Beñat Etchebest
Le site internet « Our World Data » nous permet de comparer le nombre de décès causés par le Covid-19 sur les différents points du globe. Contrairement aux deux Amériques et à l’Europe, l’Asie, l’Afrique et l’Océanie sont peu touchées par le phénomène. Ne vivons-nous pas une maladie de civilisation ?
Les modes de vies sont bien différents entre les continents « industrialisés » (Amérique et Europe) et les autres. L’épidémie de Covid renvoi certainement à la fragilité de notre modèle.
Nous savons que ce sont les personnes âgées (décès au-delà de l’âge moyen avant épidémie) et celles à la santé la plus fragile qui sont touchées.
Les personnes âgées sont autant d’êtres aimés, que nous souhaiterions garder près de nous. La biologie en a décidé autrement. Nous avons une vie pour nous imprégner de philosophie à ce sujet.
Les personnes à la santé fragile, personnes à comorbidité, attirent toute notre attention.
Avant de connaitre le Covid, elles sont déjà atteintes de diabète, d’hypertension artérielle et de ses conséquences (AVC, problèmes cardiaques), de problème hépatiques et respiratoires. Elles sont fragilisées par les maladies de notre modèle de civilisation. Civilisation, hélas, modèle. Nous mangeons trop et ne marchons pas assez.
Nous mangeons trop (trop, trop gras, trop sucré, trop salé, trop transformé).
Nos voitures, nos bureaux, nos canapés nous font vivre assis. Nous oublions de marcher.
Notre modèle de société devient « la » pandémie !
Des béquilles pour solution ?
Masques, tests et vaccins, nouveaux produits dont le temps érode si rapidement la promesse, apparaissent plus comme de nouveaux biens industriels de consommation de masse, que des outils de protection de la population. Hésitations sur les masques. Discussion sur les tests. Vaccins qui passent de 90% d’efficacité à 66% et même 39% (USA.CDC). Autant de béquilles qui croient porter encore plus loin, à marche forcée, un monde qui pique du nez.
Prenons l’initiative !
L’issue se trouve du coté de l’évolution de nos modes de vie, vers :
– Une alimentation aux apports adaptés à nos dépenses physiques,
– Une agriculture qui ne détruit pas l’environnement, qui nourrit, qui immunise,
– Une économie, à intelligence de long terme, qui tend vers l’Accroissance.
Nos comorbidités se transformeront alors en vitalité !
Inventons le vaccin Pays Basque !
Sa première génération est déjà en action. Il s’appelle, entre autres, AMAP, produits locaux, AOP, IGP, fermiers, artisanal, association, comité, école, ikastola, Lurzaindia, EHLG, Arrapitz, Andere Nahia, Ttattola, musiciens, chanteurs, danseurs, sportifs, Eusko, CAPB. Autant d’intentions tournées vers le collectif et le long terme. Autant d’initiatives ou la consommation devient fade face à la richesse de la construction de liens.
Détail technique :
La médiatisation anxiogène de l’épidémie ne permet ni l’analyse posée de la situation, ni l’instauration du climat de confiance nécessaire à l’adhésion de la population.
Il nous faut accéder à la transparence des données de santé publique du territoire qui nous permettra d’agir de façon adaptée.
La deuxième génération de ce vaccin sera à la fois plus radicale et plus globalisante. Forgée par l’expérience de la précédente, elle saura éveiller, recentrer, rassembler. Nos jardins redeviendront nourriciers.
Radicale, car ses racines seront ancrées dans ce territoire. Globalisante, car elle saura intégrer la diversité des approches portées par la pluralité de ses habitants.
Ce vaccin sera un concentré de créativité et d’audace collective.
La population reprendra le pouvoir sur son alimentation, sa santé, son logement, son éducation.
Nous serions attaqués par mille virus, si nous ne prenions pas les moyens d’accéder rapidement à un haut niveau d’autonomie locale concrète sur ces quatre besoins vitaux !
Des racines à la globalisation, pour commencer, comment relions-nous les semeurs d’Arbona aux marcheurs d’Hendaye et Bayonne ?
Votre raisonnement, bien qu’il aboutisse à des conclusions que je partage, me semble omettre un certain nombre de facteurs, tout en sautant allègrement quelques étapes.
Tout d’abord, pensez-vous que l’Asie soit moins industrialisée que l’Amérique du Sud? Que les sud-américains marchent moins que les asiatiques?
