Compte tenu de la position stratégique de Bayonne, Henri Etcheto à la mairie plomberait les perspectives d’évolution positive pour Iparralde. Les abertzale peuvent ouvrir dans les prochaines années des perspectives pour de nouvelles avancées.
Les modalités du second tour des municipales à Bayonne suscitent des débats. C’est bien compréhensible, car ce qui va se passer à Bayonne aura des conséquences pour tout Iparralde.
Comment se situer dans ces débats en tant qu’abertzale de gauche ?
Selon moi, la réponse est à chercher dans un vieil adage auquel je me réfère fréquemment : “Norat joan jakiteko, nundik jin jakin behar…” (Pour savoir où aller, il faut savoir d’où on vient…).
La plateforme Bayonne Verte et Solidaire a décidé le soir du premier tour d’entamer des négociations avec Henri Etcheto en vue d’une alliance des listes de gauche.
Vu les résultats du premier tour, un accord avec Henri Etcheto impliquerait concrètement que les abertzale de gauche participent à son élection comme maire de Bayonne. Il me semble que cela serait totalement incompréhensible pour la majeure partie de la base sociale abertzale, et ce précisément, au regard des évènements de ces dernières années.
Que les abertzale de gauche participent à l’élection d’Henri Etcheto
serait incompréhensible pour la majeure partie de la base sociale abertzale
et ce précisément, au regard des évènements de ces dernières années.
Pour expliciter cela, faisons un peu de politique fiction à rebours.
En 2014, un accord avec la liste de gauche et abertzale —Baiona 2014— aurait peut-être permis à Henri Etcheto de gagner la mairie de Bayonne. En prenant en compte les positions qu’il a dans les faits, tenues ces dernières années, on peut affirmer qu’avec Henri Etcheto maire de Bayonne, le nouveau lycée de Seaska n’aurait pas pu être construit à la ZUP, que le processus de paix n’aurait pas bénéficié du soutien du maire de Bayonne, et qu’à défaut d’un vote favorable de Bayonne, la Communauté Pays Basque n’aurait pas pu voir le jour. Alors, participer en 2020 à l’élection d’Henri Etcheto comme maire de Bayonne, serait d’autant plus incompréhensible pour la base sociale abertzale, que cela supposerait d’évincer Jean René Etchegaray, qui lui, s’est impliqué en faveur des thématiques précédemment évoquées.
Comme le signifie l’adage, ce regard rétrospectif revêt aussi une facette prospective. En tant qu’abertzale, j’espère que nous ouvrirons dans les prochaines années des perspectives pour de nouvelles avancées sur l’euskara, le processus de paix, l’institution…, et sur bien d’autres sujets encore… Compte tenu de la position stratégique de Bayonne, avec un Henri Etcheto à la mairie, nous plomberions nous même ces perspectives d’évolution positive pour Iparralde. Car personne ne paraît contester le fait que Henri Etcheto soit un jacobin “indécrottable”. Et ce qualificatif n’est pas une critique de ma part, me considérant moi-même comme un abertzale “indécrottable”.
C’est la question suivante qui fait débat: Henri Etcheto ne fait-il pas partie de cette catégorie de responsables politiques susceptibles de prendre des postures durant une campagne électorale, pour les renier ensuite une fois élu ? Là encore, les faits avérés de ces dernières années permettent de répondre par l’affirmative.
En effet, lors de la dernière campagne départementale, interrogé par Mediabask sur l’Intercommunalité Pays Basque, le candidat Henri Etcheto répondait avec sa suppléante Marie-Christine Aragon, qu’il s’agissait d’un “bon projet”. Un an après (quasiment jour pour jour : le 25.03.2016), le même Henri Etcheto votait contre l’EPCI lors de la délibération du conseil municipal de Bayonne…
Par rapport aux discussions actuelles sur le second tour, cela signifie très clairement qu’Henri Etcheto est tout à fait capable de signer un accord programmatique comportant des engagements sur des points incontournables du point de vue abertzale, pour les renier quelques mois plus tard.
