ENBATAk 60 urte
Si l’attachement à la langue basque est aujourd’hui largement majoritaire dans la population du Pays Basque Nord, si on trouve dans presque toutes les familles politiques des soutiens aux politiques linguistiques en faveur de l’euskara, s’il existe des outils institutionnels, des élus et des personnels pour définir et mener ces politiques, c’est le fruit de plusieurs décennies de combats et cela doit énormément au mouvement abertzale. Projet politique abertzale et défense de l’euskara sont en effet indissociables.
Le sort fait à l’euskara par les États français et espagnols a été un des moteurs de la prise de conscience d’une oppression culturelle, linguistique, rapidement théorisée comme oppression nationale, ayant servi de base à la formulation de la revendication d’un Pays basque réunifié et souverain.
Si la nation est un “fait de conscience socialement organisé”, au Pays basque comme ailleurs, elle s’incarne dans une réalité ethno-culturelle spécifique.
Le combat pour le maintien et le re-développement de la langue basque est donc au coeur de la stratégie abertzale. Preuve en est qu’aujourd’hui encore, seul le mouvement abertzale donne à l’euskara un place autre que symbolique dans sa communication politique ou son fonctionnement.
A l’inverse, l’émergence de la revendication abertzale au début des années 60 en Iparralde a donné une dimension politique et une force incontestable au combat culturel et linguistique.
Si ce dernier a pu, dans une certaine mesure en pâtir, par l’équivalence : “défenseur de la langue basque=Enbata zikina=partisan de la violence politique”, cela lui a surtout apporté une puissante dynamique populaire et une détermination sur le long terme, indispensables pour vaincre les résistances et les obstacles, poser des revendications tactiques et gagner des batailles.
Dans un État comme la République française où la langue basque était combattue, méprisée, la culture folklorisée et la revendication d’une spécificité nationale criminalisée, la défense conséquente de l’euskara ne pouvait résulter que de l’affirmation nationale basque.
La comparaison avec d’autres territoires est éclairante à ce sujet. Dans une situation où cette Utopie abertzale était extrêmement minoritaire socialement et très faible politiquement, c’est sur ce terrain que va s’expérimenter et se développer la culture du “faire” sans attendre demain. Des mouvements pour la défense de la langue basque vont se structurer puis se fédérer, des outils pour sa sauvegarde vont être crées. Puis d’innombrables luttes se mèneront pour obtenir des moyens financiers publics permettant de les rendre pérennes, pour leur reconnaissance officielle et leur plein développement dans la société et enfin, dernière étape, le combat se centrera autour et en faveur de politiques linguistiques publiques.
La défense de l’euskara est aussi le terrain où ont été et sont mobilisées le plus de forces militantes, collectés les plus de dons populaires, crée le plus de dynamiques sociales.
En retour ce combat donnera au mouvement abertzale une large assise, une base de masse qui finira par se traduire sur le terrain politique et électoral.