Quels que soient l’état de la société et les conflits qui la traversent, le calendrier électoral parvient toujours à transcender le pire et le meilleur.
En mai 1968, au plus fort de la révolte étudiante et de la plus grande grève générale depuis 1936, l’annonce faîte par De Gaulle de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections législatives, ramènera la France à son cours politique habituel.
Toutes les familles de pensée furent, dès lors, tournées vers la préparation de ce scrutin national qui déboucha sur une éclatante victoire de la droite.
L’élection présidentielle du printemps 2017 et les législatives qui suivirent opérèrent comme un véritable choc institutionnel, balayant les habituels partis de gouvernement de droite et de gauche, faisant émerger une nouvelle génération d’élus se voulant hors des schémas et des clivages classiques. Très vite le nouveau Président de la République fut désigné par les notables locaux, orphelins de leurs partis mis hors-jeu, de “Président des villes”, si ce n’est des métropoles. Dès l’automne 2017, ces élus se constituèrent en défenseurs des “territoires” face à Emmanuel Macron. L’assemblée annuelle des maires de France fut le point culminant de cet affrontement. A cette occasion, ce fut la grande alliance de toutes les associations des collectivités territoriales, départements et régions, qui tinrent, pour la première fois, une conférence de presse unique. Ce climat délétère atteignit la Conférence nationale des territoires de ce printemps que François Baroin, président de l’association des maires de France, boycotta. Depuis, bien des choses ont évolué sur ce front-là, car se profilent les prochaines municipales de mars 2020. Le Premier ministre, Edouard Philippe, fort de son passé de maire du Havre, n’hésite pas à dialoguer avec de très nombreux maires du Parti Républicain dont il fut membre. A la lente détérioration des dotations de l’Etat, réduites année après année, s’est substitué un autre type de rapport avec l’Etat. Ce dernier propose de contractualiser une modération d’augmentation à 1,20 % des budgets de fonctionnement. Tout le monde a commencé par dire non au gouvernement, puis chacun a repris ses esprits et à la date échéance du 30 juin, c’est une quasi totalité des 322 plus grosses collectivités concernées qui acceptent d’entrer dans le dispositif. De son côté, l’association regroupant les villes moyennes, tenant son congrès les 24 et 25 juin à Cognac, saluait le gouvernement qui, pour la première fois depuis quarante ans, impulsait un projet massif dénommé Action coeur de ville avec cinq milliards à la clé. Bayonne y a adhéré. De même que Biarritz, sa voisine, se félicite du choix de Macron pour tenir, chez elle, le prochain G 7 de fin août 2018 dont la municipalité investira toute sa volonté pour sa réussite.
Tout ceci dessine un vaste rassemblement politique pour affronter les prochaines élections municipales de 2020. La plupart des maires sortants, en France comme au Pays Basque, se représenteront vraisemblablement sous le patronage de la majorité présidentielle.
Cette formule permettra à chacun de garder son étiquette propre, voire pas d’étiquette. Nul ne sera tenu d’adhérer à la République en Marche, mais l’immense foule des élus locaux verront leur réélection dans le sillage du Président de la République et leur victoire sera portée à son crédit.
Mis à part quelques bastions de tradition de gauche comme Hendaye, l’ensemble d’Iparralde se retrouvera sous le label macronien, comme durant la traversée du désert du général De Gaulle sous le label RPF.
La nouvelle donne politique en France aura le mérite de simplifier radicalement le prochain scrutin municipal par nature complexe. Cela ne fera que mettre en relief la présence abertzale propre à notre territoire et amplifier son enracinement.