Les dates ne sont pas encore connues mais vraisemblablement les électrices et électeurs se rendront aux urnes les dimanches 21 et 28 mars 2020 afin d’élire les conseillers municipaux des 158 communes du Pays Basque. Il faut cependant noter que ces mêmes élections permettront également de composer l’assemblée de la Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB). Dans les communes de plus de 1.000 habitants, les élus seront désignés via un vote fléché. Pour les communes de moins de 1.000 habitants le conseil municipal votera.
Municipales 2020 : A un an des élections municipales de 2020, Enbata ouvre le débat sur les enjeux de ce scrutin en Iparralde et pour la première fois, au sein d’une Communauté d’agglomération Pays Basque. Un lieu de réflexion pour jauger les forces politiques en présence, établir des bilans et appréhender les alliances ou les mésententes de ville en village. Vous pouvez participer à cette observation depuis votre commune en contactant la rédaction : [email protected]
Une récente étude au niveau hexagonal démontrait qu’une crise des vocations est à prévoir. Selon cette enquête la moitié des maires ne se représentera pas lors du scrutin de 2020. A ce jour, il semblerait que le Pays Basque ne parvienne pas à ces proportions mais bon nombre d’édiles ont déjà fait savoir qu’ils ne se représenteraient pas en mars prochain. Les différentes évolutions législatives de ces dernières années ont accentué un sentiment de dépossession des communes, une impression que certaines compétences échappent aux maires et qu’il ne reste dans les communes que les domaines mineurs à traiter. Ce n’est heureusement pas vrai, ne serait-ce que parce-que les communes ont toujours la clause de compétence générale qui leur permet, pour le dire vite, de pouvoir intervenir sur tous les sujets.
Quelle ambition pour l’agglo
Lors des élections de 2014, pas mal de changements avaient eu lieu à la tête des municipalités d’Iparralde. Un panorama que l’on avait jugé comme favorable pour avancer sur les sujets importants du territoire (résolution du conflit, euskara, reconnaissance institutionnelle…) et force est de constater qu’effectivement des pas significatifs ont été franchis ces cinq dernières années. Avec l’existence de la CAPB, ce panorama post 2020 revêt une valeur particulière. Après une phase de mise en place, il semblerait aujourd’hui que la nouvelle institution ne soit plus remise en cause. Des élus réticents ou opposés à cette forme institutionnelle sont aujourd’hui impliqués dans la gestion et toute velléité de retour en arrière semble écartée. De toutes les façons on peut regarder les dysfonctionnements ou défauts actuels et se lamenter ou au contraire trouver des solutions et garder à l’esprit que si nous avions fait le choix de la division et du morcellement nous aurions disparu du champ institutionnel en particulier dans la grande Nouvelle Aquitaine. Tout sera alors question d’ambitions pour le futur mandat.
Enjeux du BAB
En regardant de plus près sur le BAB, tous les observateurs s’accordaient à dire au lendemain des municipales de 2014 que l’équation était favorable puisque la majorité des maires en place était favorable à la Collectivité territoriale spécifique. L’histoire a montré qu’ils ont cependant eu des positions divergentes sur la gestion de l’agglomération. Concernant le camp abertzale dans les conseils municipaux, Baiona 2014 et Hemen Angelu, qui avaient porté la dynamique en 2014 avec des résultats différents, sont encore actifs. Sur Biarritz la presse s’est faite l’écho d’une liste abertzale ouverte et il conviendra de voir le choix des bidartars. Sur le BAB, comme dans beaucoup de communes, les thématiques abertzale sont au coeur de la campagne des municipales et l’implantation des militants permet souvent de jouer un rôle décisif.
