Reprendre pied

Canicule
Les périodes de canicule et leurs images étonnantes, en passe de devenir habituelles.

Il y a un peu plus de 15 ans, l’économiste Serge Latouche avait lancé le concept de pédagogie des catastrophes : les événements météorologiques extrêmes (comme la canicule de 2003) peuvent déclencher une prise de conscience générale de la gravité de l’évolution du climat, en nous faisant éprouver que le monde n’est plus comme avant. Il semble que la suite lui ait donné plutôt tort, tant on peine encore aujourd’hui à prendre au sérieux, globalement, la gigantesque menace que représente la perte irréversible de l’équilibre climatique dont l’humanité a bénéficié depuis le néolithique. Malgré une catastrophe objective (la canicule de 2003 emporta de l’ordre de 70.000 vies sur l’ensemble de l’Europe, dont environ 20.000 en France et autant en Italie), il semble que nous ayons, collectivement, du mal à éprouver les catastrophes comme points de bascule entre un avant révolu et un désormais qui nous pose des problèmes nouveaux.

Deux poisons : l’adhérence au connu, et l’habituation à la catastrophe

Les étés qui ont suivi 2003 n’ont pas connu en Europe de l’Ouest de conditions aussi extrêmes. Après un été hors normes, c’était une sorte de “retour à la normale”.

Or, il est bien plus reposant mentalement de se dire qu’on est de retour dans ce qu’on connaît après un épisode anormal, plutôt que de se dire qu’après cet événement hors normes il faudra désormais envisager les conditions de nos vies tout à fait différemment. Si en plus on peut s’appuyer sur des signaux qui nous arrangent (comme plusieurs étés sans canicule), inconsciemment le pas est vite franchi vers l’oubli de la catastrophe et vers le “business as usual”.

L’habituation à la catastrophe quant à elle ne concerne pas la perception des événements extrêmes, mais plutôt un glissement dans notre perception des événements habituels, ou qui le deviennent.

Quand des inondations ou des sécheresses autrefois centennales deviennent décennales, quand le record du “mois le plus chaud jamais enregistré” est battu chaque année, quand le fait que 1.000 vies soient détruites en moins d’une année en tentant de traverser la Méditerranée ne passe même plus aux infos générales (il est loin le temps où le corps sans vie du petit Aylan Kurdi avait bouleversé l’occident), la normalité s’est déplacée.

Nous nous habituons à la catastrophe, nous y devenons moins sensibles. Ce ne sont plus des vies en danger, ce sont des nombres dans un bruit de fond.

Analogie sanitaire : en mars dernier, un président surpris par un phénomène qu’il n’avait jamais envisagé s’est dit “en guerre contre ce virus”. Deux mois plus tard, un bilan de 30.000 morts était une catastrophe et les soignants étaient des héros. Puis le discours officiel a glissé de la guerre vers le “vivre avec”, nous avons connu une deuxième flambée épidémique qui a fait plus de morts que la première (beaucoup plus que la première ici en Pays Basque Nord), mais avec un bien moindre écho médiatique, nombre de soignants font des burnouts et/ou démissionnent dans l’indifférence générale, alors que les connaissances sur les séquelles de long terme de ce SRAS ou les mutations récentes du virus n’incitent pourtant pas à baisser la garde.

La surprise et la nouveauté avaient favorisé un esprit solidaire et uni au printemps. Mais cet esprit a peu à peu glissé, emporté par une nouvelle normalité bancale issue d’une part de la gestion malhonnête et à courte vue de la pandémie par les autorités, d’autre part d’une confusion informationnelle dont beaucoup d’éléments visent au fond à justifier un même message : vouloir vivre sans tenir compte des autres, vouloir consommer et voyager comme avant et que les faibles se résignent à leur sort avec philosophie. Le même genre de “business as usual” que celui qui nourrit l’inaction climatique et sociale.

Deux repères : le principe de précaution et l’entraide

Ces mécanismes de pensée nourrissant la barbarie individualiste pourraient presque nous faire oublier que nous sommes une espèce sociale qui a survécu à nombre de dangers pendant des milliers d’années.

Cela aurait été impossible si nos ancêtres n’avaient pas profondément intégré deux choses fondamentales :

  • Le principe de précaution, notamment vis-à-vis des événements extrêmes et des risques multiplicatifs : tel danger peut occasionner des dommages irréversibles si je m’y expose, et/ou affecter ma communauté en cascade incontrôlable, je ne vais prendre aucun risque avant d’en savoir plus.
  • L’entraide, découlant d’une compréhension intuitive de l’interdépendance (les conditions de ma vie sont d’autant meilleures et plus stables que celles des autres le sont) et des propriétés émergentes (un groupe humain est capable de plus grandes réalisations que ne le serait la somme des individus qui le composent).

Sortie des énergies fossiles, refus de la hiérarchisation des vies, stratégie proactive de suppression virale, construction collective par le bas, tout cela découle de ces deux principes intemporels.

Ces mêmes principes nous aident à reprendre pied dans ce monde devenant plus instable et imprévisible, où d’autres pandémies nous attendent parmi les effets collatéraux du changement climatique et où nous avons à cultiver et à défendre les conditions de nos vies et de celles de nos descendants.

Ni plus –c’est ce que l’humanité a fait pendant des millénaires–, ni moins –car ce que nous savons aujourd’hui nous en impose la responsabilité vis-à-vis de nos descendants.

 

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9 réflexions sur « Reprendre pied »

  1. Peut-être qu’à force de prédire des catastrophes, vous avez fini par en voir là où il n’y en avait pas.
    Dérision de nos prises de conscience devenues dogme religieux…

  2. De quelles prédictions parlez-vous, M. Euskalion? Quelles catastrophes ont été vues là où il n’y en avait pas? Soyons factuels, nous nous comprendrons mieux.

