Terrorisme par Jean Haritschelhar

Rien ne vaut la définition du dictionnaire, le Larousse en l’occurence.
Terrorisme: action politique violente d’individus ou de minorités, menée contre des personnes, des biens ou des institutions; ensemble de ces actes de violence (individuel ou collectif, le terrorisme peut être divers dans ses modalités (assassinat, prise d’otage, pose d’explosifs, sabotage, etc.) comme dans ses finalités: indépendance d’un territoire, renversement d’un régime politique, contestation de certains aspects de la politique d’un Etat, etc.).
La définition est à la fois minutieuse et complète. Le XXe siècle nous offre toute l’abondante palette du terrorisme, en particulier de terroristes devenus, par la suite, chefs d’Etat et souvent dictateurs. La révolution russe de 1917 est le fait d’une minorité qui s’imposa par la violence, spécialement avec Lénine et Staline et l’établissement d’un régime qui durera 70 ans. N’oublions pas que dans la résistance à l’occupant, entre 1940 et 1944, des actes de violence (de guerre menée par des clandestins) étaient qualifiés d’actes terroristes et par les Allemands et par le gouvernement de Vichy, parmi ceux-là l’assassinat de Philippe Henriot.
Hitler, même s’il est arrivé démocratiquement au pouvoir et donc, chef d’Etat légitime, s’est comporté en terroriste dans la mesure où il a semé la terreur dans toute l’Europe par l’intermédiaire des S.S, des S.A ou de la Gestapo, lui-même qui traitait de terroristes ceux qui le combattaient dans la clandestinité.
Le général Franco et le général Mola ont été des terroristes car ils ont mené une action politique violente, une guerre civile contre une institution qui était la République espagnole. Combien d’assassinats, en Navarre en particulier, dus à la répression exercée par Mola, l’exécution des seize prêtres basques par ceux-là mêmes qui menaient une croisade avec la bénédiction de l’épiscopat espagnol, les travaux forcés des prisonniers républicains qui travaillaient dans le fameux “Valle de los Caidos” à la gloire de celui qui, qualifié de rebelle aux débuts de la guerre civile, était devenu le chef d’Etat reconnu par tous les régimes politiques du monde entier. Je n’en excuse pas pour cela les exactions commises par les Républicains qui ne furent pas moindres, mais le chef d’Etat reconnu par tous n’en reste pas moins un terroriste, plus particulièrement pour les Basques, objets d’une répression singulière.
Ainsi naquit ETA, création de jeunes étudiants basques désireux de résister à l’oppression franquiste. Qualifié de terroriste par le franquisme puis par les divers gouvernements espagnols, ETA jusqu’au décès de Franco est accepté et soutenu par la majorité du peuple basque au moment du procès de Burgos et même applaudi lors de l’attentat contre l’amiral Carrero Blanco, successeur désigné de Franco.
La mort de Franco marque un tournant entre ceux qui veulent continuer la lutte armée et ceux qui pensent que le politique doit l’emporter sur le militaire. C’est ce que les gouvernements espagnols n’ont jamais compris tellement leur seul but était de mettre ETA à genoux, mais qui est une réalité confirmée par l’absence d’attentats depuis trois ans et la fin des combats à la suite de la conférence d’Aiete depuis un an.
Mais la paranoïa gouvernementale est à la recherche de complices: le journal Egunkaria et son directeur, arrêté, torturé, puis blanchi et qui a fait condamner l’Etat espagnol par l’Europe à 20.000 euros de dommages et intérêts; la dernière en date étant Aurore Martin livrée à l’Espagne par le gouvernement français à la suite d’un mandat d’arrêt européen que la justice française n’a pas été capable de récuser, tellement les faits reprochés correspondent à un délit d’opinion, et cela, paraît-il, dans la patrie des droits de l’homme.

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