Étrange scrutin que celui de ce dimanche où les électeurs étaient invités à fuir tout contact physique, à se laver les mains, à tenir leurs distances… bien loin de la bonhomie habituelle, des bises et des poignées de main qui rythment les élections municipales dans les villes et les villages du Pays Basque, et qui cachent aussi les crispations. La gestion hésitante de la crise du coronavirus par le gouvernement a installé une ambiance anxiogène et dérouté plus d’un électeur. Dès lors, bien malin celui qui pourrait séparer, dans les intentions de vote ; les peurs irrationnelles de la sanction d’une équipe municipale ou les encouragements vers un camp.
A Biarritz, Urrugne, Hasparren, St Pée, Saint Palais, Biriatou, les sortants sont battus ou bien mal en point. On peut y voir un vent de dégagisme, mais cette première impression n’est pas confirmée dans d’autres villes. Anglet, Bayonne, St Jean Pied-de-Port, Hendaye confirment leur maire ou les équipes sortantes. Une lecture un peu plus fine laisse voir que les tendances ces élections européennes de 2019 se confirment : les écologistes alliés aux abertzale progressent. Il serait bien aventureux de tirer la moindre conclusion du faible score de la liste bayonnaise qui rassemble droite de la droite et extrême-droite, tant les facteurs locaux influent sur le scrutin. Dans le BAB, Jean-René Etchegaray à Bayonne, Claude Olive à Anglet, Emmanuel Alzuri à Bidart sont confirmés dans leur action en se positionnant clairement à droite pour les deux premiers. Mais au terme d’un mandat incroyable de retournements, de trahisons, d’affaires douteuses et de boules puantes, Michel Veunac est humilié en terminant cinquième sur sept listes à Biarritz, et Francis Gonzalez est en difficulté au Boucau. Sur la côte, le vote légitimiste joue en faveur de Jean-François Irigoyen à St Jean-de-Luz, mais à Ciboure et Urrugne les abertzale incarnent la sanction des équipes en place, tandis qu’à Hendaye les électeurs confirment leur choix de s’être allié avec le PS Kotte Ecenarro il y a six ans.
Douze heures après la proclamation des résultats, le doute est permis quant à l’organisation d’un second tour. Il restera en tous cas comme conséquence de ce premier tour la disparition de quelques notables. Barthélémy Aguerre et Beñat Inchauspé échouent largement à St Palais et Hasparren, Michel Hiriart est battu à Biriatou. Le premier est toujours député suppléant du fantasque Jean Lassalle, mais les deux suivants n’ont plus de mandat politique. Si un second tour est organisé un jour, les abertzale -et je parle là d’EH Bai et les militants qui se reconnaissent dans ce mouvement-, pourraient continuer leur tranquille progression. Après Ustaritz en 2014, c’est Ciboure et Urrugne qui pourraient se choisir un maire abertzale, sans compter les autres communes où ils ont le choix d’une alliance pour entrer dans la majorité.
Vous noterez à Bidache l’essoufflement très net du système Lasserre : les sortants emmenés par le fils et le frère de… perdent 30 pour cent par rapport à 2014 ! Il y a du dégagisme dans l’air