Pour l’opinion publique, Gernikako Arbola est l’hymne universel des Basques, à officialiser. Le beau chant si touchant de l’aimable poète Iparragirre pénétra tôt dans nos trois territoires historiques du Pays Basque nord et s’y propagea rapidement. Les habitants l’adoptèrent aussitôt comme hymne des Basques qu’ils chantaient la tête découverte. Les organisations sociales et les institutions officielles prirent la même voie, en particulier les municipalités, joignant la musique aux voix dans leurs cérémonies publiques, en grande union, par dessus les diverses options idéologiques et politiques, sans faire de différence entre gens de droite et gens de gauche.
Aux Fêtes de la tradition basque et Jeux floraux il eut la meilleure place, aussi bien à celles d’Antoine d’Abbadie qu’à celles organisées par des institutions, avec lui, ou en parallèle, ou après lui. De même les Maisons basques à travers le monde, et d’abord dans le Rio de la Plata, le célébrèrent dans leurs assemblées, pour soutenir le moral des Basques exilés, en liaison avec le Pays Basque éloigné, en union avec l’ensemble des Basques. Il s’enracina largement et profondément dans le peuple, et les Basques, se mettant à chanter dès qu’ils se rassemblaient, finissaient leur réunion debout, le béret à la main, par l’hymne à l’Arbre de Guernica. Dans la première guerre mondiale aussi, que nous appelons « la Grande Guerre » ou celle « de quatorze », les jeunes soldats du Labourd, de Basse-Navarre et de Soule, quand ils se retrouvaient près du front entre deux assauts, en faisaient la fleur la plus haute et la plus aimée de leur bouquet de chants, qu’ils entonnaient le coeur en feu et la larme à l’oeil, en salut chaleureux au pays natal, certains en dernier adieu à la vie.
Aujourd’hui la pastorale de Soule le reprend à son compte et le célèbre ardemment. Les exemples les plus connus en sont les pièces Iparragirre (1980, 1999) et Agirre (1995). Et nous savons qu’au Pays Basque sud, le peuple ainsi que les institutions publiques ont le même attachement de prédilection pour l’Arbre de Guernica. Les écrivains, orateurs, artistes, élus de tous partis et courants politiques, philosophiques et religieux l’ont honoré et lui vouent aujourd’hui la même haute estime par dessus les options de droite, de gauche ou autres.
Gernikako Arbola ne s’oppose à personne, et surtout pas aux hymnes officiels qui sont déjà là. Ceux-ci garderont leur place avec tout le respect qui leur est dû, par exemple le Gora ta gora Euskadi dans la Communauté autonome de l’ouest, l’hymne des Cortès de Navarre dans la Communauté forale, etc… Pour tous les Basques et aussi pour beaucoup d’autres personnes, le chêne de Guernica est l’arbre de la paix, en même temps celui de la liberté : il veut répandre ces deux fruits dans le monde. Ce bel arbre symbolise aussi la vie, toute la vie de la terre menacée par le changement climatique, appelant tous les humains à la soutenir. Il est pour nous le plus aimé des arbres, qui chante aux quatre vents la personnalité du terroir basque et de ses habitants.
Donc de ce Pays Basque nord si humble mais si profond nous faisons appel à tous les Basques du vaste monde, et à vous, élus de nos sept territoires historiques, en particulier aux partis et aux dirigeants des trois régions officielles, afin que vous acceptiez le chant de Gernikako Arbola, suivant le sentiment profond de tout le peuple, comme hymne universel des Basques.
*Texte signé par 45 acteurs culturels d’Iparralde
Oui, Jean-Louis, ce que tu dis est frappé -comme toujours- du plus parfait bon sens. Moi-même, j’adore José Maria Iparragirre et j’ai été à la recherche du Café San Luis (aujourd’hui disparu), Calle de la Montera à Madrid où Iparraguirre a chanté pour la première fois en 1853, Gernikako Arbola. Pourquoi, aujourd’hui, GERNIKAKO ARBOLA n’est-il pas considéré par tous les Basques comme leur hymne? Voilà la question qu’il faut se poser. Pour moi, c’est que Sabino Arana, l’a critiqué en disant qu’avant de se préoccuper du monde entier (eman ta zabalzazu), il aurait mieux fait de se préocupper du Pays Basque qui n’était pas à cette époque,dans une période très brillante. Par ailleurs, abandonner, à 56 ans, pour retourner seul, d’ Argentine en Pays Basque , sa femme et ses huit enfants dont six filles, ne lui ont par faits sans doute que des amis. Voila quelques idées qui semblent -elles, doivent être prises en considération et faire que la musique du « Gora ta Gora » (sans la lettre, sans doute aujourd’hui trop cléricale) soit le véritable hymne des Basques. Mais le « Gernikako Arbola (surtout après le bombardement de 1937) mérite une place à part et doit être unanimement respecté.