C’est la question à laquelle l’ensemble des intervenants du Forum 21 le jeudi 23 avril dernier à Bayonne ont tenté d’apporter des réponses.
Erosion, submersion, inondations, phénomènes climatiques violents, répétitifs et très localisés étaient au menu des réflexions tout au long de la journée.
Le matin, six tables rondes réunissaient environ une centaine d’agents des collectivités de l’agglomération autour des sujets comme la mobilité, la protection de l’eau, le mieux vivre en centre-ville ou encore la construction d’un nouveau partenariat avec les citoyens.
Des projets concrets ont fait l’objet d’échanges constructifs qu’il s’agisse du dernier kilomètre de livraison, du réseau de chaleur biomasse, des plans de déplacements mais aussi de la question éducative ou encore de l’éco-réhabilitation.
Pour la première fois, un vrai partage entre agents des différentes villes de l’agglo et des réflexions sur les énergies renouvelables, le plan local d’urbanisme intercommunal, les pistes cyclables, tout est passé au filtre des
compétences des différents services.
Transversale aussi la représentativité puisque que l’on soit chef de service ou agent d’exécution tout le monde s’inscrivait dans les mêmes cercles de discussion !
Il faut souligner que grâce à la complicité des Ethiopiques le lancement des travaux est revenu à un représentant de la nation Sioux qui a expliqué l’importance du cercle dans sa culture, ce cercle ou tout le monde est au même niveau et où tout le monde peut regarder son interlocuteur en face. Et c’est donc sous cette symbolique que le remue-méninges s’est mis en place !
A 14 heures, les conférences ouvertes au public débutaient par une présentation du plan climat de l’Acba, suivie d’une intervention de Sylviane Alaux qui au nom du Conseil des élu-e-s rendait compte de l’étude “Climagri” sur les leviers de la transition énergétique pour l’agriculture et la forêt en Pays Basque. Le secteur agricole représente 40 à 50 % des émissions totales de gaz à effet de serre en zone rurale, il est donc indispensable de disposer de données fiables et de travailler à la recherche de solutions en mettant en place une stratégie efficace.
Cette mise en bouche liée à deux échelles territoriales du Pays Basque ouvrait la porte, après un intermède musical, aux propos de Francis Grousset climatologue pour évoquer le remarquable rapport sur les impacts du changement climatique en Aquitaine. Les changements attendus amèneront des effets conséquents sur la disparition et l’apparition de certaines espèces de la faune et de la flore.
Déjà des poissons disparaissent du golfe de Gascogne remontant plus haut en raison du réchauffement de l’océan tandis que d’autres apparaissent plus connus jusqu’ici au large du Sénégal… Des bouleversements importants dans la biodiversité qui ne seront pas neutres sur nos pratiques culturales, si l’on relève par exemple l’évolution déjà perceptible en matière vinicole. Les vendanges débutent environ un mois plus tôt,
des cépages comme merlot ou cabernet-sauvignon auront plus de chances dans l’avenir de prospérer en Belgique que sur les bords de Garonne !
Actuellement les chercheurs de l’INRA travaillent sur des cépages plus utilisés dans le sud de l’Europe pour envisager une extraordinaire révolution de nos pratiques vinicoles.
Un public d’environ 300 personnes écoutait avec une exceptionnelle attention cette vision sur un monde déjà en profonde transition et mesurait les efforts considérables qu’il faudrait accomplir pour pouvoir s’adapter.
La dernière intervention revenait à Jean Jouzel, vice-président du GIEC, qui nous entraînait lui sur une strate planétaire en abordant le 5ème rapport du groupement des experts climatiques. Il devait rappeler que si nous poursuivions au rythme actuel avec le scénario le plus pessimiste c’est-à-dire le dépassement du seuil de 2°C supplémentaires d’ici la fin de ce siècle, l’emballement des impacts irréversibles et imprévisibles était à prévoir.
“Nous alertons depuis plus de 25 ans et vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas au courant” lâchait-il dans son propos, expliquant qu’un renversement de tendance est encore possible pour peu que les comportements collectifs et individuels se modifient.
Convaincant et très pédagogique, il pointait la responsabilité de tous les décideurs, le niveau de la mer va augmenter de façon certaine, s’il faut envisager des protections pouvant atteindre de 1 à 1,5 m supplémentaires
il est nécessaire de se poser dès aujourd’hui la question de l’implantation des activités humaines sur les côtes et dans les estuaires. Un monde nouveau est en gestation, il faut que chaque décision intègre l’ensemble de ces données, et les réponses sont aussi urgentes au niveau des dirigeants de la planète que de chaque maire, industriel ou citoyen !
Le Forum a apporté sa pierre à l’édifice de la connaissance, il est nécessaire maintenant de concrétiser cela par un véritable engagement !
« 40 à 50 % des émissions de gaz à effet de serre sont d’origine agricole en zone rurale », dis-tu. Mais cela représente quel pourcentage du total? Et quel pourcentage du total représente la circulation automobile des zones urbaines avec ces kilomètres de queues quotidiennes? L’autre jour j’ai mis 20 minutes pour aller du carrefour Av Foch/Allées Paumy à St Pierre d’Irube. Et l’on veut développer encore plus les villes!
Quels « échanges constructifs » ont précédé la décision de créer une zone industrielle sur les hectares que la nature avait prévue à Mouguerre pour les inondations séculaires et la zone Ikea sur une autre zone identique? On y a surélevé le sol de 3 ou 4 mètres. Pourquoi? Où ira cette eau quand on verra une de ces inondations? Quels « échanges constructifs » avec les commerçants du centre?
Quels sont les partis qui ont mis ces projets sur leur programme électoral ? On est en démocratie?