
La femme est la face cachée de l’humanité. Certes on la regarde beaucoup, mais de quelle façon ? L’on ne voit guère ses deux principales qualités : son travail et son intelligence. Son travail passe souvent sous les radars : elle assure pourtant les tâches les plus utiles à la vie, à la santé, au bienêtre. Son intelligence fine et vive déconcerte, donc on la tient à l’écart, car elle ne se limite pas à la grosse logique hors-sol si commode à gérer : elle fouine dans toute la réalité en mobilisant ensemble les diverses facultés humaines dont certaines restent à élucider par la science. L’intelligence féminine dérange un masculin bien assis sur des certitudes carrées, alors que le monde est courbe et tournant. Cette ignorance du travail et de l’intelligence des femmes est une profonde injustice à leur égard, mais aussi une perte colossale pour l’humanité, surtout pour sa vie publique ainsi privée de la moitié au moins de son génie qui reste encore trop confinée.
Au point de vue éthique et moral il me semble que la femme en général n’est ni meilleure ni pire que l’homme, et pourquoi le serait-elle, faisant partie de la même humanité ? Mais longtemps l’homme l’a forcée à être bien meilleure que lui pour se dispenser d’être bon lui aussi, car une bonne personne doit beaucoup se gêner pour les autres, et mieux vaut se faire servir. Aujourd’hui les femmes occidentales refusent cette inégalité. La subtilité de l’intelligence féminine, son intuition est-elle d’origine naturelle, ou bien culturelle ? Difficile à dire. Mais on commence à savoir que de façon générale beaucoup de différences entre les deux genres viennent de l’éducation et de l’histoire. Quand on a la force ou qu’on croit l’avoir, on tend à s’en servir sans se casser la tête, d’autant plus qu’elle donne un certain pouvoir, et la primauté masculine repose à mon avis sur notre force mécanique généralement supérieure à celle de nos compagnes, ainsi qu’à notre liberté de mouvement plus grande par rapport aux enfants. Par contre, si l’on est en situation de faiblesse relative et de subordination, on doit beaucoup réfléchir pour s’en sortir au mieux, et les femmes ont bien des occasions d’aiguiser les armes de l’esprit pour gérer de façon positive leur vie plus compliquée que la nôtre.
La révolution féministe est en marche, récemment boostée par le phénomène Me Too. Dans les pays démocratiques elle avait déjà obtenu de vraies avancées : ici l’égalité pour les femmes est inscrite dans la loi, mais il reste de quoi faire pour la concrétiser. De plus, la grande majorité des femmes dans le monde est loin d’accéder au même statut que les Américaines et les Européennes. Quand on voit l’enfer des Afghanes exclues de l’humanité !
Cette révolution est jusqu’ici la seule qui n’a pas versé de sang. Ses excès sont uniquement langagiers, notamment l’abus du mot « patriarcat » qui me paraît anachronique dans notre Occident où je constate l’effacement actuel de la paternité. Par exemple, quand un jeune banlieusard meurt dans un contrôle routier, les mères du quartier descendent en masse dans la rue pour protester. Où sont les pères ? Cependant le machisme n’est pas mort, il repart chez les enfants et les jeunes. Ici le macho n’est plus le père tout-puissant, mais le fils trop gâté. L’éducation et la lutte culturelle doivent établir l’égalité filles-garçons.