Rien n’est jamais acquis

Aux États-Unis, manifestation en faveur du droit à l’IVG. (© David Wilson)

 

Des Etats-Unis à la Pologne ou à la Hongrie, l’extrême droite s’installe au pouvoir. Ses offensives pour saper les libertés fondamentales et les acquis sociaux et démocratiques ne nous laissent pas d’autre choix que de nous battre pour défendre et protéger ces droits conquis, et pour que la loi du plus fort ne l’emporte pas.

On tente souvent, de manière plus ou moins consciente, de se rassurer en pensant que les droits conquis sont définitifs. Que les combats menés par nos aîné·es ont scellé une fois pour toutes nos libertés, qu’une fois inscrits dans la loi, les droits ne peuvent plus reculer. Mais l’histoire récente nous enseigne une vérité plus dure : tout peut disparaître, à tout moment, si nous cessons de nous battre.

Le droit à l’avortement en est un exemple frappant. Aux États-Unis, un changement de majorité à la Cour suprême, minutieusement préparé et imposé par Donald Trump, a suffi pour rendre illégal ce qui était un droit depuis un demi-siècle. Désormais, certaines femmes sont poursuivies pour avoir avorté, même dans des États où cela est encore autorisé. Ce n’est pas un simple retour en arrière, c’est une offensive idéologique et réactionnaire d’une ampleur inédite.

Mais ce recul n’est pas isolé. Partout dans le monde, l’extrême droite avance et grignote les droits humains. Les offensives, les coups médiatiques et l’ingérence permanente sur les premiers jours de mandat de Trump ne constituent pas seulement une politique spectacle. C’est la mise en œuvre d’un projet qui entend favoriser l’accession de l’extrême droite partout où cela sera possible. En Italie, en Pologne, en Hongrie, les conservateurs restreignent les libertés fondamentales.

L’extrême droite prospère sur l’individualisme et la résignation

Si ces attaques fonctionnent, c’est aussi parce que nous vivons dans une époque où l’individualisme a été érigé en valeur suprême. Chacun·e est poussé·e à se replier sur lui-même, à ne plus croire au collectif, à ne plus penser que les combats sociaux ont un sens. Dans le cadre d’une enquête conduite par le CEVIPOF, le centre de recherches politiques de Sciences Po, et l’université Bocconi, le chercheur Luc Rouban a analysé l’arbitrage que les citoyen·nes font entre la démocratie et le bien-être économique, en France, en Allemagne et en Italie. Les résultats sont aussi inattendus qu’inquiétants : de plus en plus de gens préfèrent leur bien-être économique à la défense de la démocratie.

Le populisme d’extrême droite a parfaitement compris ce mécanisme. Pendant qu’il désigne des boucs émissaires –les migrant·es, les chômeurs, les minorités– il épargne les véritables responsables de la crise sociale et économique. Pendant qu’on nous explique que la détérioration de notre pouvoir d’achat est due aux étrangers, les milliardaires accumulent des profits records sans jamais être inquiétés. Pendant qu’on nous vend un discours de haine, le grand patronat empoche des dividendes historiques, les entreprises du CAC40 battent des records de bénéfices, et les gouvernements refusent encore et toujours d’augmenter les impôts des ultra-riches.
Ce n’est pas un hasard si Trump et Musk avancent main dans la main. Le premier fait diversion en alimentant une guerre culturelle, tandis que le second tisse un réseau d’influence libertarien qui vise à détruire l’idée même de services publics, de solidarité et d’action collective. Leur projet est clair : une société où les riches décident des règles, où les femmes, les minorités et les classes populaires sont muselées, et où la loi du plus fort remplace les droits conquis.

Les droits ne tiennent que si on les défend

Les acquis sociaux et démocratiques n’existent que tant qu’ils sont portés et défendus. Aujourd’hui, alors que le tissu associatif se fragilise sous l’effet des coupes budgétaires, que les mouvements sociaux peinent à mobiliser durablement, et que la culture du débat s’effrite au profit de discours simplistes, la question n’est plus seulement de savoir quels droits nous risquons de perdre, mais comment nous les faisons vivre au quotidien.

Il ne s’agit pas de nostalgie d’un âge d’or de la lutte sociale, ni d’un appel abstrait à la résistance. Plutôt d’une prise de conscience nécessaire : nos libertés ne tiennent que par l’usage que nous en faisons. Défendre un droit, ce n’est pas seulement descendre dans la rue quand il est menacé. C’est aussi refuser de céder à l’indifférence, continuer à débattre, soutenir celles et ceux qui s’engagent, se féliciter des acquis sociaux obtenus même quand on n’en est pas directement bénéficiaire et se rappeler que derrière chaque avancée sociale, il y a eu des combats, des doutes, des victoires et parfois des reculs. Rien n’est jamais acquis, mais tout reste à écrire.

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3 réflexions sur « Rien n’est jamais acquis »

  1. Dans le cas de la Pologne on notera toutefois que la situation évolue dans un sens positif. Même si le projet de loi porté par le gouvernement Tusk a été rejeté de peu en juillet de l’année dernière (215 voix contre 218), le gouvernement a tout de même élargi par la suite les directives encadrant l’IVG. Mais la menace sur le droit à l’IVG vient désormais du parti Konfederacja, d’extrême droite libertarienne et masculiniste, auquel adhèrent grand nombre d’hommes de moins de 40 ans.

  2. Le versus individualisme /collectif , il faut le nuancé aussi . Le collectif au aussi donner de mauvaise chose , l individu a un libre arbitre , une petite voix dans sa tète . Le collectif l efface parfois ( les jeunesses Hitlériennes plus fanatique que leurs parents , les kolkhozes , ou l idéologie communiste du Kampuchéa ou les époux faisait chambres a part , et les séances auto inculpations devant les camarades ) .
    Mais , il y as quelque jours , 2 millions de personnes ont manifester a Istanbul/Constantinople/Byzance pour la libérations du Maire d Istanbul , principal rival d Erdogan dans la future élection présidentielle Turque . En Serbie aussi la jeunesse manifeste .
    Mais que voit on dans une manifestation de Gauche a Bayonne par exemples . On y voit 60 sigles différent ( dont 20 a 30 abertzale ) . Cela donne aussi l image d un individualisme de groupuscule . Et une questions vient ensuite au gens extérieurs qui regarde tout cela . Mais qui finance ces associations ??? Nous on sait comment marche tout cela , on connait les rouages du militantisme , les micro réunions ou il n y a personne . Mais pour les gens qui regarde cela de l extérieurs , il y voit des militants de Gauche gaver de subventions publiques . La fragmentation militant/idéologie est notre plus grand ennemie , la politique du petatxu , a chaque probléme sont associations , aucune vue d ensemble !

    Concernant , la renaissance du mouvement Libertarien , il y a beaucoup de chose a dire , mais c est un sujet trés intéressant ( les différents courant idéologique Autrichiens ) , mais je n ai pas le temps de faire un cours de politique se soir .
    Mais un peu d obtimisme , le Canada va rester a gauche , l Australie qui a annoncer des élections législatives sera sans doute a gauche et davantage écolo , Orban est sur sa fin , Erdogan aussi . Et Poutine aussi , méme si il est très difficile de l extérieur de juger les rapports de forces . La Russie est controler que par un noyau dur d une dizaine de personnes .

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