  3. Bonne interrogation, à laquelle je pourrais répondre par une autre question : selon vous, quel est le plus factuel, la létalité de la maladie Covid-19 ou bien le bruit qu’on a fait autour ?

  4. Dommage que vous ne répondiez pas à ma question. Que dois-je donc penser de votre commentaire initial?
    Je vais malgré tout tenter de répondre à la votre: la létalité d’une maladie et le bruit communicationnel sont deux éléments factuels, mais qui ne sauraient se mesurer avec les mêmes outils. L’un relève de l’épidémiologie et de la démographie, le second relève de la sociologie et des sciences politiques, voire de l’analyse des médias. Donc il est hasardeux de dire ce qui est plus factuel entre d’un côté un paramètre mesurable et de l’autre un phénomène relevant des sciences humaines. C’est comme si je vous disais « qu’est-ce qui est le plus factuel: le forçage radiatif induit par le CO2 atmosphérique, ou bien les articles de presse sur le changement climatique dans les années 2000? »

    1. Merci de votre réponse, Nicolas Goñi. Elle est claire… mais incorrecte, et donc ne peut répondre à ma propre question. En effet, les deux aspects -« matériel » et informationnel- du phénomène Covid-19 peuvent parfaitement être comparés. L’information traduit et aujourd’hui le plus souvent trahit la réalité épidémiologique et médiatique. Les statistiques, seule source d’information à peu près contrôlable et fiable concernant l’impact du covid-19 sur la population, démontrent que le Covid-19 est loin d’être une maladie aussi préoccupante que l’affirment les medias pour l’essentiel. Il y a donc un gros problème entre le bruit créé autour de l’affaire et la réalité sanitaire.
      Si nous étions restés à un débat d’idées, cela n’aurait pas eu plus d’importance. Or, ce sont nos conditions de vie, sociales et économiques, qui ont été extrêmement impactées par la politique gouvernementale, pas par le microbe, contrairement à ce que nous serinent quotidiennement les medias. La désinformation médiatique a été si puissante qu’elle conduit -je l’entends autour de moi- à un négationnisme, le plus souvent silencieux mais aussi parfois exprimé.
      Voilà pourquoi, Nicolas Goñi, proclamer des chiffres politiques et médiatiques de mortalité liée au Covid-19 est très dangereux, car ce faisant vous cautionnez la politique liberticide et sociocide menée par l’état avec la participation suractive et abominable d’un 4ème pouvoir qui ne supporte même plus la contradiction ; voir à ce sujet la menace avant-hier de Roselyne Bachelot (soutenue par des joualistes !!!) contre la parution du quotidien en ligne France-soir.
      Dans la même logique, mettre le Covid-19 au rang des catastrophes naturelles vous engage sur des rails qui ne mènent nulle part. Tout comme affirmer que la Terre est plate parce que la religion l’affirme n’a mené nulle part.
      Enfin vous parlez d’ « un esprit solidaire et uni au printemps ». Je le ressens comme une aberration et une insulte à la liberté individuelle qui a été violée à la même période. La seule forme d’expression mentale qui a dominé fut la peur, suscitée tout au long de la journée dans les medias par une avalanche de propagande uniforme (la seule chose « unie » à l’époque) et provocant une aliénation jamais observée à ce point, donnant sur des comportement grégaires répugnants d’uniformité. Les gens sont restés chez eux par peur de la répression (135 €) et non par « solidarité » : cela vous le savez fort bien. La « solidarité » que vous évoquez a été le refus tremblant de désobéir aux ordres de ce gouvernement dictatorial qui a supprimé le fonctionnement parlementaire pendant 2 mois. Les medias ont fonctionné comme un outil de propagande éhonté, donnant des ordres à la population, et organisant la cérémonie de la « solidarité » (par exemple le ridicule applaudissement des personnels soignants de 20h depuis les balcons, entre le dessert et le JT-propagande) pour singer une vie sociale confinée pour rien dans quelques dizaines de mètres carrés.
      S’il y a eu catastrophe, Nicolas Goñi, ce fut une catastrophe purement humaine, sociale et politique, celle dont nous ne sommes pas encore sortis car l’autruche du peuple continue à garder la tête dans le sable. Et ce n’est pas en niant cette responsabilité totale de notre civilisation que nous en sortirons. Aussi, inutile d’en appeler à la « pédagogie des catastrophes » et de partir en démonstrations jésuitiques quand on ne regarde pas ce qu’il se passe devant son nez. Si la population, à l’instar de ses « élites » refuse d’admettre qu’on la traite comme un bétail incapable d’investir son propre destin, comment voulez-vous qu’elle comprenne qu’elle doit s’investir dans sa survie en respectant son environnement ? Elle pourra subir toutes les catastrophes naturelles sans jamais en comprendre les tenants et les aboutissants. L’environnement, lui, il s’en fiche !
      Pour mieux réfléchir, aussi humblement que nécessaire à ce que nous vivons, je vous invite (humblement moi aussi) à lire les articles du blog de J-D Michel, Anthropo-logiques, ou encore de regarder les interventions du médecin Louis Fouché. Ces deux-là parlent sans crainte et sans a priori idéologiques. Et bazar, ça fait du bien de lire des choses pensées.

  5. Alors, reprenons, Euskalion Anonyme
    Vous dites: « Peut-être qu’à force de prédire des catastrophes, vous avez fini par en voir là où il n’y en avait pas. »
    Je vous demande lesquelles, histoire de savoir de quoi vous parlez. Vous ne répondez pas, puis me demandez ce qui est le plus factuel entre la létalité du covid et le bruit qu’on fait à son sujet.
    Je vous réponds que les deux sont factuels mais approchés avec des outils différents donc leurs « factualités » respectives ne sont pas quantitativement comparables (votre question étant qu’est-ce qui est le plus factuel entre les deux).
    Vous me dites, Euskalion Anonyme, que ma réponse est incorrecte, mais sans en apporter la démonstration.
    Puis vous poursuivez et je vois que votre interrogation n’était pas en réalité « qu’est-ce qui est le plus factuel entre la létalité du covid et le bruit qu’on fait à son sujet » mais plutôt « est-ce que le bruit qu’on fait au sujet du covid n’est pas excessif par rapport à son importance réelle ».
    Reconnaissez, Euskalion Anonyme, que ça va être compliqué de se comprendre si vous dites autre-chose que ce que vous vouliez en fait dire, puis me reprochez ensuite de ne l’avoir pas compris et de faire une répose « incorrecte ».

