Dans un moment où la vie politique connaît dans l’Hexagone un des moments les plus lamentables de la Ve république, au Pays Basque depuis trois ans nous vivons une intense séquence qui est en train de modifier profondément notre destin. Cela démontre que l’action politique peut encore avoir du sens, cela prouve qu’il ne faut jamais renoncer à une utopie car elle peut à tout moment se transformer en réalité.
Il faut toujours se méfier d’un projet partagé, porté avec la force des convictions et pour le bien commun. Aujourd’hui, et je ne sais pas si nous en prenons encore la mesure, le Pays Basque est devenu sujet de droit, il s’est donné les moyens d’organiser son développement économique, social, culturel et environnemental. La responsabilité est écrasante et même si les prémisses de la nouvelle organisation se font avec un enthousiasme certain et un véritable engagement, il n’en est pas moins évident que l’enjeu est énorme.
Mais ce qui ne s’est pas fait attendre c’est bien évidemment la reconnaissance qui, de facto, allait entourer la nouvelle communauté d’agglomération. Dans la grande région, on a immédiatement pris conscience de l’importance de l’affaire, et à n’en pas douter dans les méandres du pouvoir parisien un Pays Basque s’exprimant d’une seule voix est maintenant un objet politique bien identifié et avec lequel il va falloir compter.
Et c’est de façon inattendue que la chose a pris corps.
En décembre l’opération Louhossoa a connu une tournure internationale, dans l’air quelque chose a changé. D’évidence, l’originalité de l’action, avec l’intrusion du corps social dans une entreprise généralement dévolue aux Etats, et à des négociateurs patentés, a surpris et interrogé.
La mobilisation surprenante du monde politique autour des arrestations, le poids en filigrane de la nouvelle agglomération ont été des éléments déterminants du dénouement rapide et satisfaisant de la situation.
Car il y a, à n’en pas douter, même si souvent les ressorts en sont inconscients, une autre façon ici de se penser et pour l’Etat de nous considérer.
Rappelons-nous la formule : un Pays Basque connu et reconnu.
Parfois les résultats dépassent les espérances, prenons en acte et poursuivons un chemin qui maintenant commence à tracer de nouvelles perspectives.
Le Pays Basque peine à trouver une solution au dernier conflit armé en Europe occidentale, il fait face à l’atonie de ceux qui devraient oeuvrer depuis longtemps à une solution négociée. Au contraire, la situation est instrumentalisée par un pouvoir qui en Espagne a, depuis des décennies, assis une sorte de modus vivendi sur la fracture immense provoquée par la violence comme moyen d’expression.
Depuis la Déclaration d’Aiete en 2011, ETA a posé des actes importants : renoncement à l’action violente, propositions de désarmement sans que jamais le gouvernement de Madrid ne fasse un geste destiné à trouver les voies d’un dialogue nécessaire à la résolution du conflit.
En France, les gouvernants ont opté pour le suivisme, et les palinodies désolantes d’un Valls ont montré qu’il n’y avait aucun espoir pour qu’une injonction politique puisse modifier la donne.
Une fois de plus, le Pays Basque ne pourra compter que sur lui-même, pour trouver les chemins de la paix à laquelle il aspire. Et, si le moment était venu ? Il se prépare pour début avril, une mobilisation particulière, une geste pacifique qui emportera les clivages étroits auxquels nous sommes habitués.
D’une voix forte, cohérente et très courageuse des dizaines de citoyenne-s viendront poser l’ultime question à des gouvernements empêtrés dans des idéologies dépassées : “voulez-vous oui ou non la paix ?”.
Ils auront de plus en plus de mal à arguer de leur bonne foi, à nous servir de l’Etat de droit eux qui l’enfreignent sans vergogne. Il leur faudra répondre à ce cri, à cette volonté autrement que par les idioties de l’ex-ministre de l’Intérieur français, ou par le cynisme d’un Rajoy à la tête d’un gouvernement flageolant. C’est encore une page d’histoire qui s’écrit, n’en doutons pas.
Et pour le coup, celle-là dépasse très largement les frontières des deux Etats, car elle sera attentivement regardée de par le monde comme l’expression d’un peuple qui prend les commandes d’une situation à la place de ceux qui sont élus pour le faire.
Cela serait-il possible sans le premier acte qui a été celui de notre reconnaissance institutionnelle ? La question peut se poser, car la nouvelle réalité nous permet sans aucun doute de dépasser bien des obstacles et surtout ceux qui existaient dans nos têtes.
Les planètes sont encore une fois, alignées. Le gouvernement actuel n’a plus rien à perdre, le président n’est candidat à rien et lui aussi aurait à gagner à une “despedida” exceptionnelle.
Le destin nous tend furieusement la main, nous vivons un temps inouï pour ce territoire et du nord au sud l’espoir n’a jamais été aussi fort.
Tout est possible et pour une fois le meilleur.
quel bonheur de vous lire! Je suis depuis toujours l’évolution du processus de paix au Pays Basque et je dis un grand bravo à ceux et celles qui ont osé s’engager à Louhossoa. et depuis bien longtemps à toutes les actions en faveur de la paix…Rendez-vous donc à Bayonne pour une victoire définitive. Biba Euskal Herria!
Merci de votre commentaire ! Depuis le 8 avril a eu lieu et cela a été un moment exceptionnel , decisif et conditionnant la suite.. la route sera longue, parsemée d’embûches mais une page nouvelle à commencé à s’écrire ! Aintzina !