La Communauté d’agglomération Pays Basque vient de jeter les bases d’une politique linguistique ambitieuse en essayant de profiter des aspérités du cadre légal français. La reconnaissance de l’euskara et du gascon-occitan est une première qui ouvre la porte à une intention volontaire.
Puisqu’il s’agit de langue, jouons avec les mots. C’est en tout cas le parti-pris de la Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB) qui, lors du conseil communautaire du 23 juin dernier, a voté à une large majorité pour la reconnaissance officielle des langues basque et gasconne.
Une astuce qui aura échappé à quelques chroniqueurs : la reconnaissance est officielle, la langue non. Et comment aurait-elle pu l’être, face à l’article 2 de la Constitution française qui contraint la République au monolinguisme ?
Pour autant, ce jeu avec les mots n’est pas destiné à berner les défenseurs de l’euskara mais bien à avancer les pions vers une meilleure reconnaissance et un meilleur usage.
Et si le cidre est déjà tiré, autant trinquer, qui plus est avec les associations de défense de l’euskara, pourtant peu habituées à se réjouir, qui ont salué cette avancée et la politique linguistique qui l’accompagne.
Car oui, pour la première fois, —avec l’évidence— le Pays Basque reconnaît officiellement la langue basque. Et dans le même élan, le gascon- occitan, une première dans l’Hexagone, alors même que l’occitan court sur 30 départements. Et qu’enfin, le président de la Communauté Pays Basque, Jean-René Etchegaray, a clairement précisé qu’il s’agissait d’un premier pas et que l’objectif recherché était la co-officialité de ces langues aux côtés du français.
Au bout des possibilités
Malgré la finesse, la décision est historique et l’avancée importante. La CAPB est allée au bout des possibilités permises par la loi et anticipe aussi la prochaine étape. Les termes de cette délibération ont été discutés, à la virgule près, avec le préfet des Pyrénées-Atlantiques et soupesés par des experts en droit, inspirés par les modèles breton et catalan et par le contre-exemple corse de co-officialité, retoqué par la loi française.
Dans cette posture volontariste, une nouvelle voie a été ouverte par la CAPB, celle de l’expérimentation, qui peut permettre de “faire évoluer le cadre légal dans le but d’aller plus loin dans le développement de la langue basque et de faire reconnaître la co-officialité de la langue basque”, se réjouit Euskal Konfederazioa.
En d’autres termes, une collectivité peut obtenir, à titre expérimental, une compétence qui ne lui est généralement pas attribuée. Cette possibilité peut être amplifiée par la révision constitutionnelle, qui prévoit d’instaurer un “droit à la différenciation” pour les collectivités territoriales, c’est à dire élargir leur liberté d’administration.
Une collectivité peut obtenir, à titre expérimental, une compétence.
Cette possibilité peut être amplifiée
par la révision constitutionnelle, en cours,
qui prévoit d’instaurer un “droit à la différenciation”
pour les collectivités territoriales.
Aujourd’hui, les collectivités peuvent déroger aux lois, seulement pour un temps limité et à titre expérimental. La révision permettrait de perpétuer ces expérimentations sur un territoire.
En théorie et sans présager de la révision constitutionnelle en cours en ce début juillet, ni des dispositions du gouvernement Macron, qui n’a pas montré ses meilleures intentions pour la reconnaissance des langues régionales, ce dispositif peut permettre que des prérogatives de l’État, comme l’enseignement, puissent être décentralisées et autoriser la mise en place de politiques éducatives et linguistiques en lien avec les langues régionales. Pour gérer par exemple l’organisation de l’enseignement bilingue et immersif.
Cette ébauche de politique linguistique est aussi accompagnée d’un projet que la fédération Euskal Konfederazioa juge “consistant et adéquat”, comme une “base solide sur laquelle il faudra s’appuyer pour effectuer un pas qualitatif et quantitatif en matière de politique linguistique”.
Il appartient donc à la Communauté Pays Basque de la mettre en œuvre et de passer des bonnes intentions aux actes.
Politique transversale
Pour l’heure, un travail conséquent a été réalisé par la CAPB pour définir la place de la langue basque dans chacune de ses compétences, englobant les déchetteries comme les zones artisanales, la communication, l’accueil, ou encore la formation.
Une politique linguistique transversale, qui sera dotée d’un budget et concernera l’ensemble des services, sur une base de volontariat concernant la formation des agents. Mais des indicateurs et des objectifs seront définis, qui permettront d’ajuster les moyens et les besoins, dans une volonté partagée de travail en commun entre les services de la CAPB et les associations.