    Que la gestion de la pandémie ait salement affecté les conditions de vie de beaucoup de gens, c’est évident. Que le virus soit pour autant bénin ou d’une gravité relativisable, je ne suis absolument pas d’accord. La létalité dont vous parliez, Euskalion Anonyme, dans votre commentaire précédent, n’est pas le paramètre le plus important. La contagiosité, et le facteur de dispersion (« facteur K ») de cette dernière le sont beaucoup plus. Car ce sont surtout eux qui conditionneront le nombre de victimes, qu’il s’agisse de décès ou de séquellaires de long-terme (un problème dont nous n’avons pas encore commencé à comprendre le début). On s’inquiète beaucoup que les variants actuels génèrent pour certains une forme plus sévère de la maladie, pour ma part je pense que leur contagiosité est le déterminant majeur de leurs dégâts.

    Je vous cite « proclamer des chiffres politiques et médiatiques de mortalité liée au Covid-19 est très dangereux, car ce faisant vous cautionnez la politique liberticide et sociocide menée par l’état »
    Cette phrase est particulièrement confuse pour moi. Je ne saisis pas exactement de quoi vous voulez parler, Euskalion Anonyme, à propos de « chiffres politiques et médiatiques ». Je consulte pour ma part ceux mis en graphiques par Germain Forestier, qui fait un travail honnête à ce sujet, bénévolement et bien mieux que les agences payées pour ça.
    Mais quoi qu’il en soit, donner des chiffres n’implique nullement de cautionner quoi que ce soit.
    Que ce soit clair: la majorité des états d’Europe du Sud-Ouest (et beaucoup d’autres) a réagi très tard et très mal, et a remplacé le pragmatisme et l’efficacité par la démonstration de force militaire ou policière (jamais je n’oublierai les camions de l’armée pulvérisant de la javel dans les rues d’Izaba, ou les attestations à remplir pour aller marcher dans un rayon de 1km). Démonstration de force servant à donner une impression de maîtrise pour cacher leur impréparation et leur improvisation. Il eût été possible de faire autrement. Yaneer Bar-Yam, que je cite dans cet article, travaille depuis plus de 15 ans sur la question des pandémies. Le 26 janvier 2020, il y a un peu plus d’un an aujourd’hui, il avait publié cette mise en garde https://necsi.edu/systemic-risk-of-pandemic-via-novel-pathogens-coronavirus-a-note. L’eut-on écouté au lieu de nier et de minimiser, le virus serait derrière nous à l’heure actuelle et on aurait pu faire les fêtes de Biriatou par exemple, de la même façon que les pays qui ont éliminé le virus font des fêtes et reprenent une vie sociale.

    Concernant France Soir, c’est un sujet auquel je suis particulièrement sensible car Jacques Lusseyran a pour moi une signification toute particulière. Xavier Azalbert a racheté ce journal sur le déclin et en a fait une chose honteuse, devenu relai des délires sectaires de l’extrême droite américaine. Je ne sais pas si on pouvait faire pire injure que ça à Jacques Lusseyran. Si celui-ci était encore de ce monde, jamais chose pareille ne serait arrivée.

    Je vous cite « Enfin vous parlez d’ « un esprit solidaire et uni au printemps ». Je le ressens comme une aberration et une insulte à la liberté individuelle qui a été violée à la même période ».
    Et bien moi, ces propos que vous tenez, Euskalion Anonyme, je les ressens comme une insulte à la solidarité réelle que j’ai vue et à laquelle j’ai participé au printemps 2020. Bénévoles qui cuisinaient pour les soignants, réseaux d’entraide pour faire les courses pour des personnes fragiles, partage d’informations pratiques et confection collective de masques (pendant que les « ordres de ce gouvernement dictatorial » étaient de ne pas en utiliser) avec les moyens du bord, mise en commun de fonds pour aider des familles en difficulté, poursuite de l’aide aux migrants mis en difficulté supplémentaire, et tant d’autres gestes permettant de garder du lien, de faire comprendre à chacun(e) qu’il/elle importe et fait partie d’un ensemble.
    Que la peur ait été présente soit, c’est un sujet à part entière sur lequel il y aurait beaucoup à dire. Que de votre côté, Euskalion Anonyme, vous n’ayez peut-être pas participé à cette solidarité et n’en ayez peut-être rien vu à titre personnel car paralysé par la peur, si c’est le cas je ne le juge pas. Mais que sous le prétexte qu’il y ait eu de la peur vous niez la solidarité réelle qui a existé, ça je ne l’accepte pas.

