Mediapart, dans son rôle de révélateur de scandales de la vie publique, interviewe le 7 décembre le commissaire de police de Bilbao, Amedo Fouce. Confirmation des complicités rémunérées de flics français dans les assassinats du GAL. Il y a 30 ans …
“Il y avait des opérations que l’on organisait d’un jour à l’autre, et cela précisément grâce à la participation de fonctionnaires français, qui rendaient les GAL beaucoup plus opérationnels.” Ainsi s’exprime l’ex-commissaire Jose Amedo Fouce face au journaliste de Mediapart qui l’interviewe le 7 décembre dernier. 30 ans après l’épisode de terrorisme d’État contre le peuple basque le plus intensif et le plus violent (27 morts, 30 blessés, une quarantaine d’attentats entre 1983 et1987) l’un de ses acteurs les plus connus, policier espagnol condamné à 108 ans de prison (peine réduite à 12 ans), publie un livre, Cal viva, dans lequel il revient sur les raisons de cette stratégie, ses objectifs politiques, son organisation et raconte par le menu les responsabilités de chacun. Il rappelle notamment la participation active de policiers français exempte à ce jour de toute investigation judiciaire aboutie comme celles menées dans l’État espagnol.
Mais la première question qu’on peut se poser est celle du crédit à apporter au triste personnage en question. Quel est son intérêt dans l’histoire ? Il est connu pour avoir souvent monnayé ses interviews et il est fort probable que cette fois encore il essaye de tirer une rente auprès d’une certaine presse espagnole peu regardante sur la déontologie et toujours avide de sensationnalisme. Sur le fond, le personnage paraît crédible car constant depuis le début dans ses déclarations qui ont été corroborées par celles d’autres personnes ainsi que de nombreuses preuves.
Le sanctuaire français
A Mediapart comme à d’autres médias, Amedo rappelle qu’avec le GAL, “l’objectif était de semer la peur et l’instabilité dans le sud de la France.” Et ceci afin de forcer le gouvernement socialiste à collaborer dans la lutte contre ETA et en finir avec “le sanctuaire français”. Dans cette optique il reconnaît que si les réfugiés, membres présumés de l’organisation sont la cible principale, les responsables politiques du GAL apprécient rapidement l’intérêt des victimes collatérales dans une optique de déstabilisation du Pays Basque Nord et de pression sur les autorités politique.
Amedo évoque des projets sanglants non menés à bien. De quoi jeter un nouveau regard sur plusieurs attentats, notamment celui contre Jean Pierre Leiba, les frères Olaskoaga, les assassinats du trinquet Txiki, la mort de Christophe Matxikote et Catherine Brion et bien d’autres aux conséquences moins dramatiques. Du pur terrorisme. Et ça marche, car la classe politique désigne rapidement les réfugiés comme LE problème. Les conditions politiques pour les déportations, les extraditions puis les expulsions en urgence absolue se mettent en place. Les réfugié-e-s sont contraint-e-s à la clandestinité. Amedo tire d’ailleurs un bilan tactique satisfaisant du GAL même si les conséquences politiques pour le PSOE seront dévastatrices.
Participation décisive
Amedo souligne ensuite que la participation des fonctionnaires de police français est décisive pour passer à l’action. Participation motivée par l’appât du gain et largement rétribuée sur les fonds secrets espagnols. Autant pour recueillir des informations sur les cibles potentielles, recruter des truands français pouvant agir plus aisément en Pays Basque Nord, qu’identifier sur le terrain les personnes à abattre. Elément nouveau, Amedo parle d’informateurs au plus haut niveau qui les tiennent au courant des investigations en cours et leur évitent une arrestation sur le territoire français. Il confirme les noms des policiers Metge et Castets ainsi que Pierre Hassen, membre de la PAF (mis en examen en 2002, il bénéficiera d’un non-lieu en 2006) dénoncé jusqu’alors par le policier espagnol Lopez Carrilo. Il précise le rôle des “tueuses blondes” et publie la photo de l’artificier du groupe à ce jour non identifié.
Mais les révélations les plus intéressantes concerne “Jean-Louis”, personnage clé à partir de 1985, “le plus opérationnel des Français qui ont agi avec nous”. Amedo confirme la thèse de l’assassinat de Metge, menacé d’arrestation, par ce dernier. Mais surtout il valide une intuition du mouvement abertzale à l’époque. Profitant de l’aubaine, le policier français demande (et les Espagnols valident) l’organisation d’un attentat visant Iparretarrak (bombe sous la voiture de Xabier Manterola 1er février 1985). Dans un État de droit pourtant peu menacé, la facilité du basculement vers des méthodes expéditives est déconcertante.
Peut-on espérer voir un jour les responsabilités françaises éclaircies et établies ? Outre la difficulté de réunir des preuves 30 ans après, l’époque a changé et le scandale potentiel n’en est plus un, alors que les exécutions extra-judiciaires sont couramment pratiquées et assumées par des États dits démocratiques contre des groupes ou individus désignés comme terroristes.
Un énième article sans le moindre repentir du côté abertzale.
Le terrorisme d’état, est scandaleux, les centaines de crimes d »ETA le sont tout autant.
IL FAUT LE DIRE ET L’AFFIRMER DANS CHACUNE DE VOS INTERVENTIONS.
Injustifiés, inutiles, ils ont permis à la droite la plus réactionnaire d’Europe de se donner des airs de défenseurs de l’état de droit. Le blocage actuel de processus de normalisation, avec la libération de la plupart des preso vient de là.
Ils ne sont pas prêts les néo franquistes de lâcher la belle tunique blanche que les crimes répétés d’ ETA lui ont façonnée.
Le choix de la guerrre par ETA a été un désastre.
POURQUOI NE PAS LE DIRE HAUT ET FORT?
AG