En cette veille des fêtes de Bayonne où j’écris ces lignes, j’aurais plutôt l’esprit taquin. Pourtant, l’envie de revenir sur les élections législatives me taraude du fait de n’avoir point écrit dans l’édition mensuelle précédente de début juillet.
Il faut dire que je n’ai pas eu le nez creux lors de ma chronique de fin avril, essayant de supputer sur les résultats électoraux à venir : “Mais l’après présidentielle risque de revêtir un joyeux bordel. Surtout si Emmanuel Macron est élu au trône suprême. En effet, les législatives risquent d’infirmer, pour la première fois, le résultat ‘complètement flou’ pour paraphraser le Canard enchaîné sur ses supputations du premier tour (…) L’ancien banquier d’affaires aura sûrement beaucoup de mal à constituer une majorité de députés issue de ses rangs. Les candidat(e)s estampillé(e)s ”En marche”, souffrant d’un déficit de notoriété, auront du mal à se faire élire.”
Malheureusement ce qui advint, infirma mes dons divinatoires. Grâce à Jupiter, je ne suis pas le seul à m’être fourvoyé de la sorte. Le responsable de la publication du journal Enbata, lui-même, était persuadé fin mai (1) que le candidat abertzale de la VIe circonscription (Biarritz à Hendaye) serait au second tour. Faisant passer son score de 9,78% (2012) à 12% cette année, Peio Etcheverry Aintchart obtient un score insuffisant pour faire la bascule. Nul n’est prophète en son Pays Basque d’autant que ce même candidat a considéré dans ce même journal que son score, dans la cité chère à l’impératrice Eugénie,(mère patrie de notre père à tous) a plombé (avec 4%) son résultat global dans la circonscription.
A l’ouest, rien de nouveau
Il est vrai que les résultats des législatives sur le BAB et Boucau, (soit 45% des inscrits du Pays Basque Nord), sont souvent désespérants pour les abertzale de gauche (2) et aussi parfois pour Europe Écologie les Verts. Si ma calculette voit juste, le résultat des premiers n’atteint pas les 5% (4,93% exactement et 2.234 voix) avec pourtant une candidate de qualité, Laurence Hardouin. Le score des Verts, lui, arrive tout juste à 4% et 1.809 suffrages dans cette ceinture urbaine. Il serait temps de faire une vraie introspection si les uns et les autres souhaitent, toutefois, sortir des candidatures de témoignage. Car finalement, quel intérêt à se présenter pour flirter avec les 5% si ce n’est pour se compter (on connaît à peu près les scores à l’avance), ou pour penser qu’on a raison tout seul mais que le peuple n’est pas encore convaincu ! Les campagnes d’affichage, aussi massives soient-elles, ne sauraient changer cette sempiternelle stagnation. Mener une même stratégie électorale sur le BAB et sur l’intérieur est aussi stupide que le front unique du Zazpiak bat initié dès les années 70. Il n’est que de constater une typologie de la population assez différente entre ces deux territoires avec un sentiment d’appartenance à l’identité basque bien plus fort en Soule, Basse Navarre et Labourd sud que dans l’équivalent de Nouméa la blanche. Et l’affluence importante d’une population exogène majoritairement sur le BAB vient rendre la tâche assez difficile pour les indigènes, souvent abertzale, soucieux de partager leur langue et culture aux fins d’une intégration idoine de ces nouveaux arrivants.
Alors que faire ?
Si une “réflexion stratégique” s’impose, celle- ci doit se faire de façon globale et sans copier-coller ni avec le Pays Basque Sud et encore moins avec la Corse qui possède un contexte, une histoire, des institutions, une population, une insularité sans commune mesure avec la nôtre. De même, penser que les abertzale sortiraient de l’ornière sur le BAB en se présentant “en force autonome, notamment aux municipales” est une vue de l’esprit. Ce serait bien mal connaître ce territoire et sa population hétéroclite. Au contraire, les scores des trois ville du BAB aux municipales, en liste autonome n’ont jamais dépassé les 10% sauf dans le cadre d’une liste ouverte “à la société civile” comme à Biarritz en 1989 (12% des voix) ou en 1991 (14,50%) avec des candidats connus et fédérateurs comme Jakes Abeberry puis plus tard Peio Claverie aux municipales 2008 (12,66%) et aux cantonales de 2011 (14,18%). Anglet et Bayonne n’ont jamais atteint ces scores.
L’angélisme et l’incantation n’y suffisent plus. Pas plus que l’entre soi. Si nous voulons peser sur la vie publique et créer une société euskaldun, même au sein du BAB, cela passe forcément par des ponts tissés tous azimuts auprès de celles et de ceux, nouveaux ou anciens arrivants, avec qui nous partageons des valeurs communes.
Celles de la solidarité avec les publics fragiles, du combat environnemental, de la lutte contre les injustices et pour une meilleure répartition des richesses. Et, cela, en restant ce que nous sommes.
Vaste programme !
Dans l’attente, méditons, chers frères, chères soeurs, sur les pensées qui suivent :
“Dis moi qui tu fréquentes, je te dirais qui tu hais”, Francis blanche.
“Les électeurs infidèles ont parfois des remords. Les fidèles, eux, ont toujours des regrets”, détourné de Pierre Perret.
“Y’a des gens qui ont des enfants parce qu’ils ne peuvent pas avoir des chiens”, Coluche.
“L’expérience ressemble à un cure-dents : personne ne veut s’en servir après vous”, Roland Dorgeles.
“La psychanalyse est cette maladie mentale qui se prend pour sa propre thérapie”, Karl Kraus.
“S’il n’y avait pas les socialistes, le socialisme gouvernerait le monde entier”, Bernard Shaw.
“Les gens qui n’ont pas d’humour ne sont pas des gens sérieux”, Alphonse Allais.
“On dit que les Corses sont paresseux. Ce n’est pas vrai. Ils sont vite abattus, c’est tout !”, Laurent Ruquier.
“Passé 60 ans, quand on se réveille sans avoir mal quelque part, c’est qu’on est mort”, Ricet Barrier.
“Il ne faut jamais jouer à saute moutons avec une licorne”, Michel Shea.
“La vie après la mort est aussi peu plausible que le sexe après le mariage”, Madeleine Kahn.
“Quand on parle à Dieu, c’est une prière. Quand c’est lui qui nous parle, c’est de la schizophrénie”, Lily Tomlin.
“Ne vous fiez pas aux couples qui se tiennent par la main. S’ils ne se lâchent pas, c’est parce qu’ils ont peur de s’entre-tuer”, Groucho Marx.
“Ils se rencontrèrent, s’aimèrent et se marièrent. Puis ils ne firent qu’un. Oui mais lequel?”, Omer Dalors.
(1) Interview de Jakes Abeberry dans La semaine du Pays basque N° 1228 du 19 au 25 mai 2017.
(2) Ceux du PNV, classé au centre droit, oscillent eux, selon les circonscriptions, entre 0,84 % et 2,25 %.