L’inversion du calendrier électoral, plaçant la présidentielle juste avant les législatives, confirme une modification du comportement des citoyens. L’élection du Président s’affirme comme celle d’où l’essentiel découle et donne en conséquence une participation de haut niveau. Les législatives qui suivent perdent de ce fait de leur importance entraînant une abstention plus large. De 20% d’abstention le 6 mai dernier pour l’élection de François Hollande on est passé dimanche dernier 10 juin, pour le 1er tour des législatives, à plus de 40% soit 2% de plus qu’il y a cinq ans. Le Pays Basque n’échappe pas à ce phénomène. La poussée générale de la gauche en France se traduit en Pays Basque en un véritable basculement plaçant les candidats socialistes en tête dans les 4ème et 5ème circonscriptions et les trois députés de droite et du centre sortants en difficulté pour leur réélection dimanche prochain. On observe l’effondrement du Modem dans les 5ème et 6ème circonscriptions. Seul Lassalle, dans la basco-béarnaise, sauve les meubles du centrisme sur une terre ou il a régné durant cinquante ans. L’UMP n’échappe pas à un fort recul passant de 57.781 voix en 2007 à 38.923. Le Front National triple son score, il est vrai parti de très bas, pour obtenir 6,09%.
Dans la 4ème, la circonscription basco-béarnaise, Jean Lassalle Modem député sortant se retrouve à 8 points derrière le socialiste F. Maitia qui recueille 31,99% des exprimés. A remarquer que ce dernier, conseiller général de Garazi, fait plus de voix en Béarn qu’au Pays Basque ce qui prouve que les consignes politiques des grands partis ont joué à plein. Le jeune candidat UMP d’Oloron Marc Oxibar n’a pas atteint le seuil des 12,5% des inscrits et ne pourra donc pas participer au second tour. Ses 17,63% des voix seront évidemment courtisées par le sortant centriste qui, avec François Bayrou en mauvaise posture à Pau, demeure le seul candidat Modem éligible sur l’hexagone.
Dans la 5ème circonscription le député-maire de Bayonne UMP-Radical Jean Grenet est, pour la première fois de sa longue carrière politique, en mauvaise posture avec 30,36% des voix. Il atteignait en 2007, 43,21%. Cette perte de 13% est à mettre en regard de la forte poussée socialiste qui passe de 27,65% (Jean Espilondo en 2007) à 37,69% cette fois-ci avec Colette Capdevielle. Le tête à tête du second tour risque de tourner à l’avantage du PS car J. Grenet n’a pas beaucoup de réserves à droite.
Dans la 6ème si Michèle Alliot-Marie député sortante UMP arrive en tête on est très loin des triomphales élections du passé, souvent au 1er tour ou encore 48,88% en 2007. Ici aussi cette chute spectaculaire est à mettre en re-gard du bond en avant de sa traditionnelle adversaire la conseillère régionale socialiste Sylviane Alaux qui de 20,61% en 2007, arrive cette fois-ci à 31,55%. Le revers de la droite en France se double ici de la sanction politique infligée par Sarkozy à MAM l’an dernier lors de son équipée en Tunisie. Elle y a perdu son poste ministériel et du coup son étoile a pâli au Pays Basque. Au point que son comité de soutien qui comptait 21 des 25 maires de la circonscription est tombé à 14. De bons reports sur Sylviane Alaux peuvent mettre un terme à une carrière politique française conservatrice construite en Pays Basque.
Le vote abertzale
Disons d’abord que l’éclatement de la représentation abertzale n’a guère contrarié le bon score de la coalition Euskal Herria Bai qui devient pour la première fois la 3ème force politique d’Iparralde. Le PNV était présent dans deux circonscriptions obtenant 1,71% dans la partie basque de la 4ème et 1,75% dans la 6ème. EA se présentait en alliance avec Europe Ecologie-Les Verts dans les trois circonscriptions. EH Bai progresse légèrement dans les trois circonscriptions et obtient au total 11.517 voix soit 8,89%, contre 10.663 voix et 8,11% en 2007. Ses candidats ont été très actifs sur le terrain et face aux medias. Dans la 5ème, l’avocate Laurence Hardouin qui a rejoint EH Bai et participait pour la première fois à un scrutin, a dépassé la barre des 5%.
