Les 400 places de l’amphithéâtre de l’université de Bayonne étaient pleines pour le Forum de la Paix organisé par Bakebidea le samedi premier mars. En plus de nombreux élus de tous bords, on notait la présence de délégués syndicaux, d’associations humanitaires ainsi que de plusieurs représentants des collectifs des prisonniers et exilés politiques basques, tous venus écouter les experts internationaux en résolution de conflits. Une bonne nouvelle pour « un processus de paix qui est surtout une transformation de la société, une nouvelle étape dans la transition démocratique« .
C’est par un trait d’humour que Brian Currin a évoqué ce 1er mars, dans un amphithéâtre comble de la faculté de Bayonne, son passage forcé la veille au commissariat de police. C’était, dit-il, la première fois qu’il avait pu directement expliquer le rôle du Groupe International de contact, devant des représentants de l’Etat français.
Une réflexion qui reflétait le ridicule de la situation mais aussi peu propice à rassurer les sceptiques sur l’avancement du processus de paix. Les deux convocations policières des différents acteurs internationaux ces derniers jours ne sont-elles pas simplement des signes envoyés par les Etats espagnol et français pour décrédibiliser les intervenants internationaux ? Une façon d’indiquer leur rejet de toute intervention étrangère dans le conflit au Pays Basque. Enfin, une manière de nier le conflit.
Le parti socialiste local quant à lui n’avait pas boudé l’invitation et était fort bien représenté par sa sénatrice, ses deux députées, plusieurs conseillers à la Région et au Département. De nombreux élus des deux côtés du Pays Basque et de sensibilités politiques très diverses étaient, malgré les campagnes électorales municipales en cours, venus montrer leur intérêt, voire leur soutien pour la démarche. On notait également la présence de nombreux délégués syndicaux, d’associations humanitaires ainsi que plusieurs représentants des collectifs des prisonniers et exilés politiques basques.
Le forum pour la paix n’est pas le lieu de révélations sur d’éventuelles négociations ou tractations entre les différents protagonistes du processus engagé. Elle est l’occasion d’une rencontre de la société avec des experts en résolution de conflits qui apportent leur vision de la situation et la richesse de leurs expériences passées (Irlande du nord, Yougoslavie, Rwanda…).
L’unilatéralité du processus au Pays Basque a été maintes fois rappelée. Pierre Hazan a souligné le rôle que peut jouer l’Europe même si les Etats sont encore «formidablement souverains». Selon lui, l’attitude de Paris et de Madrid sont contre-productives.
L’ancien secrétaire général d’Interpol, Raymond Kendall encore «traumatisé» par son interrogatoire de la veille au commissariat de Bayonne parlait quant à lui de «l’arrogance incroyable des Etats» et imaginait que le gouvernement basque et son Lehendakari pourraient jouer un rôle. Les derniers évènements lui laissent penser que les choses commençaient à changer et que le Lehendakari était sorti du simple statut d’observateur intéressé qu’il avait été jusqu’à présent.
Dans son discours de synthèse Jean-Pierre Massias affirmait que ce caractère unilatéral était un moyen d’amener de plus en plus de gens à rentrer dans le processus. « Il faut rendre aveuglant ce processus de paix à ceux qui ne veulent pas le voir… Ce processus est un défi face au déni, parfois même au mépris… Le processus de paix c’est surtout une transformation de la société, une nouvelle étape dans la transition démocratique… Il y a un devoir de conscientisation de la société civile. Il faut passer du constat d’échec à une phase d’initiatives. »