Référendums évanescents

Gibraltar
Gibraltar

L’Edito du mensuel Enbata

Après 17 mois de négociations, Theresa May scelle, le 23 novembre, un divorce à l’amiable sortant le 23 mars prochain la Grande Bretagne de l’Union européenne. Le Brexit, voté par référendum le 23 juin 2016, trouve ainsi sa conclusion provisoire. Cet accord donné dans la douleur par son gouvernement, au prix de quatre démissions de ministres, est approuvé par l’autre partie, dimanche 25 novembre, lors d’un sommet extraordinaire à Bruxelles par les 27 pays membres de l’Union, malgré un chantage de dernière heure de l’Espagne sur le statut de Gibraltar.

Ainsi l’UE que beaucoup voient chaotique et vouent aux gémonies, a su, en l’occurrence, maintenir son unité parfaite d’un bout à l’autre de ces longues négociations avec la Grande-Bretagne.

Ce traité de séparation doit être ratifié d’une part par le Parlement de Strasbourg, ce qui paraît assuré, et d’autre part par la Chambre des communes de Londres à une majorité encore incertaine.

Theresa May, pour protéger le niveau de vie des Britanniques issu de 46 années d’une vie économique imbriquée dans l’UE, d’où elle importe 53% de ses biens et services et où elle exporte 45% de sa production, a su accepter de détacher l’Irlande du Nord de l’accord général.

Si l’ensemble du Royaume-Uni demeure dans l’union douanière mais se retire du marché intérieur, l’Irlande du Nord elle, continuera à bénéficier des deux statuts. Ainsi, il n’y aura pas de frontière physique entre les deux Irlandes. Elle sera reportée sur le bras de mer entre les deux îles sous forme d’un filet de sécurité (Backstop).

Le spectre du retour de la violence a conduit Theresa May à préserver les accords de paix avec l’IRA de 1988, sous l’égide de l’UE, déjà !

Durant une période transitoire allant du 29 mars 2019 au 31 décembre 2020, le Royaume-Uni jouira de tous les avantages (PAC, fonds structurels, recherche…) et supportera ses contributions au budget alors qu’elle n’aura plus droit au chapitre, perdant son commissaire européen, ses eurodéputés à Strasbourg, sa place au Conseil des ministres et ses fonctionnaires à Bruxelles.

Restant dans l’union douanière, elle relèvera pour ses différends, de la Cour européenne. Londres devra s’acquitter de 40 à 45 milliards d’euros pour sa part restant due au budget pluriannuel 2014- 2020. Tout est désormais suspendu à la décision du Parlement britannique qui, en Grande-Bretagne, est la seule source du pouvoir.

Contrairement à nos habitudes démocratiques continentales, le référendum au Royaume-Uni n’a aucune force décisionnelle. Il n’est qu’un indicateur de l’opinion de la société. On comprend dès lors la réticence à convoquer un second référendum qui ne pourrait en aucun cas résoudre l’inextricable Brexit.

Contrairement aux Britanniques et malgré son jacobinisme existentiel, la République française a cependant organisé le 6 juillet 2006 en Corse et le 7 avril 2013 en Alsace, des référendums ouvrant la voie à des institutions propres.

Hélas, par manque de majorité en Corse et pour ne pas avoir atteint le seuil de participation en Alsace, les résultats furent négatifs. Heureusement que la France utilise pour la Corse et l’Alsace la même manoeuvre parlementaire permettant de contourner le référendum sur la Constitution européenne de mai 2005.

C’est ainsi que l’Alsace, depuis le 4 novembre dernier, n’est plus divisée en deux départements mais est érigée en “Communauté européenne d’Alsace” par la grâce du bon-vouloir parisien, à la demande, il est vrai, d’une large majorité de ses élus et de la société civile. Elle fait certes toujours partie de la région Grand Est, mais elle incarne désormais la personnalité juridique jusqu’ici niée de ce territoire maltraité par l’histoire guerrière, ayant cependant maintenu sa singularité notamment par son droit local et son Concordat. Elle y ajoutera la compétence linguistique et le transfrontalier.

Alors que Batera réalise une intéressante analyse critique de deux années de vie partagée des 158 communes de nos trois provinces dans le cadre d’une agglomération, émerge plus fortement encore la nécessité de passer à l’étape supérieure, celle d’une institution spécifique. Le récent exemple alsacien doit nous conduire à emprunter la même voie du dialogue avec le pouvoir central.

Soutenez Enbata !

Indépendant, sans pub, en accès libre,
financé par ses lecteurs
Faites un don à Enbata.info
ou abonnez-vous au mensuel papier

Enbata.info est un webdomadaire d’actualité abertzale et progressiste, qui accompagne et complète la revue papier et mensuelle Enbata, plus axée sur la réflexion, le débat, l’approfondissement de certains sujets.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés par les dons de nos lectrices et lecteurs, et les abonnements au mensuel papier : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre.

« Les choses sans prix ont souvent une grande valeur » Mixel Berhocoirigoin
Cette aide est vitale. Grâce à votre soutien, nous continuerons à proposer les articles d'Enbata.Info en libre accès et gratuits, afin que des milliers de personnes puissent continuer à les lire chaque semaine, pour faire ainsi avancer la cause abertzale et l’ancrer dans une perspective résolument progressiste, ouverte et solidaire des autres peuples et territoires.

Chaque don a de l’importance, même si vous ne pouvez donner que quelques euros. Quel que soit son montant, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission.


Pour tout soutien de 50€/eusko ou plus, vous pourrez recevoir ou offrir un abonnement annuel d'Enbata à l'adresse postale indiquée. Milesker.

Si vous êtes imposable, votre don bénéficiera d’une déduction fiscale (un don de 50 euros / eusko ne vous en coûtera que 17).

Enbata sustengatu !

Independentea, publizitaterik gabekoa, sarbide irekia, bere irakurleek diruztatua
Enbata.Info-ri emaitza bat egin
edo harpidetu zaitezte hilabetekariari

Enbata.info aktualitate abertzale eta progresista aipatzen duen web astekaria da, hilabatero argitaratzen den paperezko Enbata-ren bertsioa segitzen eta osatzen duena, azken hau hausnarketara, eztabaidara eta zenbait gairen azterketa sakonera bideratuagoa delarik.

Garai gogorrak dira, eta badakigu denek ez dutela informazioa ordaintzeko ahalik. Baina irakurleen emaitzek eta paperezko hilabetekariaren harpidetzek finantzatzen gaituzte: ordaindu dezaketenen eskuzabaltasunaren menpe gaude.

«Preziorik gabeko gauzek, usu, balio handia dute» Mixel Berhocoirigoin
Laguntza hau ezinbestekoa zaigu. Zuen sustenguari esker, Enbata.Info artikuluak sarbide librean eta urririk eskaintzen segituko dugu, milaka lagunek astero irakurtzen segi dezaten, hola erronka abertzalea aitzinarazteko eta ikuspegi argiki aurrerakoi, ireki eta beste herri eta lurraldeekiko solidario batean ainguratuz.

Emaitza oro garrantzitsua da, nahiz eta euro/eusko guti batzuk eman. Zenbatekoa edozein heinekoa izanik ere, zure laguntza ezinbestekoa zaigu gure eginkizuna segitzeko.


50€/eusko edo gehiagoko edozein sustengurentzat, Enbataren urteko harpidetza lortzen edo eskaintzen ahalko duzu zehaztuko duzun posta helbidean. Milesker.

Zergapean bazira, zure emaitzak zerga beherapena ekarriko dizu (50 euro / eusko-ko emaitzak, 17 baizik ez zaizu gostako).