Ceci étant, si on aborde maintenant la perception des personnes de gauche et non jacobines, je pense qu’elles comprennent très bien que les abertzale ne puissent pas soutenir l’élection d’un Henri Etcheto comme maire de Bayonne. Je crois qu’elles savent que ce ne sont pas les abertzale qui font perdre la gauche aux municipales à Bayonne, mais bien la personnalité d’un Henri Etcheto qui, au lieu d’incarner le rassemblement, est bien trop clivante. J’en veux pour preuve un tweet du 20 avril de Mehdi Ouraoui qui s’interroge : “Nork larrutik pagatuko du? Presoek, euskarak, ikastolek eta EH-k”. Ainsi, positionner Henri Etcheto comme maire de Bayonne, ce serait renforcer la gauche française la plus jacobine, à un moment où, par exemple, au sein même des luttes sociales certains responsables de la CGT prônant le boycott systématique de LAB voient leur crédibilité s’effondrer. Je rappelle quand même à cet égard que, dans la liste d’Henri Etcheto figure un Alain Duzert que j’ai eu l’occasion d’entendre traiter Aurore Martin de “terroriste” lors d’une réunion d’organisations sociales contre le mandat d’arrêt européen…
Alors, second tour des municipales à Bayonne : norat joan? Il me semble qu’un accord avec Henri Etcheto serait incompréhensible pour la base sociale abertzale, mais aussi pour la gauche non jacobine, et qu’il supposerait de poser un obstacle à la dynamique d’évolution d’Iparralde en entravant gravement sa progression.
Excellente analyse !
Puisque tu utilise un adage, je ne peux pas résister à l’envie d’en utiliser un autre : Etcheto maire de Bayonne, ce serait » Otsoa artzain (le loup berger) « .
Et je rajouterais que nous, les abertzale, nous risquerions d’en être les » zikiro (moutons castrés, destinés à être mangés) « .
C’est même hallucinant que ça traverse l’esprit de certain « Abertzale » de penser à faire alliance avec ce type.
Abertzale definitzen batzueri holako aliantza baten egitea burutik pasatzen zaiela aluzinagarria da.
Ce qui est hallucinant, c’est un tel argumentaire! Je suis de gauche et enfin une alternance au conservatisme se dessine si les 3 listes s’entendent……
Pourtant, l’AG de BVS a donné un accord clair aux négociations. Surprenant de parler de démocratie et de chercher à renier un vote démocratique!
Basque et de gauche, Etchegaray et ses alliés conservateurs ne seront jamais mon choix
Il n’est pas ici question de faire le choix d’Etchegaray et de ses alliés conservateurs. Personne n’évoque une alliance entre BVS et Etchegaray, que je sache. Il s’agit juste de ne pas aider le Valls local à se faire élire.
Basque et de gauche, les jacobins locaux ne seront jamais mon choix.
D’autant plus le PS m’a souvent fait douter qu’il soit vraiment un parti de gauche…
Bien au contraire, je les ai souvent vu mener une politique de droite, une fois élus !
Donc de faire élire Etchegaray! Et d’aplatir le vote de l’AG de BVS
Belle conception de la démocratie
Cher Antton, je ne suis pas socialiste. Je ne dirai jamais que le PS n’est pas de gauche
Quant à vous, je m’interroge fortement……..
Agur
Je vous laisse le plaisir de coller des étiquettes aux gens que vous ne connaissez pas. Peu m’importe.
Etcheto est foncièrement anti-basque, ses prises de positions passées (et celles de plusieurs de ses collistiers) sont là pour nous le montrer. Il est facile de voir ce que ça donnerait s’il devenait maire de Bayonne, sans oublier qu’il aurait alors les clés de l’agglo !
Il ne faut pas se leurrer, il serait en position de force dans une telle alliance.
Si BVO avait présenté quelqu’un de plus rassembleur comme tête de liste, ça aurait peut-être été différent, mais ce sont eux qui l’ont choisi.
Critiquer une décision de l’AG de BVS serait anti-démocratique ? Donner son opinion revient à « renier un vote démocratique » ? à « aplatir le vote de l’AG de BVS » ? Belle conception du débat public… La démocratie c’est donc « vote et ferme ta g… ? » Les électrices et électeurs de BVS doivent accepter sans broncher une telle décision ? Et marcher comme « un seul homme » ?
Refuser de faire d’Etcheto le maire de Bayonne, c’est être de droite ou faire le jeu de la droite ? Dans ce cas, en 2014, les abertzale et le Front de gauche qui se sont maintenus au second tour étaient de droite ou ont fait le jeu de la droite ? C’est ce que vous voulez dire, Mattin ?