    Je vous cite « Aussi, inutile d’en appeler à la « pédagogie des catastrophes » et de partir en démonstrations jésuitiques quand on ne regarde pas ce qu’il se passe devant son nez »
    Je ne sais pas ce qu’est une « démonstration jésuitique ». Mais, outre que concernant le fait de ne pas voir ce qui se passe devant son nez je vous retourne prestement le compliment, je note que comme plusieurs de vos phrases précédentes, cela relève du procès d’intention.
    Je donne des chiffres, donc selon vous cela cautionne une politique liberticide et sociocide.
    J’esquisse un parallèle entre perception de la pandémie et perception des événements climatiques extrêmes, vous déformez mon propos en « mettre le Covid-19 au rang des catastrophes naturelles » puis vous le comparez au fait d’affirmer que la Terre est plate (quel rapport?).
    Je parle de l’esprit solidaire, bien réel, qui a existé au printemps 2020, vous insinuez que ce dont je parle est « le refus tremblant de désobéir aux ordres de ce gouvernement dictatorial » puis vous extrapolez sur ce que bon vous semble.
    Je ne sais pas si vous réalisez, Euskalion Anonyme, à quel point vous vous êtes enfermé dans un système de pensée binaire dans lequel tout ce qui ne va pas dans le sens de votre interprétation des choses est automatiquement assimilé à une forme de complicité avec une instance liberticide. « Avec nous ou contre nous », c’est du George W. Bush dans le texte, celui qui prétendait voir des armes de destruction massive là où il n’y en a jamais eu.
    Du coup, cela oblige tacitement votre interlocuteur à devoir se justifier de chaque propos et à expliquer que oui c’est son analyse qu’il propose et que non il n’est pas sous influence de je ne sais qui etc. Parce-que, de votre point de vue, Euskalion Anonyme, il n’y a pas dialogue, il n’y a pas échange, il n’y a pas pluralité, mais il y a affrontement entre deux camps. À se demander s’il reste au moins une humanité commune. Ce genre de chose ne finit jamais bien.

    ps: Jean-Dominique Michel j’en ai fait vite le tour en avril dernier, de même que Fouché dernièrement. En résumé, le premier avançait un mélange de banalités philosophiques et d’erreurs scientifiques, pour conclure sur le fait qu’on pouvait laisser circuler le virus car ce n’est pas une maladie si grave. Je l’invite à aller faire un tour à Manaus où is ont appliqué des préconisations similaires. De mon point de vue inutile d’en dire plus. D’autres ont pris le temps d’une analyse plus détaillée sur le sujet, je vous y renvoie https://labur.eus/kSVeM également https://labur.eus/q71zw
    Le second est du même acabit.
    Il y en a eu d’autres, qui (peut-être sincèrement) disaient qu’on pouvait relacher les mesures de prévention et que le risque était derrière nous. Ils disaient également s’étonner que leurs propos soient beaucoup relayés par l’extrême droite. Pourtant ce n’est pas étonnant: laisser circuler un SRAS, outre le fait que ça cause des morts et des séquellaires de long terme, ces morts et ces séquellaires ne seront pas uniformément répartis dans la population. Un cadre sup qui télétravaille dans une grande maison, se fait livrer ses courses et peut se payer des masques de qualité pour quand il sort, sera beaucoup mieux protégé qu’une caissière à mi-temps mère célibataire qui vit dans un T2 avec deux enfants. Et pour beaucoup qui sont bien protégés, ça ne leur pose pas de souci que les pauvres s’infectent, tant que de leur côté ils peuvent conserver leur routine consommatrice. C’est une vision eugéniste de l’humanité, une hiérarchisation implicite des vies. Triste mais malheureusement pas surprenante, quand on voit par ailleurs comment les pays riches s’accaparent des doses de vaccin au détriment des pays pauvres.
    C’est peu de dire que l’approche eugéniste n’est pas ma tasse de thé. Outre qu’elle est moralement indéfendable, elle est stratégiquement stupide, car personne ne sera protégé tant que tout le monde ne sera pas protégé.
    J’aurais pu citer Martin Luther King: « In a real sense, all life is interrelated. All men are caught in an inescapable network of mutuality, tied in a single garment of destiny. Whatever affects one directly affects all indirectly. »
    Vous pouvez vous moquer de cette idée, de la taxer de « jésuitiques » ou que sais-je. Elle correspond pourtant bien à ce qui se passe devant votre nez. Que vous le vouliez ou non, un risque multiplicatif garde ses propriétés mutiplicatives. Que vous le vouliez ou non, l’interdépendance ne va pas cesser d’exister.

    pps: vous pouvez dézoomer un peu et enlever vos oeillères franco-françaises, Euskalion Anonyme

  6. Tout d’abord, vous n’avez pas besoin d’écrire Euskalion anonyme. J’écris ici sous un pseudonyme, n’étant pas une personne publique et je ne m’en porte pas plus mal. Que vous mettiez vous-même votre vrai nom m’importe peu : ce sont les idées que vous publiez ici qu’il m’intéresse de lire, pas votre CV.
    Comme votre réponse est très longue (et je vous remercie de cet égard pour ma critique) je vais essayer de lui faire honneur et de ne pas manquer de la comprendre avant d’y répliquer en tous points opportuns. J’espère sincèrement que ce « point par point » effectivement plus courant dans la forme des débats d’aujourd’hui va simplifier votre compréhension générale.

    1° « Vous me dites […] que ma réponse est incorrecte, mais sans en apporter la démonstration. » Pour plus de précision, je me référais à votre phrase « la létalité d’une maladie et le bruit communicationnel sont deux éléments factuels, mais qui ne sauraient se mesurer avec les mêmes outils ». Et j’y répondais en vous signifiant que les statistiques de mortalité couvrent incontestablement les deux domaines, puisque dans le premier elles servent l’analyse épidémiologique, et dans l’autre elles servent un discours médiatique et idéologique.