La base est posée.
Reste donc à faire évoluer concrètement une politique linguistique sur le territoire dans les contraintes de la loi française. Le discours d’Emmanuel Macron, en Corse, évoquant l’exemple du fonctionnaire auquel on ne peut demander d’être corsophone, montre les limites du cadre. Pour recruter dans les offices de tourisme, on tient en revanche compte des compétences linguistiques pour soigner l’accueil de visiteurs étrangers. C’est dans ce genre d’interstice que se joue la nouvelle impulsion linguistique du Pays Basque, à condition de reconnaître les besoins sociaux des bascophones et l’impérieuse nécessité d’une langue comme une autre, dont le salut ne réside que dans l’usage.
Guy Mondorge vainqueur d’étape
Comme le savent les coureurs cyclistes, à force de “sucer les roues” on finit parfois sur le podium. C’est ce que vient de constater Guy Mondorge, l’élu d’opposition angloy et président de l’Académie Gasconne de Bayonne, qui a pris depuis belle lurette la roue de l’échappée basque, davantage pour y glisser des bâtons et ramener la course à la raison du peloton que pour partager une victoire d’étape.
Il l’a lui même déclaré lors du conseil communautaire du 23 juin, en se prononçant contre la co-officialité du basque et du Gascon, c’est-à-dire en position de ne jamais développer la langue qu’il défend. Qu’importe, tant que le basque est plombé, semble clamer son parcours.
Après avoir semé la confusion dans l’hémicycle en introduisant une motion pour que le gascon ait la même reconnaissance territoriale que le basque, loin de faire renoncer les élus, il s’est fait happer par l’élan général qui a donc reconnu officiellement cette forme de l’occitan. Une première en France dont pourraient se réjouir les occitans si leur promoteur officiel, au sein de la CAPB, n’avait pour les langues régionales les ambitions d’une lanterne rouge.
Pendant ce temps l’assemblée de Corse vote l’accueil des migrants… dans les 2 cas nous sommes dans du symbolique mais une fois de plus ici au Pays Basque on est encore plus ethnocentré que la république française…. Toujours plus pour la langue c’est bien mais une agglo infestée par les notables et les techniciens et toujours pas de politiques sociales, aucune prise de conscience de l’enjeu du vieillissement de la population, pas de politiques culturelles réelles et globales, une université à la ramasse, pas de travail pour les jeunes diplômés, …. bref une agglo qui répond bien aux attentes de la décentralisation et la privatisation voulue par la république française mais qui parle basque. Le capitalisme et le libéralisme qu’il soit en français ou en basque c’est la même langue, à quand un autre imaginaire ????
Désolé Blacko, mais je ne comprends pas à quoi vous voulez en venir.
Avec la question de la reconnaissance de la langue basque, vous mélangez tout : la Corse, les migrants, les vieux, les jeûnes (diplômés !), la politique culturelle « globale » et la « politique sociale » (ques aco ?), les notables, les techniciens, l’université. Vous avez sans doute oublié Trump, les poissons rouges, les seins des frères Warschowski et la résurrection de jean-Claude Bourret par les extra-terrestres.
Et la sauvegarde de l’Euskara face à la dictature linguistique (et donc culturelle de l’état français) dans tout ça ?
Vous ne comprenez vraiment pas ? Moi c’est votre dictature linguistique et culturelle française que je ne comprend pas. Je vois une dictature sociale et néo-libérale et surtout je vois que notre agglo ne propose aucun autre imaginaire, bien au contraire. Elle propose une « république » libérale raciste paternaliste et sexiste mais en basque. Donc c’est la même chose. Mais si ça vous va très bien. On parlera basque, les vieux crèveront dans précarité, les agriculteurs se suicideront, les jeunes seront au chômage, l’eau et les déchets seront aux mains de Véolia,… mais on parlera basque et on sera très fière de nos « grandes » familles, de nos « grands » noms qui mettent la tête sous l’eau de la majorité mais comme on est tous basques c’est vraiment super.
Que ce soit en basque ou en français, que l’on soit anti capitaliste ou libéral, l’échange d’idées ne saurait se satisfaire de pseudos ! Ne vous cachez pas derrière vos claviers ! Assumez ! Mettez vos noms !
Jean Marc Abadie
je m’appelle Blacko Diakite. Et donc maintenant ça change quoi au débat ?