Les élus abertzale de Biarritz-Autrement félicitent Peio Etcheverry-Ainchart du résultat du 1er tour d’Euskal Herria Bai et appellent pour le second tour à voter pour Sylviane Alaux afin qu’elle porte à l’Assemblée Nationale la loi créant une collectivité territoriale Pays Basque à statut particulier. Michel Poueyts, Maialen Etcheverry, J-M. Sorraits, Jakes Abeberry
Bizi
Parmi les candidat(e)s qui restent en lice pour le second tour, trois ont démontré leur indifférence à ces thématiques pourtant vitales et centrales pour l’avenir de nos sociétés, ou tout au moins leur incapacité à nous présenter leurs propositions s’y référant.
Bizi appelle fermement à ne signer aucun chèque en blanc, et donc à n’apporter aucune voix aux trois candidat(e)s: Michelle Alliot-Marie, Jean Grenet et Jean Lassalle.
Corse, Bretagne, Alsace, Savoie…
— Résultat historique en Corse où des abertzale accèdent pour la première fois à un second tour des législatives. Deux candidats de Femu a Corsica mettent en ballotage les députés sortants. Dans la circonscription de Portivechju, Jean Christophe Angelini obtient 21,23% et se retrouve en duel avec l’UMP Camille de Rocca Serra (33%), avec de solides marges de progression au second tour. Suivent Paul-Marie Bartoli (Majorité présidentielle): 16,81%, Dominique Bucchini (Front de gauche): 10,86%, Bernard Angelini (FN): 9,82%, Paul Quastana (Corsica Libera): 8,04% et Claudine Rodinson (LO): 0,23%.
Dans la circonscription de Bastia, Gilles Simeoni (24,73%) est en situation de triangulaire à 7 points du député sortant, l’UMP Sauveur Gandolfi-Scheit (31,19%) mais devant le Radical de gauche Jean Zuccarelli (23,55%). Suivent Tony Cardi (FN): 8%, Michel Stefani (FG): 7,14%, Ghjuvan Filippu Antolini (CL): 3,30%, François Baccarelli (Mouvement écologiste): 1,80% et Olivier Josué (LO): 0,29%.
Dans les deux autres circonscriptions, les candidats de Femu a Corsica réalisent de bons résultats également: Saveriu Luciani fait 10,79% dans la circonscription de Calvi et Romain Colonna 9,5% dans celle d’Aiacciu. Les candidats de Corsica Li-bera y obtiennent 6,19% et 6,63%.
— En Bretagne, pour la première fois l’UDB peut envisager la possibilité d’avoir un député. Dans la 4ème circonscription du Morbihan (Ploërmel), le candidat UDB Paul Molac bénéficiait d’une circonscription réservée à la Fédération Régions et Peu-ples Solidaires dans le cadre de l’accord entre EELV et le PS. Une circonscription des plus difficiles puisqu’elle était tenue jusque là par la droite. Il réalise 26,04% au premier tour et se trouve en tête des candidats. Il affrontera le fils Guéant (François) au second tour, UMP (25,78%), et sera soutenu par deux ministres socialistes, Le Drian et Le Foll. Les autres candidats: Jean-Luc Bléher (Alliance centriste) 14,73%, Charles-Edouard Fichet (DVG, dissident socialiste) 12,80%, Jean-Paul Félix (FN) 9;66%, Michel Guégan (Modem) 5;01%, Alain Le Guennec (FG) 4,12%, Alain Wester (Debout le République) 0,69%, Jean-Louis Amisse (LO) 0;60%, David Cabas (Solidarité et progrès) 0,59%.
— En Alsace, l’unique candidat d’Unser Land, Denis Lieb, dans la 7ème circonscription du Bas-Rhin (Zabern/Saverne), a réuni 9.70% des suffrages. Le meilleur résultat d’un parti autonomiste alsacien aux législatives depuis plusieurs décennies.
— En Savoie, dans le cadre d’un accord EELV et Région et Peuples Solidaires, le candidat du Mouvement Région Savoie (MRS) Gilbert Saillet, réalise 27,13% des suffrages. Il concours pour le second tour.