    2° « La létalité dont vous parliez […] n’est pas le paramètre le plus important. » et « leur contagiosité est le déterminant majeur de leurs dégâts », ajoutez-vous. Alors il faut que nous définissions cette l’importance de cette « létalité » (= risque d’entraîner la mort, pour rappel). Pour ma part, ce qui importe dans cette maladie est l’impact qu’elle -et elle seule- engendre sur la population humaine. Car c’est à elle seule que les médias et malheureusement un nombre trop important d’élites sociales attribuent environ 2,2 millions de morts dans le monde.
    Or d’une part ces chiffres fantaisistes ne s’appuient que sur des simulations et des estimations mal assises et très contestées dans le monde scientifique, que vous le vouliez ou non. Ou alors, apportez-nous la preuve de leur fiabilité. J’ajouterai que dans des cas significatifs (grande-bretagne en août 2020 par exemple, mais aussi en Italie) on a démontré que les autorités on falsifié volontairement ces données. Evidemment, il y a des infos qu' »on » préfère parfois ne pas voir, car elles gênent la lecture confortable qu' »on » a des événements…
    Par ailleurs, les statistiques concernant les séquelles que vous évoquez ne sont pas renseignées médicalement comme elles le devraient. Ou alors apportez-en la preuve. Un des problèmes fondamentaux que pose une crise sanitaire, est la définition de ses causes. Or ici la question des tests, nécessaires pour définir statistiquement l’étendue de la pandémie Covid-19 nous pousse à évoquer leur rareté, coût astronomique et impréparation des autorités obligent. De plus on largement démontré que ces tests très chers ne sont pas fiables, à cause d’une quantité énorme de faux positifs ou négatifs, mais aussi à cause de tricheries méthodologiques comme celle qui consiste à augmenter massivement les cycles d’amplification (Ct) pour déterminer la présence du virus. Mais ce genre de magouille ne semble vous gêner dans la gravité que vous attribuez au phénomène.
    Il est évident que si un virus présente une haute létalité ou produit des séquelles graves et nombreuses, son impact est préoccupant et appelle à une gestion ferme autant que mesurée. Mais dans le cas du Covid-19, cette létalité autant que la mortalité sont réellement indéfinissables. Notamment parce que la politique a circonscrit pendant de longs mois les problèmes de santé au Covid-19 en négligeant de manière frauduleuse et criminelle d’autres questions de santé : grippes saisonnières et autres maladies respiratoires cachées derrières des « cas » de Covid-19, cancers, isolement social et/ou économique, conditions insupportables et moralement inacceptables d’enfermement sur le long terme, et j’en passe… Votre Covid-19 a vu son importance réelle augmentée d’une foule de maux qui accablent les gens, naturellement ou par choix politique. Et il m’étonnerait que vous démontriez le contraire.

    3° Vous repartez sur un paradigme de la nécessité de réagir massivement contre le virus au printemps dernier. Or, en l’absence de données justifiant des mesures radicales, ce qui était le cas alors, rien ne justifie ces dernières. Ou alors il suffit de proclamer « la patrie en danger » pour museler par un état d’urgence la société dans un délire sécuritaire.
    Je ne connais pas votre Yaneer Bar-Yam, mais dans ce contexte il n’était qu’un oiseau de mauvais augure comme on en a pléthore dans notre civilisation surmédiatisée. Il y a ceux qui « ont raison » et qui ressortent auréolé de leur prédiction magique correspondant aux besoins de la politique mainstream, et il y a la foule des autres, « pauvres flocons de neige », comme chantait Allain Leprest, qu’on finit par taxer d’alarmistes et de conspirationnistes quand ils gênent.

    4° Votre affection pour Jacques Lusseyran ne me touche guère car je ne le connaissais pas. Etant donné qu’il est mort en 1971, il n’y a aucune chance que vous le connaissiez vous-même autrement que par sa biographie. Je ne doute pas que votre admiration pour cette figure historique qui s’est illustrée en 1941 dans le journal nationaliste français « Défense de la France » (devenu « France-soir ») soit réelle. D’autres portent leur choix sur Charlemagne, Blum ou Jeanne d’Arc. Je m’en balance.
    Je n’ai non plus aucune sorte d’attention pour le personnage de Xavier Azalbert : c’est un patron de presse à la recherche de créneaux éditoriaux. Ses aspirations idéologiques que l’on prétend « pro-Trump » sont les siennes. Mais qu’il retourne sa veste à l’occasion ne m’étonnerait pas : c’est courant dans le milieu de la presse. En revanche, dans le temps actuel, son journal est une des très rares parutions majeures qui ouvrent sans suspicion ostentatoire leurs colonnes à une courageuse contestation politique ce qui leur vaut une claire menace de censure de l’Etat français. Si vous, vous n’y êtes pas sensible, peu importe ; j’espère en revanche qu’Enbata qui a tant su être à contre-courant de la propagande d’Etat leur reconnaît cette vertu éditoriale.

    5° Votre évocation des quelques personnes qui ont confectionné des masques est mesquine, même si l’élan de générosité des personnes qui y ont participé est louable en lui-même, j’en suis persuadé. Mais leurs efforts étaient bien mal orientés, alors que probablement l’enfermement arbitraire abominable des gens fragiles dans les EHPAD commençait à faire des morts de désespoir : où était la solidarité envers ces gens, alors les plus misérables de notre société ? Vous qui prétendez dire ce qu’est un mouvement de solidarité, pouvez répondre à ça ?

    6° Pour les Jésuites et leur culture, je vous renvoie à la littérature spécialisée. Vous verrez, c’est très intéressant. Je passe sur votre long chapitre hargneux et dépréciant à mon égard. Après tout, il est normal que vous n’ayez pas apprécié d’être critiqué sur vos points de vue, c’est humain et conforme au conditionnement social. Je me place toujours dans un échange argumentaire, et tout argument se doit d’être justifié, même si personnellement vous n’aimez pas ça (vous regrettez que « cela oblige tacitement votre interlocuteur à devoir se justifier de chaque propos »).
    Tant que nous restons dans cette dimension argumentaire, nos personnes sont protégées. A l’inverse, on entre dans le registre de l’attaque « ad hominem » à laquelle, hélas, vous faites finalement appel contre moi et qui ne nécessite, elle, aucune justification. Mais j’en ai vu d’autres, et nous ne nous connaissons pas personnellement, donc rien de grave.

