Jusqu’à la mobilisation du 1er juin à Bayonne en faveur d’une collectivité territoriale, Enbata.info propose, chaque semaine, une rencontre avec les différents promoteurs de ce projet…
François Maitia, Vice-Président du Conseil Régional d’Aquitaine, Conseiller Général de Saint-Jean-Pied-de-Port
Enbata.info : Alors qu’on vit une crise multiple (économique, sociale, écologique, etc.) sans précédent, pourquoi vous mobilisez-vous pour une Collectivité Territoriale ?
François Maitia : «Pourquoi parler d’une réforme institutionnelle alors que notre pays traverse une crise profonde dont il a du mal à se sortir ? Est-ce une perte de temps, voire une perte d’énergie collective, ou pire encore une vision totalement décalée et surréaliste ? Ce n’est pas le Pays-Basque qui a créé les conditions historiques que nous vivons. Le précédent gouvernement a mis en cause le concept de Pays que nous avons plutôt bien vécu ici. L’actuel a ouvert un grand débat institutionnel avec l’objectif affiché d’une décentralisation approfondie. A la suite d’une campagne électorale qui a intéressé nos concitoyens à cette perspective et qui a suscité beaucoup d’espoir. A la suite d’un appel public du Président du Sénat à nous montrer audacieux. Et certains auraient souhaité que le Pays-Basque si prompt jusque là à se saisir de débats prospectifs fût absent de l’opportunité qui ainsi s’ouvrait à nous ?»
Enbata.info : Comment montrez-vous ou expliquez-vous à la population l’intérêt et l’urgence de cette revendication ? Bref, quel angle chaque citoyen pourrait utiliser pour aborder le sujet avec « ses voisins » ?
François Maitia : «Aucune institution extérieure ne s’est penchée sur notre sort institutionnel. Aussi, a-t-il fallu se prendre par la main et déterminer par nous-mêmes une formule originale susceptible de répondre à la fois, à la capacité que nous avons démontrée de construire et mettre en œuvre une vision territoriale globale et aux défis économiques, sociaux et environnementaux qui sont devant nous. Malgré les vifs débats qui s’exacerbent lors d’échéances électorales, la cohésion interne du Pays-Basque s’est renforcée durant ces dernières années. Car nous avons su, au-delà de la mise en application de deux contrats territoriaux, préserver le temps nécessaire à l’élaboration d’un projet pour le Pays-Basque. Nous avons su être des précurseurs dans la création d’outils publics de développement. Je pense entre autres à l’Etablissement Public Foncier Local, à l’Office Public de la langue basque ou à la réflexion aboutie sur la Marque territoriale Pays-Basque.»
Enbata.info : Pourquoi et comment êtes-vous arrivés à travailler ensemble via une Coordination Territoriale ?
François Maitia : «La Constitution française prévoit expressément la possibilité de collectivités territoriales à statut particulier. C’est cette voie féconde qui a été explorée. Dès lors, nous ne comprenons pas les arguties qu’on nous oppose. La République dans la plénitude de ses possibilités serait pour tous les autres et elle serait une République limitée pour les habitants du Pays-Basque ? Ceux-ci n’auraient donc le droit d’imaginer une part de leur destin commun que dans des figures forcément imposées et non négociables ? A l’heure où le spectre de la violence s’éloigne, pourquoi le brandit-on encore au lieu de favoriser sa mise à l’écart définitive ? Pourquoi nous opposer ce soupçon de volonté séparatiste ? Le Pays-Basque ne vaudrait-il pas le dialogue confiant et loyal qu’il réclame ? Notre projet n’est dirigé contre personne. Il est ouvert et nous sommes prêts, s’il en était encore besoin, à toutes les démonstrations.»
Enbata.info : Pourquoi se mobiliser le 1er juin ? L’idée c’est de contourner le fatalisme du type « Comme on ne peut attendre le miracle sur la Collectivité Territoriale », la mobilisation ne risque-t-elle pas de paraître « une course pour une vaine chimère » »
François Maitia :«Le 1er juin, le Pays-Basque doit se rassembler en masse dans les rues de Bayonne. Ce sera une marche d’affirmation d’un projet qui n’a d’autre ambition que de servir ce territoire et ses habitants. Un projet soutenu par un large consensus de ses élus et des représentants économiques, sociaux, culturels qui y voient une proximité plus forte pour être collectivement plus réactifs, plus ambitieux, plus mobilisés. Ce sera une manifestation positive pour clamer notre capacité à le faire, notre souhait de le faire, notre volonté de le faire. Qui dira que cela fait plus de deux siècles que de génération en génération, ce souhait s’exprime avec force et conviction et que le changement, ce doit être maintenant.»
Alain Anziani, senador de Gironda, explica anuèch sus FB : » La commission des lois poursuit l’examen du projet de loi relatif à l’action publique territoriale et aux métropoles. «