Euskal Konfederazioa
Ce lundi 8 avril, les membres d’Euskal Konfederazioa ont fait entendre leur colère et adressé des messages clairs aux représentants des institutions membres de l’Office Public de la Langue Basque. Voici le communiqué lu par Euskal Konfederazioa avant le début de l’Assemblée Générale de l’OPLB.
La création de l’OPLB a été une étape importante dans la construction d’une politique linguistique publique en faveur de la langue basque, après des décennies d’avancées dues au seul travail du mouvement associatif.
Avec de nouveaux arrivants chaque année, la population du Pays Basque nord ne cesse de croître et le pourcentage de bascophones de diminuer : en 2006 26,4 % de la population était bascophone, 19 % en 2022. Et selon les prospectives de l’OPLB, ce taux sera en-deçà des 16 % en 2050. Nous sommes donc loin du seuil minimal de 30 % fixé par l’Unesco permettant de considérer qu’une langue n’est plus en danger d’extinction, alors que ce taux devrait être l’objectif de la politique linguistique publique.
L’OPLB fête cette année ses 20 ans (2004-2024). Mais après les avancées observées lors de ces deux dernières décennies, la politique linguistique passe aujourd’hui de l’état de stagnation à celui de régression et, considérant que la population du Pays Basque nord aura augmenté de 100.000 personnes d’ici 2050, l’OPLB joue désormais le rôle d’accompagnant de la langue basque vers sa mort lente.
Alors que pour accueillir ces nouveaux arrivants des millions seront investis en infrastructures, logements, réseaux d’électricité et d’eau…, aucun plan n’est pensé pour les amener, eux et les monolingues francophones résidant déjà sur le territoire, à la langue basque. L’enseignement en basque et l’enseignement aux adultes ne sont pas suffisamment accompagnés, quand ils ne sont pas tout simplement freinés. Les domaines des loisirs, de la petite enfance, des médias et, plus généralement, les associations qui œuvrent au quotidien à la transmission et à la pratique de l’euskara ne sont pas assez aidés financièrement.
Les Collectivités publiques doivent passer à la vitesse supérieure. Elles ne peuvent laisser, comme avant 2004, au seul mouvement associatif la responsabilité de revitaliser la langue basque en le précarisant encore davantage. La mission de l’OPLB est de concerter, définir et mettre en œuvre la politique linguistique, à l’échelon du Pays Basque nord mais aussi au sein de chaque Collectivité. Or, quel est, à l’heure actuelle, le plan linguistique de la Communauté d’Agglomération Pays Basque ? Celui du Département ? Ceux de la Région et de l’État ?
En septembre dernier l’OPLB avait présenté à Euskal Konfederazioa sa feuille de route d’ici 2050, qui, selon nous, manquait cruellement d’ambition. Et pour l’accompagner financièrement, la négociation inter-institutionnelle démarrait avec l’objectif d’augmenter le budget de l’OPLB de 50 %. Et aujourd’hui, sept mois plus tard, jour de l’assemblée générale, le budget mis au vote est identique à celui des années précédentes : 0 % d’augmentation ! Il s’agit clairement d’une condamnation de la langue basque et du mouvement associatif à disparaître. Avec la présentation de ce budget, les institutions partenaires de l’OPLB ont perdu toute crédibilité quant à leur « volonté » de construire une politique linguistique ambitieuse pour la langue basque.
Mais la politique linguistique ne se résume pas au seul volet financier. L’OPLB ne remplit pas son rôle de lieu de concertation inter-institutionnelle. Prenons par exemple le domaine de l’enseignement : après des années de lutte, la passation du brevet des collèges en euskara avait finalement été obtenue auprès du ministre de l’Éducation nationale. Or, quelques mois plus tard seulement, un simple courrier d’un fonctionnaire vient tout annuler et empêcher toute évolution concernant le baccalauréat, alors même que le ministère auquel il est rattaché, le MEN, est membre de l’OPLB ! Concernant l’ouverture de sites bilingues et immersifs, aucune planification pluriannuelle de nouvelles ouvertures. Pire encore, aucune mesure forte sur le Secondaire alors que la filière bilingue disparaît progressivement.
Des mesures urgentes s’imposant face à cette situation, Euskal Konfederazioa demande :
• Aux administrateurs de l’OPLB de voter CONTRE le budget qui leur est présenté aujourd’hui. Un vote favorable aurait entre autres conséquences de plonger encore davantage les structures faisant vivre l’euskara au quotidien dans la précarité (dégradation des conditions de travail des salarié.es, impossibilité de développer de nouveaux projets…), quand certaines d’entre elles seraient tout simplement menacées de fermeture.
• D’affecter 750.000 euros des réserves des années précédentes au Fonds de coopération, ce qui permettrait que les aides additionnelles et indispensables de l’année dernière soient reconduites cette année, qu’une augmentation correspondant à l’inflation subie année après année soit octroyée aux opérateurs dont la subvention n’a pas évolué depuis 2017, et qu’une subvention minimale de fonctionnement soit assurée pour les nouveaux opérateurs portant de nouveaux projets.
De la sorte, le budget 2024 augmentera de 750.000 €. Les institutions membres devront ensuite s’assurer, les prochaines semaines, que leur participation augmentera à hauteur des besoins avant de voter, à l’automne, une contribution supplémentaire qui permettra de doubler le budget actuel.