    En revanche, l’opprobre et le mépris injustifiés que vous jetez sur J-D Michel et Louis Fouché ne peuvent que vous être renvoyés en un voile de honte, tant ces personnes ont fait preuve de plus d’implication, de courage et d’humilité que vous. Votre attaque peut se passer de plus ample commentaire de ma part, et je laisse aux lecteurs attentifs et cultivés le soin de mesurer vos qualités en regard de celles de ces deux personnes publiques. Je ne m’étendrai pas non plus sur votre pique de fin concernant mes « oeillères franco-françaises ». M’est avis que le plus gaulois des deux n’est pas celui que vous croyez…

  7. Ecrire sous pseudonyme: je n’ai bien entendu aucun problème avec ça, ça m’arrive de le faire par ailleurs moi-même. Comme vous m’interpelliez nommément à plusieurs reprises je vous ai rendu la pareille, ça ne va pas plus loin. Par contre ce qui pose sérieusement problème ce sont les procès d’intention, faits sous pseudonyme, à quelqu’un qui s’exprime en son nom. Il n’est pas ici question de CV ni de « personne publique » (nous sommes sur Enbata, pas sur le New York Times), simplement de respect basique et de bonne foi. Donc oui, Euskalion Anonyme, vos procès d’intention sous pseudonyme sont peu élégants. Je les aurais reçus différement si vous vous étiez exprimé en votre nom, ou si nous avions eu l’occasion de discuter en face à face de façon moins désincarnée.

    1. Je vous cite « les statistiques de mortalité couvrent incontestablement les deux domaines, puisque dans le premier elles servent l’analyse épidémiologique, et dans l’autre elles servent un discours médiatique et idéologique »
    Ce n’était pas votre question, qui était « quel est le plus factuel, la létalité de la maladie Covid-19 ou bien le bruit qu’on a fait autour ? » à laquelle j’ai répondu de mon mieux en parlant bien de létalité et non de mortalité.
    Là aussi, vous avez dit autre-chose que ce que vous vouliez en fait dire. Si vous vouliez parler de mortalité (nombre de morts) il fallait dire mortalité et non létalité (taux de morts occasionné par une maladie, exprimé en pourcentage). Pour ma part je vous répondais concernant la létalité car c’est cela dont vous parliez.

    2. Je vous cite « Ou alors, apportez-nous la preuve de leur fiabilité [des estimation de létalité] »
    Je ne vois pas pourquoi ce serait à moi d’en apporter la preuve. D’autant moins car, comme je l’indiquais précédemment, la létalité ne me semble pas être le paramètre majeur, c’est plutôt la contagiosité et son facteur de dispersion qui d’après moi sont cruciaux, ainsi que le taux de séquellaires de long terme (j’y reviens plus bas).
    Je ne sais pas si les statistiques sur la mortalité et GB ou en Italie ont été falsifiées ni dans quel sens. Je ne pense pas que cela change significativement le problème au niveau global.
    J’émets pour ma part l’hypothèse que dans plusieurs regions du monde où on peine à trouver des cercueils ou des bouteilles d’oxygène en quantité suffisante, la proportion de personnes mourant du covid (ou de soins annulés) seules chez elles faute de soins est probablement plus élevée que ne le disent les chiffres officiels. J’ai également été surpris par les données de séroprévalence des régions pauvres d’Espagne, bien plus élevée que ne le laissait attendre les cas officiels de covid dans ces régions. Ceci pour dire qu’il y a de multiples façon de questionner les chiffres officiels, et que ce n’est pas nécessairement à la baisse.

    2 (bis). Je vous cite « Par ailleurs, les statistiques concernant les séquelles que vous évoquez ne sont pas renseignées médicalement comme elles le devraient. Ou alors apportez-en la preuve. »
    Bien volontiers
    Je vais commencer par cet article général, cité dans mon texte initial https://www.scientificamerican.com/article/the-problem-of-long-haul-covid/ il décrit le problème des séquelles de long terme, dont les plus fréquentes sont les difficultés respiratoires, la fatigue chronique, les maux de tête récurrents, des courbatures sévères, une faiblesse musculaire ou des pertes partielles de réponse musculaire (pb neurologique), la tachycardie au repos, ainsi que ce que les patients décrivent comme un « brouillard mental », une impossibilité à se concentrer et des pertes de mémoire de court terme. Chez certains, ce sont des problèmes vasculaires: peau hypersensible, inflammation et brûlures au moindre contact. Et des symptômes qui évoluent en dents de scie avec rechutes épisodiques pendant plusieurs mois.
    Quelques descriptions synthétiques ici également: https://health.ucdavis.edu/coronavirus/covid-19-information/covid-19-long-haulers.html
    Voir également cet édito paru en septembre dernier dans le JAMA https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2771111
    Un reportage récent sur ABC https://abc7.com/covid-long-haulers-symptoms/9632046/
    La durée des symptômes: plusieurs semaines, chez certains plusieurs mois.
    Le pourcentage de la population touchée: variable selon les pays et selon le niveau de reconnaissance médicale du syndrome. L’ordre de grandeur donné le plus fréquemment est entre 10 et 25%. Ils disent 10% dans cette étude du BMJ https://www.bmj.com/content/370/bmj.m3026, selon d’autres c’est beaucoup plus par exemple https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7392393/ ou bien https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32644129/
    Cela sera probablement affiné à mesure que les études se feront, mais l’ordre de grandeur est significatif. Les femmes sont plus fréquemment touchées que les hommes, les plus nombreuses ont entre 30 et 45 ans. Beaucoup se retrouvent dans l’incapacité de travailler, sans que ce soit encore reconnu comme maladie invalidante (et je ne me fais pas trop d’illusions: vu l’ampleur du problème tout sera fait pour le minimiser afin de payer le moins possible, comme c’est l’usage avec les externalités négatives)
    Une grosse étude sur 3762 personnes ici https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.12.24.20248802v2 donne un pourcentage de 13.8% de personnes ayant encore des symptômes après 7 mois, et plus de 45% qui ont besoin d’une adaptation de leur poste de travail avec temps partiel thérapeutique.
    Il y a également des cas, en proportion moindre heureusement, chez les enfants https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7753397/ pour qui on espère au moins que la croissance et le renouvellement cellulaire aideront à faire disparaître les symptômes plus vite que chez les adultes.

