Outre ses ennuis domestiques bien réels mais non insolubles, l’Europe a deux gros soucis incontournables : d’une part le changement climatique, de l’autre l’afflux des immigrés, et les deux phénomènes sont liés.
On ne peut pas le nier, ni l’ignorer, car les faits sont là, éblouissants.
En Syrie la guerre civile a été, sinon déclenchée, du moins fortement favorisée par une succession inhabituelle de graves sécheresses qui ont ruiné une bonne partie de la paysannerie, la poussant à migrer vers les banlieues urbaines.
En Afrique également le changement climatique est un facteur puissant de crise économique et sociale. En effet le désert dopé par nos combustions souffle son haleine de feu sur les deux rives du Sahara, au nord et au sud de celui-ci, affamant les troupeaux, réduisant les éleveurs à la misère, les forçant à quitter le Sahel pour grossir les bidonvilles des métropoles tentaculaires, et jetant la jeunesse sur les sentiers périlleux de l’exil, notamment à travers le coupe-gorge lybien : pour beaucoup d’Africains en dérive, c’est l’enfer (assassinats, racket, enlèvements, esclavage, prisons misérables, torture…).
La plupart des migrants qui abordent l’Europe ne viennent pas de Syrie, ceux et celles qui fuient ce pays en direction de notre continent étant retenus en chemin par la Turquie, conformément à un accord conclu entre la chancelière allemande et le président Erdogan. La Turquie abrite au moins deux millions de réfugiés, le minuscule Liban et la désertique Jordanie encore plus.
Quatre Etats européens sont directement impactés par l’afflux des migrants africains : la Grèce, Malte et l’Italie massivement, l’Espagne de façon moindre mais tout de même réelle à travers l’archipel canarien et les enclaves de Ceuta et Melilla sur la côte marocaine.
L’Europe ne peut pas laisser
la Grèce, Malte, l’Italie et l’Espagne
se débrouiller seules avec les réfugiés.
L’Europe ne fait pas grand chose pour aider ces quatre Etats dans l’accueil des réfugiés. De quel droit peut-elle les laisser se débrouiller seuls avec ce problème, alors qu’il concerne toute l’Union dont ils font partie intégrante ?
Ce manque total de solidarité ne peut que blesser un esprit normalement constitué, il est absolument illogique et irresponsable, d’autant plus que l’accord de Dublin oblige chaque pays d’accueil à garder ses nouveaux hôtes involontaires.
C’est ainsi que les immigrés d’Italie qui veulent entrer en France à l’est de Nice sont bloqués sur la frontière de Menton / Vintimille par la police française, contrairement au principe de la libre circulation des personnes sur tout le territoire de l’Union Européenne.
Le même phénomène se produit du côté de Calais, mais à l’envers, la France empêchant ses immigrés de s’embarquer pour l’Angleterre. L’Europe semble impuissante devant ce problème, incapable de construire une politique commune qui prenne en charge collectivement l’ensemble du problème, tandis qu’individuellement les Etats ne font pas ce qu’ils pourraient, sauf l’Allemagne qui fait plus que sa part.
Les pays de l’est ne veulent rien savoir, et la France est assez avare de ses efforts quoi qu’en dise son gouvernement. Si l’on réfléchit un peu, l’on voit bien que la solution ne peut pas être principalement policière.
Il faut s’attaquer aux sources, combattre les causes de la dégradation climatique, et l’on sait comment faire, mais il y faut une volonté sans faille qui n’apparaît pas encore clairement ; d’autre part favoriser le développement économique de l’Afrique, et chacun(e) peut y contribuer personnellement en aidant suivant ses moyens financiers des ONG comme CCFD-Terre Solidaire.
Mais l’ensemble des efforts personnels, aussi généreux soit-il, ne suffira pas à inverser la vapeur, il y faudra l’intervention massive des pouvoirs publics, et nos dons privés ne sauraient nous dispenser de notre devoir de citoyens du monde, qui est de forcer nos dirigeants politiques à leur mobilisation massive dans les deux domaines concernés : la protection du climat et l’aide aux réfugiés climatiques, les deux étant liés.