Economie économies par Pantxoa Bimboire

Peut-on parler de l’économie du Pays Basque sans séparer le sujet du contexte mondial? Sans doute non, mais nous n’allons pas attendre que l’humanité entière soit nourrie de sentiments altruistes pour faire quelque chose. Il s’agit donc sur le territoire d’avoir une approche durable profitable au plus grand nombre.

Constats socio-économiques
sur notre territoire Pays Basque
La dépossession de l’initiative territoriale au profit des grands ensembles régionaux ou hexagonaux. On dirige de moins en moins sur le territoire: les sociétés de taille moyenne sont proportionnellement en nombre plus faible. Cela est lié au phénomène de concentration qui, pour faire baisser les coûts, supprime les diversifications et les distributions en petits centres. L’investissement initial, qu’on appelle le ticket d’entrée sur la marché, pour les créer est de plus en plus élevé et le risque de moins en moins de mise dans un environnement qui bénéficie plus à l’installé dans son confort de salarié assuré qu’à celui qui ose, surtout en période tendue comme celles que nous allons vivre. Pour illustrer la concentration, tout se passe comme ce que l’on observe au niveau de l’hôtellerie de famille, des distributeurs d’essence indépendants, des minotiers, des petites surfaces de commerce alimentaire, des distributeurs de tabac, des agences immobilières indépendantes, etc. Tout pousse à cela: réglementation toujours plus sécuritaire, plus exigeante dont la mise en place est difficilement amortissable par de petites structures, flux de production qui n’apportent pas de valeur ajoutée dont on veut limiter l’impact.
Les opportunités du territoire s’appuient sur des modèles d’excellence ou de niche. On l’a dit et redit l’agroalimentaire se taille une belle part dans ces exceptions, mais aussi des créations technologiques type pharmaco-médicales, aéronautiques ou commerciales (mode), etc.
L’exploitation fermière et son modèle EHLG est aussi une vraie innovation dont l’exploitant a le caractère et le statut de chef d’entreprise, ses relations avec la clientèle, son mode de production diversifié, ses produits de caractère et quelquefois ses diversifications touristiques (tourisme à la ferme) sont de vraies réappropriations d’autonomie économique, même si les 32h par semaine ne sont pas d’actualité pour ce modèle.
Les succursales des grandes sociétés hexagonales ont un effet pernicieux en suscitant chez les salariés une recherche de confort (sécurité d’emploi, conditions de travail, avantages CE tels que logements de vacances, etc.). Dans certains cas nous finançons néanmoins ces conforts: par exemple électricité et transports chemin de fer facturés aux usagers en dessous des tarifs réels. Veolia, Vinci et autres gèrent de plus en plus d’activités, maintenant le territoire dans un état de douce léthargie et d’abandon de maîtrise. Il est vrai que les risques législatifs deviennent de plus en plus importants.

Comment constituer une force économique
Le grand thème de la recherche systématique de l’accroissement de la valeur ajoutée ici doit dominer, comme aussi la recherche, par tous les moyens, de laisser «tourner les euros» au pays. Cette réflexion banale peut s’avérer d’une grande utilité. Elle s’oppose dans sa conception au phénomène de concentration décrit dans les paragraphes plus haut.
Comment lutter pour se constituer une vraie force économique? Les acteurs des circuits courts, les courageux de l’agroalimentaire durable ou de caractère, les initiateurs de Hemen, Herrikoa, Clefe, Clej, Gfam, Ehlg, les Scops, les jeunes «fous», de quelque bord politique qu’ils soient, qui se lancent dans l’aventure de la création de richesse sont par ces quelques lignes salués et sont les vrais maîtres du territoire qui croit en son avenir.
Le décalage dans les aspirations sociales d’Abertzaleen Batasuna et la confrontation avec la réalité sont une notion qu’il faudra aborder sans se voiler la face.
Puissent ces décalages être compris par les aber­tzale, et puisse la séance économie d’AB qui aura déjà eu lieu le 30/8, faire partager ces enjeux aux participants. Ainsi le mouvement aura plus de chance de conquérir un électorat plus étendu et pourra plus peser sur la gestion collective.
Une digression, sans tabou, sur l’utilité du capital/patrimoine par opposition au capital/spéculatif, sa réappropriation populaire, sa rémunération équilibrée par rapport aux salariés, doit aussi être un champ d’investigation dans lequel AB doit quitter son costume de gauchisme conformiste pour adopter celui de réformateur, de progressiste plus adapté aux contraintes et défis d’Iparralde. Sans vouloir donner des leçons à des compatriotes dont j’estime les motivations et les engagements.

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