Une carte à jouer ?

"De façon assez cocasse, ce serait Monsieur Valls qui viendrait à point pour nous permettre d’évoluer enfin vers une reconnaissance juridique du territoire…"
« De façon assez cocasse, ce serait Monsieur Valls qui viendrait à point pour nous permettre d’évoluer enfin vers une reconnaissance juridique du territoire… »

Un nouveau train de mesures institutionnelles s’apprête à déferler sur l’hexagone. Le nouveau premier ministre lance la décentralisation par fragmentation, en clair on explose le tout et on réfléchit ensuite sur ce que l’on peut faire ! La Pénélope des temps modernes, comprenez Lebranchu, est conviée au rabibochage, mais il est vrai que depuis le temps elle a l’art de coudre et de découdre le tissu législatif… Manuel a dit plus de Conseils généraux en 2021, Manuel a dit pas plus de 10 régions en 2017. Reste à faire surtout que monte la grogne habituelle des concernés, association des départements d’un côté, des régions de l’autre.  Le président de cette dernière l’ARF (association des régions de France) Alain Rousset ne décolère pas, il n’imagine pas trop la fusion de l’Aquitaine avec Poitou-Charentes ou pire encore le Limousin ! Donc de belles empoignades en perspective avec, sans doute à la fin, un repli en bon ordre d’un gouvernement qui n’en finit plus de lancer des idées en l’air sans réellement savoir où il compte arriver. L’affaire tourne au pathétique.

Jamais depuis le début de cette aventure pittoresque, on n’a pu saisir le but réel de toute cette agitation. De métropole en pôle, l’empilement des propositions, des reculades, ont créé un réel trouble sans qu’on ne puisse jamais parvenir à un résultat tangible. Et pourtant, il y aurait à faire pour moderniser une organisation territoriale totalement dépassée, une administration de l’Etat pléthorique et souvent inefficace. Nous sommes sans doute un des pays d’Europe les plus confinés dans un fonctionnement multi centenaire, ce qui nous conduit le plus souvent dans des impasses qui sont redoutables. Empilement des lieux de décisions, pertes de temps invraisemblables pour la réalisation de projets concrets, il y a souvent de quoi décourager les acteurs les plus convaincus. La suppression des départements si elle se confirme mettrait une fin assez brutale mais originale à ces Pyrénées-Atlantiques qui n’ont jamais eu d’autre existence qu’administrative. Nous ne serions pas des multitudes à nous en plaindre et nous en aurions fini avec cette bicéphalité qui nous a procuré tant de maux de tête!

Et il y a peut-être là une opportunité pour le Pays Basque. De façon assez cocasse, ce serait Monsieur Valls qui viendrait à point pour nous permettre d’évoluer enfin vers une reconnaissance juridique du territoire…

En effet, nous pouvons imaginer que les départements disparus, les différents territoires des grandes régions seront appelés à s’organiser soit en grandes intercommunalités, soit le phénomène des métropoles  s’accentuera autour des grandes villes.

Il paraît dès lors possible de relancer l’idée d’une institution à l’échelle d’un Pays Basque fort d’environ 300.000 habitant-e-s, qui pourrait prétendre à la gestion de compétences spécifiques et qui aurait une fiscalité propre. Le débat n’est pas fini, il nous appartient de le faire vivre.

Cela impliquera un engagement exceptionnel du territoire, avec comme seul objectif l’intérêt général, avec une véritable vision pour l’avenir. Autrement dit ce n’est pas gagné, car ici aussi on verra se lever des intérêts étroits, des propositions qui n’auront d’autre but que de tronçonner le territoire, des conservatismes de mauvais aloi ! Mais attention, l’Histoire ne passe jamais deux fois les plats…

Il faut en priorité obtenir la reconnaissance juridique du Pays Basque dans son périmètre historique, chose que nous poursuivons avec constance depuis la nuit des temps. Nous aurions ainsi la possibilité de prendre notre destin en main, et en devenant sujet de droit le Pays Basque aurait les moyens de lier des liens forts avec les territoires voisins ce qui lui donnerait une force exceptionnelle dans un bassin de vie de 600.000 habitant-e-s. La philosophie zen est riche d’un conte qui tend à démontrer que de situations tragiques, il n’est pas rare que sorte un bienfait. Et la question suivante se pose inlassablement à chaque évènement : “est-ce un bien, est-ce un mal ?”, cette question va se poser à nous dans les temps qui viennent. Dans l’inextricable maelstrom de la décentralisation à la sauce hollandaise, il nous est possible de mettre un pied dans l’entrebâillement d’une porte et de trouver une solution d’équilibre en profitant du remue-ménage pour avancer nos pions !

Nous aurions alors si nous sommes capables d’imaginer un autre futur, une belle carte à jouer !

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