Un choix incompréhensible, je suis furieuse de ce qui se passe à Bayonne et ça m’affecte profondément. Comment peut ont soutenir quelqu’un qui ne reconnait même pas notre identité, qui nous la nie par ses ses propos et peut-être bientôt par ses actes si vous le laissez gagner? Qui a impulsé le procesus de paix? Qui a défendu la collectivité, le département, la chambre d’agriculture? La communauté du pays basque? Seaska? notre langue? Etcheto peut-être? Non. Mon choix est fait. Arima behin galdua betikotz saldua, atzar giten!
le maire est elus par le conseil municipal dire qu’Etcheto, et Dusert sont tout le conseil municipal est une erreur de la frange de droite des abertzale. C’est sur un projet que la nouvelle majorité municipale se formera faire un projet avec la droite baionaise par omission nous plantera pour les 30ans qui viennent. Etxeto s’arrangera avec le PS sur la loi notre voulue par Hollande et qui a crée l’EPCI. On aura une autre etape de decentralisation m^me si les jacobins crient. Leur echec est tellement clair au yeux de la population qu’il faut accompagne le projet depuis la majorité municipale. Avec Etxegarray qu’a ton a discuter d’un point de vue de gauche…
Vous pouvez Quand même les remercier, Enbata n’a jamais été aussi actif avec cette campagne contre l’union des gauches.
Monsieur Etcheto, Bayonne Ville Ouverte le fonds de commerce d’Enbata, ça fait vendre et réagir !
La suite de la saga aux prochains articles hmmm
Vous faites de l’union des gauches un but à atteindre à Bayonne. Que je sache, Henri Etcheto et ses amis sont toujours membres de PS. Est-il besoin de vous rappeler que ce parti a complètement trahi la gauche ? Après avoir proclamé «mon véritable ennemi, c’est le monde de la finance» et été élu sur le slogan «le changement, c’est maintenant», le PS au pouvoir, n’a rien trouvé de mieux que de faire voter la loi travail «El Khomri» pour casser le code du travail, à coup de 49-3 mis en œuvre par l’adjudant Manuel Valls; le PS a enterré l’écotaxe prévue contre les abus des poids lourds par le Grenelle de l’environnement ; le PS a accordé 20 milliards au patronat avec le crédit d’impôt CICE ; le PS a renoncé à limiter les salaires des patrons alors qu’il l’avait promis dans son programme ; à Florange, le PS a signé un accord avec le patron Arcelor Mittal, bafouant le plan social négocié avec les syndicats ; le PS a voulu remettre en route la déchéance de nationalité, dont on n’avait pas entendu parler depuis Pétain ; sans parler de l’épisode du coiffeur de Hollande à 9895 e brut par mois ; en oubliant le conseiller à l’Elysée, Aquilino Morelle, employé à l’IGAS et émargeant en même temps auprès d’un laboratoire pharmaceutique. Pire, tous ces gens-là ont mis en selle les dirigeants français actuels, anciens du PS : Emmanuel Macron, ex-ministre socialiste, Christophe Castaner, ex-député PS, aujourd’hui ministre de l’Intérieur «éborgneur » des gilets jaunes, Richard Ferrand, ex-député PS et président actuel de l’assemblée nationale, enrichi sur le dos des Mutuelles de Bretagne, etc.
Et vous avez encore confiance dans la gauche et le Parti socialiste ?
Vous déplorez que les abertzale de gauche bayonnais ne se joignent pas aux socialistes. Vous allez me dire que des abertzale dans d’autres cités d’Iparralde font un bout de chemin avec des membres du PS. Mais encore faut-il que ces socialistes locaux se montrent un minimum favorables et ouverts aux thèses abertzale. Que je sache, ce n’est pas le cas à Bayonne : Etcheto, Pallas, Capdevielle, Duzert, ils ont tous voté contre le financement des bâtiments du collège Seaska, contre la création de la Communauté d’Agglo Pays Basque, contre l’érection d’une statue en faveur du processus de paix. Ils cochent «niet » à toutes les cases. Par dessus le marché, Henri Etcheto s’est déclaré favorable à la traversée de la ligne LGV en Iparralde. Comme pour être sûr de se mettre à dos les Verts…
Ces gens-là ont eux même empêché toute possibilité de rapprochement avec les abertzale. Ils ont scié la branche sur laquelle ils pouvaient un jour accéder à la mairie de Bayonne. Avec un tel passif, à Paris et à Bayonne, comment voulez-vous que les abertzale de gauche signent un accord avec eux ?