Vous dites que les personnes âgées sont autant d’êtres aimés, que nous souhaiterions garder près de nous, mais que la biologie en a décidé autrement. Ce n’est pas la biologie mais la gestion, correcte ou non, de la pandémie qui conditionne le bilan final. Combien de séniors morts en Nouvelle Zélande, combien au Royaume Uni? Vous connaissez la réponse. Ce sont pourtant des populations « biologiquement » très semblables.
Nous ne marchons pas assez, c’est effectivement le cas général. Quant au fait que nous mangeons trop, je ne suis pas sûr que ce constat s’applique aux millions de personnes, dont de plus en plus de jeunes, qui ont recours à l’aide alimentaire. Par contre nous mangeons mal, oui, notamment les plus pauvres pour qui la seule nourriture financièrement accessible est du déchet agroindustriel recyclé en « aliment ».
Sur les masques vous ne développez pas beaucoup. Quelles hésitations? Parlez-vous plutôt des zipotz gouvernementaux visant à masquer (cas de le dire) la pénurie causée par l’incurie gestionnaire?
Discussions sur les tests, de quels tests est-il question? Les antigéniques? Les autotests? Ceux faits par des pharmaciens non formés à cet effet? Le pooling itératif dont on ne voit toujours pas la couleur alors que ce serait de loin le plus utile?
L’efficacité des vaccins, desquels parlez-vous? Et quelle efficacité concrètement: contre l’hospitalisation, contre les formes graves, contre les symptômes, contre l’infection elle-même?
Sur les solutions en revanche je suis très en phase avec vous, avec toutefois un bémol: n’oublions pas combien il coûte de se loger en Iparralde, et combien il reste chaque mois pour s’acheter à manger. Le principal obstacle à une agriculture nourricière de proximité reste la spéculation foncière, par ses effets directs (captation de terres) et indirects (contraction du budget alimentaire des ménages par le coût du logement).
Manger moins et mieux, local, et bouger plus, entièrement d’accord.
Quelques précisions sur les mortalités liées au covid, données par des proches dans différents pays.
– certains patrimoines génétiques sont plus touchés par les formes graves (Indonésie, Polynésie, Indiens d’Amérique du Sud) et pour certains d’entre eux, les jeunes meurent autant voire plus plus que les vieux…
– en Polynésie et Nouvelle Calédonie, diabète type 2 et obésité font des ravages dans les populations autochtones ( génétique + malbouffe) qui sont par ailleurs très peu vaccinées (contrairement aux « blancs ») et beaucoup d’entre eux, malades du covid, sortent de l’hôpital et meurent quelques semaines après.
– en Amérique Centrale et du Sud, les métis et blancs urbains sont bien plus vaccinés que les ruraux, en majorité des « natifs », qui n’ont pas d’accès à internet ni aux informations… et sont donc touchés par familles entières.
Bonjour,
je suis étonné de lire un commentaire indiquant qu’il y a une différence d’impact du Covid-19 selon les patrimoines génétiques, car c’est la première fois que je vois une analyse en ce sens.
Je n’ai notamment jamais entendu parler de la forte mortalité des jeunes en Polynésie des suites du Covid-19, si forte qu’elle égale selon vous celle des personnes en âge statistique de mourir, comme c’est apparemment le cas sur toute la planète. Etrange singularité physiologique que celles des Polynésiens (d’origine et blancs confondus, si on vous suit bien) : pourriez-vous citer vos sources ?
Et de quels « patrimoines génétiques » voulez-vous donc parler ? Insinueriez-vous que face à ce virus, pourtant réputé tout récent, la population humaine, presque entièrement mondialisée dans ses échanges biologiques depuis au moins les lendemains de la seconde guerre mondiale connaît des différences significatives ? Et comment pensez-vous que l’on doive définir ces différences ? Est-ce une question de race ? Auquel cas, comment différencieriez-vous ces « patrimoines génétiques » dans des pays comme le Brésil, les USA ou l’Europe où se retrouvent des gens de toute la Terre ?
Egun on Benat,
Tu oublies un des facteurs essentiels qui tuent et rend malade (en particulier maladies respiratoires) le plus à travers le monde : la pollution de l’air ! Voir données sur le sujet de… Santé Public France, ARS, ATMO-NA, InVS et cie (dont cette dernière a classé en 2013 la côte basque en zone sensible justement à la pollution de l’air et normalement toutes les politiques publiques locales devaient en faire une priorité pour lutter contre!).
Voir travail réalisé par l’AVAP notamment 🙂 !
Au plaisir d’échanger sur ce sujet.
Pascal