bildu est homogène sur les quatre provinces du sud et les résultats des élections sénatoriales le traduisent d’ailleurs plus crûment. Le PNV passe de 9 à 5 sénateurs pendant qu’EH Bildu monte de 2 à 5.
Le PNV à la peine
Pour la première fois, le PNV semble souffrir sérieusement d’une certaine usure du pouvoir, et sa « guerre du récit » contre EH Bildu semble vaine. Les abertzale ont plus le regard tourné vers l’avenir que le passé et demander des comptes à EH Bildu sur les décennies de lutte armée ne semble pas être payant en termes électoraux. EH Bildu qui recentre sa ligne pour attirer une partie de l’électorat du PNV réussit beaucoup mieux à ce niveau. Autre grosse erreur tactique surprenante chez une machine électorale aussi bien huilée que le PNV, sa gestion de l’enjeu « vote utile » qui transcendait ce scrutin. EH Bildu l’a compris d’entrée de jeu. En se présentant comme barrage antifasciste, en assurant que ses parlementaires feraient tout pour empêcher une majorité PP au parlement, elle a contenu ses électeurs qui auraient pu être tentés par le vote utile en faveur du PSOE et elle a sûrement gagné des électeurs PNV désarçonnés par l’attitude de leur parti. En effet, ce dernier n’a pas exclu de pouvoir s’allier avec le PP, alors même que sa base sociale avait tout à craindre d’un retour de la droite dure au pouvoir central. L’hégémonie historique du PNV sur la base abertzale du Pays Basque sud sort plus fragilisée que jamais de cette séquence municipales / législatives.
Dynamiques identitaires, progressistes ou réactionnaires ?
Une des photographies les plus marquantes de cette soirée électorale est la carte politique actuelle de l’État espagnol qu’elle dessine. Sans la Catalogne et le Pays Basque, la droite dure et l’extrême droite auraient la majorité absolue en Espagne. Première force politique dans l’État espagnol avec 33,05 % des voix, le PP n’est que la troisième en Catalogne avec 13,34 % et la quatrième sur l’ensemble du Pays Basque sud avec 12 % des voix. Vox qui est la troisième force électorale dans l’État espagnol avec 12,39 % des voix n’en recueille que 2,61 % dans la Communauté autonome basque. La question est posée : qu’est-ce qui amène l’État espagnol à se droitiser de plus en plus, et qu’est-ce qui fait que la Catalogne et le Pays Basque évoluent globalement à gauche ? Les raisons doivent être complexes et multiples mais en tout cas ce constat vient opposer un démenti frontal à tous ceux qui proclament que les dynamiques identitaires seraient intrinsèquement réactionnaires. Dans le cas de la Catalogne et du Pays Basque, on voit qu’au contraire, ces dynamiques orientent leurs sociétés respectives dans une perspective clairement progressiste.
(1) Comme le rappelle Arnaldo Otegi à Mediapart en parlant du PP « nous savons parfaitement qui ils sont, nous savons que sept fondateurs de ce parti ont été ministres de Franco ».
(2) Ces résultats honorables ont été vécus comme un échec par certains membres de Vox, un parti encore jeune qui affronte depuis cet été une véritable crise interne.
Mais non faut pas avoir peur , Vox est plus un probléme pour le PP que pour nous . Vox a penser que le pouvoir été dans ses mains , et a fait une campagnes électorale en roue libre . Grosse erreur , quand on arrive au porte du pouvoir il faut se contraindre , se responsabiliser , rassurer . Mais non il on jouer la carte de l extreme droite bète et méchante , il ont fait peur a une partie de leur électorats et surtout sur-mobiliser le camps adverse dans lequelle il y avait beaucoup de déçu de Sanchez et de Podemos pour des raisons de difficulté économique . Leur affiche géante au coeur de Madrid , dans lequelle on pouvait voir des sigles de LGBT , Féministe , EHBildu , Okupas , jeté dans une poubelle , montrer clairement leur intention . Bon les abertzale ont l habitude , le Basque est responsable de la pauvreté , de l exode rural , du sous investissement de l España vaciada et de l Andalousie , c est bien connue !!!. Nous sommes leur ennemies intérieurs , et pour unir un pays il en faut forcément un . Mais s attaqué au LGBT et au Féministe , c est plus dangereux en terme éléctorale , Parce qu il y a des homosexuels ( assumé ou pas , gays ou bi ) dans toute les familles , et aussi bien de gauche ou de droite , pauvre ou riche , ouvrié ou patron et bizarrement beaucoup a l extréme droite . Et quand un membre de la familles est attaqué , le reste fait bloc contre l agrésseur ! Pareil pour le féminisme , beaucoup de femmes sont conservatrices dans leur façon de penser , mais ne veulent pas étre enchainés dans une cuisine . Marine Le Pen a trés bien compris tous cela !
Un peu de musique
Youtube : KAKTOV – KONGO (Shot by BALLVE)
: KAKTOV x MUEREJOVEN – ALLSTARS (Prod. by Omar Varela & XLAB)
: OMAR VARELA x KAKTOV – SPEEDY (Videoclip Oficial)