Si j’ai bien compris ton argumentaire, Xabi, tant qu’Henri Etcheto sera le leader de la « gauche de gouvernement » à Baiona, la capitale du Pays basque nord ne pourrait être gouverné que par la droite. Tu ne le dis pas ainsi, bien entendu, tu es plus subtil, afin qu’on ne t’accuse pas de rouler pour JR Etchegaray. Jean René est abertzale-compatible, lui qui a autorisé la construction du Lycée de Seaska, qui participe activement à Bake Bidea et qui est le premier « lehendakari » de la CAPB, première institution reconnaissant un territoire spécifique à Iparralde. Tu ne m’en voudras pas d’être moins subtil que toi mais tout le monde aura compris qu’en effet tu redoutes la victoire de la gauche, une gauche qui choisirait Henri Etcheto le jacobin indécrottable pour Maire. Tu n’as aucune confiance en lui. Les raisons de ta défiance sont claires. Mais, en tant que militant abertzale de gauche, Jean René Etchegaray t’inspire-t-il une totale confiance ? Ça c’est moins clair, tu ne le précises pas. Si on est un tantinet de mauvaise foi, on pourrait le supputer. Mais moi je ne le crois pas. Si tu es incontestablement, tout comme moi, un abertzale indécrottable (autrefois on aurait dit « enbata zikina »), tu es AUSSI de gauche et, à ce titre, tu ne peux que souhaiter une gouvernance de gauche, abertzale compatible, bien sûr, à la Ville comme à l’Agglo. Et c’est là que je ne te comprends plus du tout. Il est évident qu’on ne peut pas compter sur un Etchegaray, bien qu’abertzale-compatible, pour mener une politique de gauche, ce que nous voulons toi comme moi. S’il est réélu, grâce au renfort d’une partie de l’électorat abertzale, il le sera avant tout par une majorité de droite qu’il devra servir. Et il le sera surtout, comme en 2014, parce que la gauche, pourtant majoritaire, restera divisée (ce que tu appelles de tes vœux) par une fracture historique entre jacobins indécrottables et abertzale-compatibles. Tiens, à propos de 2014, te souviens-tu qu’il s’en était fallu de 26 voix ? Jouons à nous faire peur. Projetons-nous dans un passé imaginaire où Henri Etcheto serait devenu Maire en 2014, malgré le maintien de Jean Claude Iriart allié avec Serge Nogués, où en serions-nous aujourd’hui ? Je préfère ne pas te dresser le tableau. Serions-nous alliés de la droite, dans l’opposition ? Ça serait pire que tout. Nous avons donc fait un pari de dingues en 2014, non ? Moi j’en suis convaincu, les abertzale de gauche aurions pu totalement disparaitre de l’échiquier politique bayonnais, soit en retournant à la marginalité soit en nous compromettant avec la droite. Aujourd’hui, si nous devions faire le second tour en juin, nous nous retrouverions dans une situation similaire, aggravée du passif de 2014 (une partie très importante de la population bayonnaise est toujours convaincue que nous avons fait gagner Etchegaray et perdre la gauche). Je t’avoue que je préférerais mille fois que nous rejouions ce 1er tour (avec possiblement 2 listes à gauche au lieu de 3) pour tenter de prendre le leadership d’une opposition en passe de devenir la majorité. Ce serait tellement plus enthousiasmant ! Mais Macron ne va peut-être pas chercher à nous arranger et devrons-nous revoter en juin ? Dans ce cas, que se passera-t-il ? Soit, nous réussissons à négocier un accord honorable qui convaincra l’AG de BVS et permettra de justesse à la gauche unie de prendre la Mairie, soit nous ne réussissons pas et Etchegaray l’emportera. Soit pire encore, nous sommes contraints de retirer notre liste. La question qui m’inquiète au plus haut point, Xabi, c’est : Que deviendra notre projet de Baiona verte et solidaire si jamais, comme tu nous le demandes, nous faisons le choix de refuser la fusion avec la liste Etcheto ? Je ne peux croire que cela t’indiffère. Que deviendras le projet d’une gouvernance à gauche et abertzale-compatible ? A cette heure, et pour ma part, je préfère espérer.