Batera n’a pas ménagé sa peine pour faire campagne en faveur de l’EPCI unique. Après le vote positif des communes, quelle sera désormais la feuille de route du mouvement ?
C’est la question que s’est posée la quarantaine de personnes du réseau des militant-e-s de Batera réunie le 31 mai dernier à l’issue de la période du vote des communes pour analyser les enjeux et définir l’action de la plateforme pour les mois à venir. Exercice démocratique inédit dont tout le monde sans exception peut se réjouir, ce vote marque un point de non-retour dans la construction institutionnelle du Pays Basque. Encore faut-il qu’il soit respecté par tout le monde et a fortiori, par les élu-e-s pour qui les principes démocratiques sont la base de leur engagement. A court terme et durant l’été, la priorité retenue est donc de soutenir la construction de la Communauté Pays Basque en invitant la population et les élu-e-s à participer à une expression publique forte dans un cadre festif le 27 juillet, 1er jour des fêtes de Bayonne, ainsi qu’à l’occasion des fêtes de Maule, Garazi et Sara.
Etape cruciale
Mais d’ici à décembre c’est une étape cruciale que nous traverserons, celle de la préfiguration de la Communauté Pays Basque. Accords et pactes politiques sur les compétences, la fiscalité et la gouvernance vont être élaborés. Les statuts vont être rédigés. A cet égard, le travail déjà réalisé lors des ateliers d’Hasparren constitue une base de départ précieuse. Batera a décidé d’exercer une veille citoyenne sur les travaux du Comité de pilotage chargé de la préfiguration et poursuivra son travail d’information auprès de la population car nous sommes toutes et tous directement concerné-e-s par l’architecture institutionnelle du territoire.
Batera sera particulièrement attentive à la concrétisation des trois autres points de sa plateforme dans les statuts de l’EPCI : politique linguistique, politique agricole, enseignement supérieur. A partir de 2017 et la mise en route de la Communauté Pays Basque, c’est une réflexion de fond qui sera engagée par rapport à l’avenir.
Qu’a représenté Batera depuis 2002 ?
Une dynamique sociale trans-courants politiques en faveur de la reconnaissance territoriale et linguistique et l’obtention d’outils pour un développement au service de la population. Une alliance stratégique entre quatre secteurs portant chacun une revendication spécifique et choisissant de mettre leurs forces en commun pour étendre leur influence au sein de la société et construire un rapport de force vis à vis des pouvoirs publics. Aujourd’hui quelles sont les perspectives concernant les quatre revendications que la plateforme a portées? La revendication autour d’un pôle universitaire est clairement à reformuler au vu des évolutions importantes, législatives ou autres, de la dernière décennie. Entre changements constitutionnels avortés, propositions de lois rejetées, charte européenne mille fois promise mais jamais ratifiée, la reconnaissance juridique de la langue basque paraît inatteignable en pays jacobin.
Le travail réalisé à Hasparren
constitue une base de départ précieuse.
Batera exercera une veille citoyenne
sur les travaux du Comité chargé de la préfiguration.
Situation modifiée
Une institution Pays Basque peut-elle entériner une co-officialisation de fait ? La chambre d’Agriculture du Pays Basque reste-t-elle une revendication d’actualité alors que Ehlg s’est inscrite dans le paysage et contractualise avec plusieurs institutions ? Enfin comment agir pour l’obtention de la Collectivité territoriale à statut particulier, plus simple et démocratique qu’un EPCI de 158 communes ?
Lancée par cinq associations rejointes par une centaine de structures associatives ou syndicales, Batera a gardé une structure souple : pas d’adhésions formelles, une AG ouverte pour définir les orientations et campagnes, un groupe-moteur pour les mener à bien, des commissions ponctuelles pour les organiser et un large réseau de militant- e-s et sympathisant-e-s mobilisé à l’occasion de chaque campagne.
Mais en 14 ans d’existence et de luttes la situation a pas mal changé. Si parmi les fondateurs, ELB et Euskal Konfederazioa sont toujours actifs, le collectif d’universitaires s’est dispersé de même que les deux associations en faveur du département. Si des acteurs comme LAB ou la CFDT ont accompagné l’action sans interruption, les liens avec beaucoup de structures ayant signé la plateforme se sont distendus ou ont disparu.
Batera doit-elle continuer telle quelle, évoluer, se structurer différemment, laisser la place à autre chose ?
La structure institutionnelle étant créée, l’heure n’est-elle pas aux forces politiques défendant chacune son projet politique pour le territoire ?
Autant de questions à approfondir afin de définir une vision stratégique pour la décennie à venir.