Revenu universel, revenu de base, dotation inconditionnelle d’autonomie… Les propositions sont nombreuses mais l’idée est de plus en plus partagée : que tous les individus reçoivent un minimum pour vivre dignement, et ce sans condition de ressources, d’activité ou autre.
Voici une petite contribution au débat, notamment, à la question récurrente de savoir si ce système ne risque pas d’inciter massivement à l’inactivité. C’est un texte recyclé puisque nous l’avions écrit avec un ami durant les mouvements étudiants contre le CPE en 2006.
Le mot «travail» vient de «trepalium» qui était un instrument de torture ! En 1939, le Larousse nous dit que travailler c’est la «peine que l’on prend pour faire une chose». En 1989, c’est devenu «l’activité déployée à faire quelque chose».
L’évolution de la définition révèle un changement du rapport au travail, nous avons oublié qu’il fut une peine, et celui-ci est aujourd’hui bien plus valorisé, au point d’être presque considéré comme la seule source de revenu légitime.
Mais cette représentation du travail ne va pas de soi ni dans l’histoire ni dans le monde. On pourrait très bien imaginer que le revenu soit déconnecté du travail. Cela pourrait se faire sans forcément révolutionner tous nos modes de fonctionnement grâce à l’idée du revenu universel : un revenu individuel, inaliénable, égal. Un revenu qui serait un droit, sans condition de revenu, de pointage, de famille.
Chacun peut faire le choix de se contenter de ce revenu ou bien, sans le perdre, de cumuler le revenu d’un travail. Mais ce dispositif ne peut fonctionner que si une majorité de gens travaillent pour payer des impôts.… Aïe !
Comment donc s’assurer qu’il y ait une majorité de travailleurs ? L’oisiveté n’est pourtant pas très attrayante et beaucoup préfèreront travailler à la condition que leur travail soit intéressant, épanouissant et diversifié et fait dans des conditions correctes.
Mais il existe certains travaux que personne ne voudra faire s’il n’en a pas besoin pour vivre dignement. Or, certains de ces travaux sont indispensables, au moins en partie, en particulier dans la production de bien de consommation courante.
L’humain pourra enfin faire
des choix de vie
plutôt que de se décider
sous la contrainte.
Et là une idée : ces travaux pourraient être fait par les étudiants (toutes sortes d’étudiants, de la philo en fac aux BTS en passant par les écoles de toutes sortes) en alternance avec leurs études ! Ainsi, plus personne ne sera condamné à accomplir un travail rébarbatif toute sa vie. Ces travaux seront accomplis par ceux-là même qui occuperont les postes les plus prestigieux plus tard.
Ces travaux mal-aimés mais pourtant indispensables perdront leur statut de «travail» pour devenir une sorte de service civil imposé à ceux qui souhaitent obtenir des diplômes. Le revenu universel, qui devient alors possible, permettra à ceux qui le souhaitent d’exercer des activités bénévoles que personne n’est prêt à rémunérer à plein temps.
Les diverses associations pourront se développer, créant par là même plus de lien social. Celui qui pour une raison ou pour une autre se retrouve en marge de la société et refuse d’entrer dans les structures d’insertion ne sera plus condamné à mourir ou à survivre de la charité.
Enfin, c’en sera fini de la crainte de se retrouver à la rue, perdre son emploi, ne pas arriver à joindre les deux bouts. Chercher un emploi ne sera plus une nécessité vitale.
L’humain pourra enfin faire des choix de vie plutôt que de se décider sous la contrainte.
Pour aller plus loin :
* Vincent Liegey, Stéphane Madelaine, Christophe Ondet et Anne-Isabelle Veillot: « Manifeste pour une dotation inconditionnelle d’autonomie: un projet de décroissance« . Voir l’article de présentation du livre « Pour en finir avec le Dieu Croissance » sur : www.bizimugi.eu/fr/articles-du-vendredi-selection-du-12-juillet-2013
* En euskara, émission Bizirik! sur le thème de la Dotation inconditionnelle d’autonomie : www.bizimugi.eu/fr/enregistrement-radio-basque-13
* Une initiative citoyenne européenne permet à 1 million de citoyens européens issus d’au moins sept pays de l’UE d’inviter la Commission européenne à proposer des mesures législatives dans un domaine relevant de sa compétence. Regarder la vidéo de présentation ci-dessous (3 petites minutes d’attention) et signer la pétition : http://revenudebase.info/initiative-citoyenne-europeenne !