Les débats sur le cadre institutionnel suivent leur cours au sein du Conseil de développement et du Conseil des élus. Lors de l’Assemblée générale qui s’est déroulée jeudi 6 septembre, un texte demandant au gouvernement français d’étudier les modalités de création d’une Collectivité territoriale Pays Basque à statut particulier a été adopté. Jamais le débat institutionnel en Iparralde n’aura été aussi loin. Dans la méthode d’abord, la prise de position du Conseil des élus fait suite à des mois de travaux du Conseil de développement qui a abordé la question sous l’angle des politiques publiques nécessaires au développement économique et social d’Iparralde. La démarche a bénéficié du concours d’universitaires et tout a été fait dans la méthode pour qu’elle respecte les canons d’une stricte rigueur intellectuelle. Au niveau politique ensuite, le contexte créé par le processus de résolution et la Conférence d’Aiete a contribué à ce qu’un certain nombre de tabous sautent. Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans une situation unique dans l’histoire d’Iparralde, le concept de Collectivité territoriale Pays Basque à statut particulier recueillant l’adhésion de responsables politiques de tous les bords: du monde abertzale, en passant par les Verts, le PS, mais aussi le Modem et l’UMP. Et on peut affirmer que l’adhésion à ce concept est représentative d’une frange très largement majoritaire dans la société du Pays Basque Nord. Maintenant, le moment de vérité est arrivé, car l’Acte III de la décentralisation voulu par le nouveau gouvernement est en marche. Face à cette échéance, les ultra-jacobins locaux font monter la pression pour éviter toute forme de reconnaissance institutionnelle d’Iparralde et, déjà, certaines prises de position se font plus fébriles. Ainsi, par exemple, un élu PS comme Kotte Ecenarro d’Hendaye, que l’on croyait euskaltzale et soucieux de l’avenir du Pays Basque, s’est abstenu lors de la dernière AG du Conseil des élus… Le moment est grave, et il faut que nous en saisissions la dimension politique. Il requiert en priorité l’unité des abertzale. Nous sommes entre nous d’accord sur trois critères fondamentaux que devrait respecter l’éventuelle Collectivité territoriale à statut particulier. Premièrement, elle doit se situer à un niveau supra-départemental. C’est-à-dire qu’elle doit bénéficier de l’ensemble des prérogatives d’un département, plus un certain nombre d’autres compétences comme le transfrontalier qui répondent aux spécificités d’Iparralde. D’autre part, le cadre institutionnel doit être évolutif, et permettre ainsi les transformations qui seraient désirées dans le temps par la société. Enfin, il serait légitime que la population d’Iparralde soit consultée pour acter son soutien majoritaire au nouveau cadre institutionnel. Il est donc fondamental que les abertzale continuent de parler d’une même voix et d’agir collectivement et unis. La gravité du moment politique nécessite de plus une mobilisation la plus large possible au-delà du monde abertzale . Nous devons en particulier être vigilants aux initiatives qui seront proposées par la plateforme Batera. Entre tous ceux et celles qui désirent sincèrement que le Pays Basque devienne enfin une réalité reconnue et respectée, nous devons faire parvenir avec force au pouvoir parisien un message simple: le changement en Pays Basque nécessite un statut spécifique pour Iparralde et c’est maintenant! Nous ne devons rater aucun rendez-vous de mobilisation, car la montée au créneau des jacobins locaux nous fait toucher du doigt une perspective que nous ne pouvons accepter: celle d’une configuration où, une fois de plus, le Pays Basque ferait exception dans l’application d’un principe de décentralisation qui est prôné partout, même jusqu’aux plus hautes instances européennes comme le Conseil de l’Europe qui est porteur d’une Charte de l’Autonomie locale signée… par la France. Ce serait a fortiori encore plus inacceptable dans le contexte actuel du processus de résolution du conflit basque en cours.