
Trois défenseurs des terres agricoles de Marienia comparaissent le mardi 11 février devant le tribunal de Bayonne pour des faits dérisoires tandis que sur le fond, la balle est dans le camp de la CAPB.
Un procès va se tenir à Bayonne le 11 février prochain à l’encontre de trois personnes présentes dans la salle du conseil municipal de Cambo du 10 avril 2024. Trois personnes sur la cinquantaine qui répondaient à un appel des paysans pour les aider à défendre leur outil de travail, à savoir le plateau agricole de Marienia, et pour protester face au refus du maire de dialoguer sur ce dossier. Malheureusement, quand au bout de deux heures de présence pacifique et bruyante dans la salle (les paysans étaient munis de cloches et de bâtons), le maire de Cambo a décidé de lever la séance, sans avoir instauré de dialogue, il a été pris dans un mouvement de foule et il a chuté. La presse était présente, les gendarmes aussi, la salle était comble. Il y a donc de nombreux témoins, au premier rang desquels le maire. A la question d’un journaliste qui lui demande s’il perçoit une volonté de le mettre au sol, il répond : « Je ne le pense pas. Il y avait de l’agressivité dans les regards, mais ils n’étaient pas venus pour nous agresser physiquement. Il n’y a pas d’altercation physique entre eux et nous. Il ne faut pas faire d’amalgame avec tout ce qui peut se passer ici ou ailleurs. »
Néanmoins, en octobre 2024, deux des trois militants qui passeront en procès sont brutalement interpellés à six heures du matin à leur domicile et emmenés menottés en garde-à-vue à la gendarmerie. Aux prétendues violences de la fin de l’action, on leur reproche… une dégradation du parquet de la salle du conseil municipal. Cette manière de faire des autorités ne va pas dans le sens de l’apaisement.
Un futur débat public par les élus de la CAPB
Le 11 février, un appel à mobilisation par les défenseurs des terres nourricières est de nouveau lancé à 13 heures, devant le tribunal de Bayonne, pour soutenir les trois militants.
On ne compte plus les mobilisations depuis dix ans maintenant, déclenchées en 2014 par la première tentative des propriétaires du plateau agricole de Marienia pour le rendre constructible. Dix ans d’actions, de mobilisations, d’initiatives diverses, la dernière en date se déroulant le 7 décembre dernier. Un rassemblement était organisé pour soutenir la démarche de plus de 60 élus de la CAPB qui ont demandé qu’un débat public se tienne au sein du conseil communautaire afin de trouver une solution pour Marienia. Car des solutions existent qui permettent de concilier la réponse aux problèmes du logement et la préservation des terres qui présentent un intérêt agronomique indéniable.
Jouer collectif ou jouer perso ?
Le permis de construire accordé à Marienia par le maire de Cambo n’est possible que parce que les élus de la CAPB ont voté un PLU qui a rendu Marienia constructible. Ce sont donc les élus de la CAPB qui peuvent corriger le PLU et apaiser les tensions.
« Le permis de construire accordé à Marienia par le maire de Cambo n’est possible que parce que les élus de la CAPB ont voté un PLU qui a rendu Marienia constructible. Ce sont donc les élus de la CAPB qui peuvent corriger le PLU et apaiser les tensions. »
Cette démarche ne relève pas d’une décision qui serait du seul ressort de Cambo. La protection des terres agricoles est un enjeu communautaire. Cambo ne peut pas jouer seule sa partition à l’encontre du jeu collectif de l’ensemble du Pays Basque. Le président de la CAPB a répondu favorablement au principe du débat. Mais, à l’heure où ces lignes sont écrites, celui-ci n’a pas encore eu lieu. Les conditions d’interpellation et la tenue du procès du 11 février soulignent encore plus l’urgence de l’organiser. Laisser s’enliser ce dossier serait au contraire un signal très négatif pour tous ceux qui demandent un dialogue, une possibilité d’échanger sincèrement, d’écouter la parole des professionnels du monde agricole qui attestent que Marienia est une terre nourricière de forte qualité. En attendant, une nouvelle fois, les défenseurs des terres agricoles, paysannes ou paysans, citoyennes ou citoyens, membres des associations vont se retrouver devant le tribunal de Bayonne par solidarité envers les trois militants soumis au procès.