Petite parabole amère-indienne

Carte des principales concentrations amérindiennes aux États-Unis.

André GARO

Les films produits en masse par Hollywood sur l’histoire de la conquête de l’ouest américain ne donnaient, jusqu’au milieu des années 50 que le point de vue des « blancs » en lutte contre les « sauvages ». Ils illustraient l’idée de guerre de civilisation qui prédomine toujours dans la vision étasunienne du monde et dans celle de ses alliés (1).
De nombreux historiens ont étudié cette période-clé de l’histoire et de l’imaginaire occidentaux. Je me baserai principalement sur le chapître 7 de L’histoire populaire des États-Unis, d »Howard Zinn intitulé : « Aussi longtemps que l’herbe poussera« .

Je lui donne la parole :  « Le déplacement des Indiens, euphémisme alors en usage, permit l’installation de familles blanches sur leurs terres ancestrales. Le coût en vies humaines ne peut être estimé avec précision, quant aux souffrances elles sont incommensurables. La plupart des manuels scolaires passent d’ailleurs rapidement sur tout cela« .

Les données chiffrées abondent dans ce livre. Je m’en tiendrai à une seule : « En 1820, 120 000 Indiens vivaient à l’est du Mississipi, en 1844 ils n’étaient plus que 30 000. » La grande majorité vivait dans des réserves, les « prisons à ciel ouvert » de l’époque (2).. L’alcool, la faim, les agressions des militaires ou des colons, la destruction méthodique des piliers de leur civilisation (langue, religion, lien étroit avec la nature) ont eu raison de leur résistance. »

Un des idéologues de cette politique génocidaire, Lewis Carr a déclaré :  » Des peuples barbares dépendant des produits précaires de la chasse pour leur subsistance ne peuvent survivre aujourd’hui au contact d’une société civilisée. » Le président Andrew Jackson en fera son secrétaire d’état à la guerre. A ce titre il sera le principal artisan du Indian Removal Act (removal=déplacement) qui a entraîné l’exil forcé de 60 000 Cherokees, Seminoles, Choctaws, Chicksaw et Creeks à l’ouest du Mississipi. Beaucoup mourront en route, victimes de la faim et du froid qui favorisaient les épidémies. (3) & (4).

Ces cinq peuples ont souvent fait de la résistance passive à cette politique de spoliations et d’expulsions, ils ont parfois tenté de s’intégrer. Il y a eu également des révoltes et des massacres commis par les peuples amérindiens. L’un d’eux, en 1836, l’assassinat de cinq blancs, à entraîné une terrible répression n’épargnant ni les femmes ni les enfants et été le prétexte du déplacement forcé des Creeks vers l’est. Une minorité à rejoint les Séminoles de Floride, le peuple qui a le plus résisté aux blancs à cette époque en menant une guerre de guérilla dans les bayous de Floride. Mais eux aussi ont été finalement vaincus et exilés. (5).

Il y eut quand même des Justes à cette époque, en particulier un sénateur du Kentucky : Henry Clay, qui dénonçaient la politique d’Andrew Jackson. Il ne réussirent cependant pas à empêcher le vote du Removal Act.

(Petite remarque : je n’aborde que la première moitié du XIXème siècle, le génocide des Indiens va s’amplifier après 1850 … à l’ouest du Mississipi).

Mon petit texte aurait pu s’intituler « parabole algérienne, maorie, ouïgour … « 

(1) M. Galant, ministre israélien de la défense, le 10/10/23 : « les Palestiniens sont des animaux humains ». M. Smotrich politicien israélien, le 21/33/23 : « les Palestiniens n’existent pas » (Source : Human Right Watch). Aux États-Unis Ronald Reagan, lui-même ancien acteur de westerns de série B ou C, a souvent repris ce type de discours.

(2) Terme utilisé à propos de Gaza avant les bombardements, par Maryse Burgaud reporter à France Télévisions, Rony Brauman et quelques autres.

(3) Les Turcs ont répété l’opération 60 ans plus tard pendant le génocide arménien.

(4) 2009 : Opération Plomb durci : 1300 Palestiniens dont 400 enfants tués par les bombardements. 2014 : 2000 Palestiniens tués pendant l’opération Bordure protectrice qui faisait suite à l’enlèvement et au meurtre de trois adolescents israéliens. (Source : Bureau des Nations Unies pour les affaires humanitaires)

(5) John Ford en a tiré un très beau film crépusculaire : Cheyenne Autumn en 1963. Son commentaire :  » J’ai voulu pour une fois montrer le point de vue des Indiens. Soyons francs, nous les avons très mal traités. C’est une véritable tache sur notre conscience. Nous les avons trompés, volés, assassinés. Eux il suffisait qu’ils tuent un seul blanc et la troupe rappliquait aux galop. » (Pas mal pour celui qui a mythifié dans ses films la cavalerie américaine)

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Une réflexion sur « Petite parabole amère-indienne »

  1. Remarquable éclairage sur cette sombre période américaine, malheureusement précédée, suivie et subie par nombre de communautés humaines… Aujourd’hui d’ailleurs, mais, c’est une autre histoire ? Pas sûr…

Les commentaires sont fermés.