Pour Batera l’heure est à la mobilisation en faveur de l’intercommunalité unique pour Iparralde. L’EPCI unique, à défaut de la collectivité territoriale spécifique réclamée par les abertzale, peut être une étape sur le chemin de la reconnaissance institutionnelle des trois provinces. La vérité est que des opposants à l’intercommunalité unique comme Jean Jacques Lasserre préfèrent de loin “saucissonner” le Pays Basque Nord en trois/quatre ensembles pour ne pas porter ombrage à l’institution qu’il gouverne maintenant.
Entre autres thèmes, la rentrée politique va être marquée par la dernière séquence du débat relatif au projet d’intercommunalité (EPCI) unique pour le Pays Basque Nord qui va se dérouler tout au long des prochains mois.
Il faut le rappeler, l’EPCI unique n’est pas, loin sans faut, la panacée pour les abertzale. La revendication institutionnelle abertzale est, et reste, un statut d’autonomie doté de la reconnaissance du droit de décider. C’est à- dire un cadre porteur d’une capacité de légiférer et d’une fiscalité propres ; et qui soit évolutif en fonction de la volonté majoritaire exprimée par les habitant-e-s.
Ceci étant, dans le contexte des nouvelles macro-régions qui ont récemment vu le jour (dans notre cas, l’Aquitaine, Poitou-Charantes, Limousin), fixer la reconnaissance des contours du territoire d’Iparralde est fondamental. Le débat auquel nous sommes confrontés, n’est pas d’être pour ou contre la proposition du préfet, mais de dire dans le nouveau cadre régional, quelle est l’organisation des intercommunalités qui nous permettra demain d’aller de l’avant, ou qui peut à court terme, asséner un coup très dur à notre cohésion territoriale. La question fondamentale est : voulons-nous une intercommunalité unique, ou trois ou quatre intercommunalités pour Iparralde ?
Diviser pour régner
La vérité est que des opposants à l’intercommunalité unique comme Jean Jacques Lasserre préfèrent de loin la seconde option, car “saucissonner” le Pays Basque Nord en trois/quatre ensembles est le plus sûr moyen de ne pas porter ombrage à l’institution qu’il gouverne maintenant, en l’occurrence le département des Pyrénées Atlantiques. En bref : diviser pour mieux régner. Une des autres figures de proue des anti EPCI unique, j’ai nommé Barthélémy Aguerre, prétend par ailleurs que l’intérieur se fera phagocyter par la côte si l’EPCI unique se mettait en place. Connaissant Barthélémy Aguerre pour ses positions “progressistes” en matière agricole, et son attachement viscéral à une reconnaissance du Pays Basque, c’est évidemment tout le contraire qu’il faut comprendre.
Si la côte et l’intérieur s’organisent séparément, ils seront de fait en concurrence dans la nouvelle région, chacun tirant de son côté pour pouvoir concrétiser des projets mis à mal par les coups de rabot financiers dont sont victimes les collectivités locales. L’intérieur aura tout à perdre à ce jeu-là car, dans la course à la masse critique permettant d’exister et de se faire entendre par Bordeaux, la carte que pourrait jouer la côte est celle de l’intégration d’un grand ensemble urbain fusionnant les deux intercommunalités du Sud Labourd et de l’ACBA, et intégrant, pourquoi pas, le Sud des Landes avec le Seignanx. Un scénario de science-fiction ?
Dépasser les intérêts particuliers
Eh bien moi, sans avoir le plaisir de le connaître personnellement, je mettrais ma main à couper que c’est ce genre de schéma qui gambade dans la tête de quelqu’un comme l’élu angloy Jean-Pierre Laflaquière. C’est en tout cas la conclusion à laquelle me fait aboutir le compte-rendu de certains élus de l’intérieur interloqués par son intervention paternaliste lors de l’Assemblée générale du Conseil des élus du 1er juillet dernier, qui, peut-être pour sa décharge, est tout simplement imputable au fait qu’il soit encore trop imprégné des discours qu’il a eu à tenir aux “autochtones” lors de ses passages dans l’administration préfectorale en Guadeloupe, en Guyane, à Tahiti…
Et c’est d’ailleurs la crainte que les élus des grandes villes de la côte n’abordent le débat de l’EPCI unique que sous le seul prisme des intérêts particuliers de leur commune qui explique la forte réaction suscitée par le courrier des quatre maires de l’ACBA (signé par M. Veunac, E. Alzury, C. Olive, F. Gonzalez) au lendemain de l’Assemblée générale du Conseil des élus. En ce qui me concerne, je reste confiant, car certains de ces maires ont pu constituer une majorité communale grâce au soutien des abertzale locaux, ce qui est bien le signe de la sincérité de ces maires, et de leur capacité à être à la hauteur des engagements que nécessite cette première reconnaissance du territoire d’Iparralde.
Toujours est-il que, au-delà des termes techniques “officiels” (EPCI, option intégrée, fédérative,…) qui contribuent bien souvent à camoufler les vraies raisons expliquant certaines postures, l’heure est venue de faire émerger les termes fondamentaux du débat. L’heure est aussi venue de le faire sortir du cercle restreint des élus, pour le faire vivre au sein même de la société d’Iparralde. C’est là, à mon sens, un des enjeux majeurs des mobilisations qui auront lieu dans les semaines à venir, et auxquelles les abertzale doivent massivement participer.