    Au niveau des instances officielles, en novembre dernier le CDC des USA a reconnu le syndrome et publié une page à son sujet https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/long-term-effects.html
    Le Royaume Uni également offre une reconnaissance aux séquellaires de long terme https://www.england.nhs.uk/2020/10/nhs-to-offer-long-covid-help/ est-ce qu’ils indemniseront correctement les personnes touchées c’est une autre question
    L’OMS vient à peine de se pencher sur le sujet (voir https://labur.eus/JGOPb ou https://labur.eus/yYqhL), avec pour seul message pour l’instant « gardez espoir », c’est gentil mais c’est pas ça qui paie les factures
    Ailleurs en Europe, toujours rien à ma connaissance. Juste des groupes de soutien entre personnes affectées, par exemple pour les francophones https://www.apresj20.fr/

    Ceci c’est pour les séquelles à symptômes invalidants. Il y en a d’autres qui restent à quantifier, notamment les myocardites et les fibroses pulmonaires, dont les effets sont surtout perceptibles à l’effort.

    2 (ter). Je vous cite: « Mais ce genre de magouille ne semble vous gêner dans la gravité que vous attribuez au phénomène. »
    C’est encore un procès d’intention. À quel moment ai-je parlé des tests PCR, de leur pertinence ou de leur méthodologie? Pourquoi me prêtez-vous cette intention? Je vous le demande sincèrement.
    À un moment donné il va falloir se mettre d’accord sur le fait de répondre à ce que dit l’interlocuteur et pas à ce qu’on imagine (ou qu’on aimerait croire) qu’il pense. Je vous l’ai fait remarquer dans mon commentaire précédent et vous avez pris ça pour une « attaque ad hominem ». Ce n’est pas une « attaque ad hominem », c’est simplement vous mettre en face de vos pratiques discursives: vous faites des procès d’intention. Et c’est particulièrement peu égélant quand on écrit sous pseudonyme.

    2 (quater) Je vous cite « Il est évident que si un virus présente une haute létalité ou produit des séquelles graves et nombreuses, son impact est préoccupant et appelle à une gestion ferme autant que mesurée »
    Au moins un point sur lequel nous sommes d’accord. Je vous renvoie aux liens que je mentionnais ci-dessus concernant les séquelles.

    2 (quint) Je vous cite « Votre Covid-19 a vu son importance réelle augmentée d’une foule de maux qui accablent les gens, naturellement ou par choix politique. Et il m’étonnerait que vous démontriez le contraire. »
    D’une part ce n’est pas « mon » covid et je me passerais fort bien de son existence, d’autre part quand on met en avant un élément c’est à soi-même d’apporter de quoi l’étayer, et non à son interlocuteur d’apporter la preuve du contraire.
    Mais là où je vous rejoins c’est sur le fait que la façon dont la pandémie est gérée chez nous crée effectivement une foule de maux qui accablent les gens, naturellement ou suite à des décisions politiques. Un deuxième point sur lequel nous sommes d’accord.

    3. Je vous cite « Or, en l’absence de données justifiant des mesures radicales, ce qui était le cas alors, rien ne justifie ces dernières »
    Ce n’est pas exactement le principe. Mais c’est un point très important sur lequel je vais tacher d’être le plus précis possible. Il y a dans le monde un petit nombre de risques qui sont des risques systémiques. Systémiques, car si on les laisse advenir ils sont à même de causer des dégâts incontrôlables et irréversibles à l’échelle planétaire. C’est par exemple le cas du changement climatique, c’est aussi le cas des pandémies. Dans un cas comme dans l’autre, sachant qu’il s’agit de risques mutliplicatifs, on ne doit pas prendre le risque de laisser les choses évoluer un peu pour ensuite décider quoi faire, car ce faisant on n’a aucune idée de notre possibilité réelle de contrôler la situation à un temps t, et on n’aura plus jamais l’occasion de rembobiner l’histoire pour essayer une autre stratégie. C’est ce qui s’est passé avec ce virus, et c’est ce qui est en train de se passer avec le changement climatique.
    Donc que faire, sachant qu’on n’a qu’un seul coup à jouer et qu’on ne peut pas se permettre de se rater: tout simplement le principe de précaution. Faire en sorte de ne laisser aucune possibilité au risque multiplicatif de se manifester et de se rendre incontrôlable. Au niveau sanitaire c’est par exemple ce qui a été fait en Nouvelle Zélande, à Taiwan ou au Vietnam, dont vous pouvez comparer les bilans humains à ceux de la Grande Bretagne des USA ou du Brésil par exemple.
    Il n’est bien sûr pas nécessaire d’appliquer le principe de précaution à n’importe-quel type de risques, car ce faisant toutes nos activités seraient paralysées. Mais concernant les risques systémiques, il serait fou de ne pas l’appliquer. C’est pourtant ce que bon nombre de pays sont en train de faire pour la pandémie, et ce que pratiquement tous font pour le changement climatique.
    Enfin, pour savoir si un risque est systémique ou pas, plus que d’un cumul de données ce dont nous avons besoin c’est de comprendre ses propriétés.

    4. Je vous cite « En revanche, dans le temps actuel, [France Soir] est une des très rares parutions majeures qui ouvrent sans suspicion ostentatoire leurs colonnes à une courageuse contestation politique »
    Ce que vous nommez dans le cas de ce site web une courageuse contestation politique, pour ma part j’appelle ça burutik guziz joana izatea, eta oso urrun. Sur ce point là je crains bien que nous n’ayons aucun terrain commun et j’en suis bien désolé.
    Mais je ne sais pas si on peut appeler censure une simple déclassification d’un organe de presse qui n’en a plus que le nom, ne comporte aucun journaliste, et pourra continuer sous forme de site web à publier à sa guise.

