De retour de congés, il m’a été demandé de poursuivre mes chroniques poussives et lancinantes sur les mêmes thèmes éculés. Malheureusement, je ne vous parlerai pas de théories qui m’enchantent en ce moment, comme par exemple celle du primate aquatique (le singe barbotteur) lequel, certainement plus vraisemblablement que Lucy, censée s’être dressée debout dans la savane pour guetter le danger au-dessus des herbes, est le véritable parent des hominidés qui ont donné naissance à l’homo sapiens. Un jour que vous me rencontrerez aux fêtes de Baiona, je vous imiterai ce singe (en station debout, il y a 4 millions d’année, pataugeant en famille dans les lacs d’Afrique, permettant à son crâne de se développer, avec un système pileux s’appauvrissant…). Le propos désabusé que je tiens cette semaine et ma fuite en avant dans des considérations paléontologiques sont conséquence de faits qui me marquent dans ma vie professionnelle et sont responsables de ma perte passagère de moral et, oui, je suis ainsi…
Programmes de EH Bai
Sans conséquence puisque vous avez déjà voté et, bien qu’ayant soutenu la candidature EH Bai sans faille, il faut néanmoins que j’ose proposer des améliorations en termes de positionnement de candidature. Celui de la 6e circonscription apparait comme une candidature de témoignage et, les éléments de programme bien que convenablement rédigés, ne s’appuient pas sur du concret. Sur la même circonscription, il faut l’avouer humblement, incontestablement, ceux du PNV-EAJ, sont construits, clairs et complets. Ils sont beaucoup plus convaincants et motivants pour l’électeur moyen. L’incidence économique et stratégie de développement y sont très nettement explicites et, déjà d’avant-garde par rapport au contexte local rendu fade par les sempiternelles références aux débats hexagonaux clivant et sans ancrage territorial.
La référence au 32h hebdomadaire (citée dans les meetings de soutien) ne me parait pas, non plus, ajouter sa part de crédibilité au programme, principalement encore et toujours, en cohérence avec le tissu économique du territoire.
Je relève un point dans le programme EH Bai de la 4e circonscription qui apporte une note intéressante: la référence à l’achat territorial.
L’achat Pays Basque
Cette indication citée plus haut, outre qu’elle soit «parlante» pour bon nombre de PME-PMI du Pays Basque (95% des entreprises d’ici ont moins de 10 salariés), est un véritable axe stratégique. Arnaud Montebourg et son ministère, dont le nom a changé pour une plus grande ambition, sont engagés dans «l’acheter français» (pour le plus grand bénéfice des habitants). Les embûches pour réaliser cela seront légion: textes régissant le commerce international, pièges européens, mais personne ne pense que M. Montebourg reste bras croisés devant l’adversité juridique. Bien que le favoritisme soit théoriquement impossible, nous savons tous que les Usa sur les contrats stratégiques (armement, aéronautique, etc.) en usent et en abusent.
Plus près de nous, vouloir introduire dans les appels d’offre des organisations d’Iparralde ces notions, est pourtant très utile économiquement et procède de la conscience territoriale. Des arguments sont pourtant disponibles. Le Conseil général a déjà procédé à une mini révolution en introduisant dans les achats des produits alimentaires des cantines scolaires et publiques des contraintes d’achat «biocal» (néologisme de local ou/et bio). C’est un pas courageux, conforté et par ailleurs initié par le «Grenelle» dont on n’a pas assez vanté les avancées, ayant été plombé par l’image Sarkozienne.
D’autres avancées sont à travailler dans d’autres organisations ou collectivités. Par exemple, toute organisation se prévalant de son ancrage territorial ou de ses valeurs de responsabilité sociétale, pourrait orienter plus facilement ses actes d’achat puisque se préoccupant de ses parties prenantes (ses ressortissants, ses clients, ses partenaires, etc.). Cela pourrait aussi s’appliquer aux trois Chambres CCI, CMA, CAGR, comme aux communautés de communes, etc.
La volonté de créer une monnaie territoriale est dans la même volonté de choisir que tout euro (ou eusko) qui rentre au Pays, n’en sort plus ou beaucoup plus tard.
En comptabilité, ce double enregistrement des espèces risque néanmoins d’alourdir les gestions des PME commerciales, mais ce n’est pas l’objet du propos qui est, tout d’abord, de louer cette prise de position lue dans un programme d’EH Bai de l’intérieur.
Marque territoriale
La marque territoriale, même si sa mise en place est longue et difficile, s’inscrit aussi dans cette volonté. En effet, qualifier le «produit en Pays Basque» ou le «élaboré en Pays Basque» (puisque vraisemblablement, il y aurait deux niveaux), permet de démarquer le savoir faire (si ce n’est le savoir être) et aide l’entreprise du territoire. L’achat territorial est aussi conforté par la mise en avant de la marque.
EH Bai et économie
Il me paraitrait utile, dans les mois à venir, que la réflexion économique puisse être un axe de travail pour asseoir le mouvement dans la durée. Les participations dans les instances civiles (CDPB par exemple, mais aussi, autres lieux de concertation et de dialogue) seront d’autant plus positives que la position de EH Bai sera argumentée et construite: l’achat territorial est déjà une idée forte.
Bouclage par rapport à mon propos initial
Plutôt qu’évoquer l’économie, qui me laisse ces jours-ci un goût amer, j’aurais pu continuer après «Lucy» par évoquer le «paradoxe du biface» qui prouve que le solutréen protobasque avait traversé l’atlantique, à plusieurs reprises, sans doute par la banquise (descendue au large de Baiona, lors de la glaciation de Wurms). C’est sans doute aussi pourquoi (pour plaisanter à moitié) j’ai découvert lors d’un voyage aussi imprévu que récent qu’en «Iroquois classique» la fumée se disait kea… Coïncidences qui me font plus rêver que la situation actuelle.