Pour le projet de nouvel aéroport près de Nantes, à Notre Dame des Landes, comme pour les projets de LGV, face à la forte mobilisation, le gouvernement a mis en place des «commissions». Où en est-on ?
LGV Pays basque
Le projet de LGV au Pays basque est en cours d’évaluation par une commission, dite «commission Mobilité 21». Son rôle est de classer les projets d’infrastructures (LGV, autoroutes, canaux fluviaux…) les uns par rapport aux autres, le financement de tous ces projets étant impossible (245 milliards d’euros devraient être dépensés pour tous les réaliser).
La commission a annoncé qu’elle classerait les projets en 3 groupes : ceux pouvant être engagés rapidement, ceux qui sont repoussés à 10 ans, et ceux qui seront repoussés au-delà de 20 ans, c’est à dire aux oubliettes politiques. Le classement sera connu en juin 2013.
Bien sûr que l’on peut espérer être dans le dernier groupe, au vu de l’importante mobilisation au Pays basque, mais l’enjeu est de ne pas tomber dans le piège de la démobilisation en se fiant à cette commission.
Le risque de l’enquête publique
En effet, quelque soit le classement proposé par la commission, on nous annonce que l’enquête publique sur la LGV aura lieu à l’automne 2013 ! C’est à dire que, passée l’enquête publique et la Déclaration d’Utilité Publique qui suivra, il ne suffira plus que de la décision d’un ministre pour déclencher les travaux. On voit donc bien la stratégie mise en place : le pouvoir pro-LGV met en place une temporisation du projet par l’intermédiaire d’une commission mais continue à faire avancer les étapes administratives du projet.
La nécessité de maintenir visible l’opposition
Les arguments en défaveur du projet sont tellement évidents depuis le débat public de 2006, que ce n’est pas le rapport d’une commission qui ramènera à la raison des élus pro-LGV. La seule raison qui peut convaincre les politiques, c’est celle qui s’impose par la force de l’opposition citoyenne.
Il est donc absolument nécessaire de maintenir la visibilité de l’opposition dans cette période qui peut apparaître calme, du fait du travail de la commission.
C’est d’ailleurs ce que nous enseigne un autre Grand Projet Inutile, celui de Notre-Dame des-Landes (NDDL), où la force des arguments n’est entendue que parce qu’un mouvement de résistance et d’occupation s’est mis en place.
Notre Dame des Landes
Après les tentatives de cet automne d’expulser manu militari des opposants de la ZAD (Zone d’Aménagement Différé devant accueillir l’aéroport, et renommée Zone A Défendre par les opposants), a été nommée une commission «de dialogue». Cette commission a rendu son rapport le 9 avril. La partie scientifique du rapport émet un réquisitoire très critique contre la méthode utilisée pour compenser la destruction des zones humides. Elle reprend l’argumentation de opposants et préconise de nouvelles études qui repoussent le projet.
La commission confirme le projet d’aéroport, tout en le retardant, sans doute au-delà des prochaines échéances municipales. On peut considérer donc la nouvelle comme «bonne», car en terme d’opposition, gagner du temps est souvent une première victoire. Mais ce temps-là doit être mis à profit…
Chaîne humaine le 11 mai à NDDL
Les opposants de Notre Dame ont su ne pas tomber dans le piège de la léthargie induite par la mise en place d’une commission. Au contraire, ils ont su utiliser cette pause pour mettre en place une incroyable aventure humaine sur la ZAD, entre occupants de la ZAD et agriculteurs, et aussi pour tisser des liens de solidarité avec toutes les régions de France, aboutissant ainsi à la création de plus de 200 comités de soutien prêts à réagir en cas de reprises des violences, destructions ou expulsions sur la ZAD.
Après la grande manifestation de reconstruction sur la ZAD, au mois de novembre 2012, qui avait rassemblé plus de 40 000 personnes, sont prévues une manifestation de replantation « Sème ta ZAD » le 13 avril, et également une grande chaîne humaine le 11 mai, pour enterrer symboliquement le projet.*
Maintenir la mobilisation au Pays basque en attendant de contrer l’enquête publique
Au Pays basque, le projet de LGV est bien moins avancé que celui de NDDL. La mobilisation est cependant très forte, en témoignent les différentes manifestations et diverses actions, comme l’interruption des opérations de sondages géotechniques La prochaine grande étape de mobilisation au Pays basque sera cet automne, pour contrer la mise en place de l’enquête publique.
En attendant, les actions d’opposition continuent. La prochaine est une réunion publique à Mouguerre, le 26 avril à 20h30 (salle Haitz ondoan, au centre du village), où viendra témoigner un responsable d’une association présente sur le chantier de LGV en cours entre Tours et Bordeaux. On pourra mesurer la différence entre les promesses et discours d’avant l’enquête publique et le mise en œuvre réelle du chantier. Il expliquera également la manière dont se passent les expropriations dites «amiables». Cette réunion permettra aussi de faire le point du projet au Pays basque.
Les prochains mois seront décisifs. Il faut continuer le combat et maintenir la pression pour obtenir l’abandon définitif du projet !
*pour participer au covoiturage depuis Bayonne pour aller à cette chaîne humaine : contacter le comité de soutien du Pays Basque à [email protected]