Elus abertzale, de la majorité et de l’opposition
Autre enjeu, celui de conserver les communes où des maires abertzale et proches sont en place, certains de manière récente d’autres de plus longue date. Ustaritz, Baigorri et Ayherre avaient basculé en 2014 par exemple. Ostabat et Saint Pierre d’Irube sont deux communes administrées par des abertzale dont les maires participent également à l’exécutif de la CAPB. Dans d’autres communes des abertzale sont rentrés en opposition comme à Itxassou, Cambo, Saint-Palais, Saint- Jean-Pied-de-Port, Souraide, Ciboure ou encore Hasparren et Mauléon. Autant de municipalités, et cette liste n’est pas exhaustive, où il conviendra (quitte à rediscuter de stratégie et de politique d’alliance également) de confirmer le vote abertzale pour franchir des caps significatifs lorsque l’occasion se présente. Dans certaines de ces communes, les résultats aux élections intermédiaires montrent des signes encourageants. Urrugne, Sare, Saint-Pée, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye sont aussi des communes où cela fait plusieurs mandats que les abertzale siègent en opposition. Certaines sont en situation d’assurer l’alternance au pouvoir.
Maires qui ne se représentent pas
Enfin un dernier cas présentant un intérêt est celui des maires qui ne se représentent pas. Voire quelle suite est prévue, si la transmission s’organise pour qu’un élu abertzale qui avait intégré le conseil précédemment, puisse prendre le flambeau ou au contraire en l’absence de succession désignée si des opportunités ne se présentent pas pour franchir le pas. Beaucoup de communes tourneront une page de leur histoire municipale comme Ciboure où Guy Poulou ne briguera pas un nouveau mandat après dix-huit ans passés à la tête de l’exécutif municipal. Ce sera également le cas à Itxassou où Roger Gamoy termine aussi son troisième mandat de maire mais son sixième d’élu. De même pour Alain Castaing, élu à à Jatxou depuis 1983, Alexandre Bordes, maire d’Arancou depuis 1989 ou Jean-Louis Caset qui administre Ibarolle depuis quatre mandats. A Pagolle c’est Gabriel Lopepe qui termine son cinquième et dernier mandat et Alphonse Idiart gère Saint-Jean-Pied-de-Port depuis trois mandats. Tous ces édiles ne solliciteront pas les suffrages des électrices et électeurs en 2020. D’autres devraient abandonner la vie publique pour des raisons personnelles ou professionnelles, ce qui est par exemple le cas d’Arnaud Villeneuve à Tardets, de Michel Ibarlucia à Ainhoa ou de Jean-Paul Diribarne à Bardos.
Partage des tâches
Si l’on garde bien à l’esprit que dans toutes les communes de moins de 5.000 habitants il n’y a qu’un seul délégué à la CAPB, pour chaque force politique, obtenir des postes de maires sera un enjeu majeur. Dans ce contexte de manque de vocations, il est également intéressant d’imaginer dans des petites communes de constituer des listes bicéphales. Une tête de liste officielle qui prend le poste de maire et qu’un autre élu prenne la charge de l’intercommunalité. Cela permettra d’avoir des élus pleinement investis, qui partagent les taches et se consacrent à leur champ de compétences. Le prochain mandat sera donc important. Il permettra à la Communauté d’Agglomération de rentrer véritablement dans le contenu d’un projet politique et trouver l’articulation souhaitable et nécessaire entre communes et intercommunalité.
Élections à 3 tours
On l’aura compris, on peut considérer que les élections municipales de 2020 comporteront trois tours. Deux tours habituels dans les communes (pour celles qui ne tranchent pas les débats dès le premier dimanche) et un troisième tour flêché vers la Communauté Pays Basque avec la désignation du Président et la composition des différentes instances dirigeantes. En 2017, lors de la création, Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne, avait été élu par quasi consensus. Et l’exécutif de la CAPB reposait principalement sur les présidents des dix anciens EPCI. Le temps du consensus est-il terminé ? Quel sera alors le poids des tendances politiques ? Sur quels critères se composeront les différents niveaux de la gouvernance Pays Basque ? Ces questions sont d’ores et déjà dans beaucoup de têtes. Il reste douze mois pour être au rendez-vous. Aux quatre coins d’Iparralde les méninges commencent à chauffer.
En 2017, Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne, avait été élu par quasi consensus. Et l’exécutif de la CAPB reposait principalement sur les présidents des dix anciens EPCI. Le temps du consensus est-il terminé ? Quel sera le poids des tendances politiques ? Sur quels critères se composeront les différents niveaux de la gouvernance Pays Basque ?