EHBildu demande une maîtrise du phénomène touristique dans la capitale du Gipuzkoa et l’instauration d’une taxe.
Les données statistiques sur la fréquentation touristique à Donostia viennent d’être rendues publiques par Eustat, l’INSEE basque. Elles sont sans appel. La venue des touristes explose cette année: 22,8% d’augmentation de la fréquentation en un an et 35,8% de nuitées supplémentaires. Le phénomène est encore plus important dans les deux autres capitales de provinces basques et n’est pas nouveau, malgré un ralentissement les deux années précédentes lié à la crise du Covid. Les investisseurs construisent des hôtels à tours de bras, plusieurs sont en projet avec des milliers de lits à la clef.
Tout cela impacte de plus en plus la vie des habitants en matière de logement et de nuisances quant à l’usage des espaces publics. Les prix des loyers et des biens immobiliers flambent aussi fortement que celui des pintxos dans le centre ancien, où ils atteignent des prix éhontés.
Depuis des années, gouvernement autonome et députations ont énormément investi dans le développement d’un tourisme de type gastronomique et oenologique. Ils mettent en avant des sites comme le musée Guggenheim à Bilbao ou la presqu’île de Gaztelugatxe érigés en icônes que tout touriste qui se respecte doit « avoir faits », pris en selfie ou « instagramables », au risque de passer pour un demeuré. Barcelone en Catalogne est le théâtre de phénomènes identiques. Banderoles et manifestations expriment un ras-le-bol des populations qui monte en puissance.
La question d’une maîtrise de ce phénomène et de sa régulation est posée. Le maire PNV de Saint-Sébastien, Eneko Goya, envisage en principe l’instauration d’une taxe touristique de quelques euros par nuitée. Mais son allié socialiste n’est pas d’accord et voudrait que l’activité touristique qui a souffert pendant les deux ans de la pandémie, reprenne du poil de la bête sans entrave aucune. Eneko Goya traîne donc des pieds et a voté le 21 juillet contre un plan de décroissance touristique. Les maires PNV des deux autres capitales provinciales, Gasteiz et Bilbo, refusent l’instauration d’une telle taxe.
Seule l’opposition donostiar représentée par les élus d’EHBildu et Podemos pousse à la roue. Une progression de la fréquentation touristique de l’ordre de 20 % par an n’est pas raisonnable. EHBildu demande l’instauration d’une taxe progressive liée au nombre d’étoiles de l’établissement d’accueil et l’arrêt des campagnes municipales de promotion touristique que les professionnels du secteur appellent à multiplier. Les sommes recueillies grâce à cette taxe serviront à faire face à l’augmentation des coûts des services publics du fait de la fréquentation: traitement des déchets, entretien et nettoyage des espaces publics, mesures de sécurité, développement de la police municipale, politique de formation des personnels pour qu’ils bénéficient d’emplois pérennes et non pas seulement de postes précaires et sous-payés. Il s’agit donc de repenser un schéma de développement et d’éviter de commettre les erreurs commises ailleurs dans le monde face à la surfréquentation touristique.
Le tourisme en quelques chiffres
Selon Eustat, dans la Communauté autonome basque (CAB), le nombre de touristes en juillet 2022 a augmenté de 31,2 % par rapport à ce même mois l’année précédente et les nuitées ont progressé de 34,8 %. L’augmentation est respectivement de 16,8 % et 10,8 % par rapport aux mois de juillet antérieurs à la pandémie. Presque la moitié des visiteurs sont d’origine étrangère.
Toujours en juillet, la Biscaye a reçu 41,3 % de visiteurs supplémentaires par rapport à juillet 2021, le Gipuzkoa 32,2 % et Araba 20,9 %. La ville de Bilbao arrive en tête avec quasiment 50 % d’augmentation d’une année sur l’autre. La durée moyenne des séjours est de deux jours et progresse légèrement. Le prix moyen de la nuitée dans les trois provinces est de l’ordre de 95,53 euros et les hôtels ont battu leurs records de fréquentation.