    5. Je vous cite « Vous qui prétendez dire ce qu’est un mouvement de solidarité, pouvez répondre à ça ? »
    Tout simplement que les EHPAD sont un triste symptôme de ce qu’on fait aux vies humaines dans nos contrées quand elles sont jugées improductives, sans compter que ce furent des lieux où se sont développés de nombreux clusters qui ont causé des hécatombes, sans compter par ailleurs les effets du confinement sur la santé des anciens. Pour les deux derniers points, tout ça était évitable si on avait agi à temps. Pour le premier, c’est une question de priorités sociales, et je ne pense pas me tromper en disant qu’actuellement, les vies humaines étant de plus en plus réduites à un bilan comptable entre coût et productivité, ces priorités ne sont pas mises dans le bon ordre.

    6. Je vous cite « Après tout, il est normal que vous n’ayez pas apprécié d’être critiqué sur vos points de vue, c’est humain et conforme au conditionnement social. Je me place toujours dans un échange argumentaire, et tout argument se doit d’être justifié, même si personnellement vous n’aimez pas ça (vous regrettez que « cela oblige tacitement votre interlocuteur à devoir se justifier de chaque propos »). »
    Ce que je n’ai pas apprécié, une fois de plus, ce n’est pas que mes points de vue soient critiqués (encore heureux), mais ce sont vos procès d’intention. Je ne sais pas comment il faut vous le dire. Peut-être pouvez-vous vous renseigner sur ce que signifie procès d’intention et vous comprendrez que vous en faites plus que vous ne semblez le réaliser.

    7. Ce que je dis sur J-D Michel se base sur les deux analyses que j’ai mises en lien, auxquelles je souscris et sur lesquelles il ne me semble pas utile d’épiloguer. L Fouché est moins prétentieux sur ses compétences, mais il a au fond un discours du même ressort, à savoir minimiser les risques et surfer sur l’idée que ce n’est pas la peine d’en faire autant. Il est pour cela amplement servi par ce que la presse allemande appelle à juste titre l’absurdistan autoritaire de la gestion française, et il fait une critique dans laquelle il mélange des éléments justifiés (contre l’auritarisme absurde), d’autres triviaux, d’autres carrément dangereux (remettre en cause l’utilité des masques pour prévenir la transmission d’un virus se propageant par aérosols et gouttelettes, recommander de l’oxygène en haut débit en hospitalisation à domicile en « oubliant » les contraintes que ça implique). Comme vous il parle d’ailleurs beaucoup de létalité, mais peu de contagiosité. Il avait prédit l’absence d’une deuxième flambée épidémique, il l’a reconnu de façon très légère. Et il se prête à des interviews chez Radio Courtoisie ou chez Riposte Laïque, qui depuis leur bord politique sont ravis d’avoir du grain à moudre pour leur discours eugéniste.
    Tous ceux qui minimisent aujourd’hui le problème et appellent à cesser d’être attentifs les uns aux autres, contribuent à son aggravation. C’est pour moi indéfendable.
    C’est du même ordre que les Claude Allègre, Vincent Courtillot, Bjorn Lomborg et consort qu’on a vus à l’oeuvre il y a 10-15 ans concernant le climat. Ils jouent exactement sur les mêmes ressorts sociaux et psychologiques, et utilisent les mêmes fallacies rhétoriques. Dénigrer la conscience du danger et l’assimiler à de la « peur », produire un discours « rassurant », dire que ça va très bien comme ça et que les précautions sont des « peurs » et des freins à l’économie, et bricoler des analyses qui ne tiennent pas la route mais qui font suffisamment illusion pour tromper un auditoire en recherche de cadres explicatifs alternatifs. Et toujours, systématiquement, profiter de la loi de Brandolini.
    Avant eux, il y a eu exactement les mêmes mécanismes concernant la minimisation des dangers du tabac.
    Aujourd’hui encore, il y a exactement les mêmes mécanismes concernant le lobbying pour l’autorisation de certains pesticides.

    Pour le reste, je vous paraphrase et laisse aux lecteurs attentifs et cultivés le soin de mesurer vos qualités, votre rigueur et votre honnêteté dans la discussion.

    Dernier point: mon mot de fin concernant les « oeillères franco-françaises » était une petite pique, ça je l’admets volontiers. Elle vient du fait que les références que vous mettez en avant sont très présentes dans le contexte franco-français, par exemple le site France-soir, et les mélanges de genre plus que hasardeux opérés par Michel et par Fouché (et encore si ce n’était qu’eux). Vous auriez été d’Hegoalde, cela aurait probablement été de toutes autres références, liées à un contexte très espagnol, que vous auriez mises en avant.
    Mais plus sérieusement, on a tout à gagner à s’intéresser à ce qui se passe dans d’autres pays, d’Amérique latine (Uruguay, Cuba), d’Europe du Nord (Danemark, Norvège, Islande, Finlande), d’Asie (Vietnam, Taiwan) ou d’Océanie (Nouvelle Zélande et Australie Occidentale notamment). Sans les idéaliser pour autant et en gardant toujours un oeil critique. Mais le fait qu’il y ait là-bas beaucoup moins de morts, beaucoup moins d’impacts sanitaires et sociaux de long terme, et pas de déchirements issus de la mauvaise gestion publique de la pandémie et des théories hasardeuses qui fleurissent sur ce terreau, devrait nous donner à réfléchir sur l’utilité de ne pas avoir ouvert la porte à un risque systémique.

    1. Votre dernier commentaire est un point de vue exprimé de manière éloquente. Merci Nicolas Goñi.

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