La pandémie de Covid19 a été, pour les progressistes d’Europe, une occasion manquée de comprendre et de mettre en pratique l’interdépendance, à travers la protection collective et l’autodéfense sanitaire, en intégrant la science dans les démarches de reprise en main des conditions de nos vies. Je cherche ici à comprendre ce qui nous a fait défaut, et ce que ça implique quant aux défis qui nous attendent.
L’espace public laisse par moments une impression curieuse depuis quelques mois. Ici et là on voit des affiches un peu fanées appelant à une responsabilité floue, des distributeurs vides de gel hydroalcoolique que personne ne re-remplit, des marquages au sol auxquels on ne prête plus attention, comme des témoins d’une époque révolue où on a vaguement tenté deux ou trois choses. Réminiscence d’il y a 3 ans, des exigences sanitaires ont été mises en place en ce début 2023 vis à vis des voyageurs en provenance de Chine, d’un contenu tout à fait similaire au “pass sanitaire” de l’été 2021 qui avait soulevé tant d’indignation, mais on n’a vu aucune manifestation de soutien aux voyageurs stigmatisés. On attend toujours en revanche que soient mis en place des systèmes de ventilation promis par le candidat Macron en avril 2022 (et à défaut, des informations claires sur la ventilation), des capteurs de CO2, des distributeurs de FFP2. Des éditoriaux parlant de « post covid » ou d' »après-pandémie » pendant une neuvième vague d’infections qui s’est ajoutée à celles de la grippe saisonnière et de la bronchiolite, menaçant de saturer les services pédiatriques qui souffrent en sus de pénuries de médicaments de base. Mais pas de quoi changer nos habitudes pré-2020 revenues au galop, et notre souhait de tourner une page qui rechigne pourtant à disparaître. Avant 2020, ce niveau de risque sur notre santé collective aurait suscité un sursaut de refus tout aussi collectif. Qu’est-ce qui nous a amené à ce repli individuel, à cette acceptation résignée, à ce renoncement aux voeux d’un monde plus solidaire émis au printemps 2020?
Prévenir coûte toujours moins cher que guérir
Comme beaucoup, avant 2020 je ne prêtais pas spécialement attention à la propagation des virus, aux maladies contagieuses en général. Ayant la chance d’être très rarement malade en hiver, le lavage des mains, le vaccin contre la grippe, les gestes citoyens réduisant le risque d’infecter autrui, tout ça était pour moi un bruit de fond lointain auquel je ne prêtais guère attention. Quant à porter un masque comme les japonais quand ils sont enrhumés, ça relevait d’une autre planète. Quand, début 2020, on entendait de plus en plus parler d’un coronavirus chinois qui se répandait et pouvait être létal même pour les personnes jeunes (dont l’ophtalmologue et lanceur d’alerte Li Wenliang, décédé à 33 ans), je ne savais pas qu’en penser. D’un côté je voyais une sorte de bulle médiatique auto-entretenue, les médias attisant une attention publique qui en réponse se tournait vers du contenu informationnel du même ordre. D’un autre, quand on a commencé à entendre parler de SARS-CoV2, j’ai repensé à ce collègue qui en mai 2003 avait refusé de se rendre à une réunion à Halifax tandis que plus de 7000 personnes étaient mises en quarantaine dans tout le Canada à cause du SARS, ce virus attaquant apparemment les poumons et pouvant laisser des séquelles durables.
Ce qui a fini de répondre pour moi à la question « qu’en penser » ce fut, en lisant une note de Nassim Nicholas Taleb (statisticien spécialiste du risque et des phénomènes extrêmes de faible probabilité), de comprendre qu’il s’agissait d’un risque systémique, qui impliquait donc à l’échelle individuelle et locale une obligation éthique de réagir avec un très haut niveau de précaution (par comparaison avec un risque individuel non contagieux), sachant la nature multiplicative du phénomène et les informations incomplètes que nous avions alors. Ce sont des choses qui étaient intuitives dans la plus grande partie de l’histoire de l’humanité, quand les risques vitaux étaient nombreux et proches, et que nous avons globalement oublié dans notre monde plus industrialisé et hygiénique (mais dont les populations rurales de régions pauvres comme le Sahel tiennent encore compte dans leur quotidien dépourvu de filet de sécurité). Ce sont également des principes fondamentaux longtemps mis en avant entre autres par les opposants aux OGM ou par les militants antinucléaires, suivant le principe que dans le cas de risques qui nous sont présentés comme faibles, leur probabilité reste quand même mal estimée (à ces échelles on peut facilement se tromper d’un ou deux ordres de grandeur), et les dangers auxquels ils nous exposent sont irréversibles et potentiellement de grande ampleur.
Ce principe de précaution ne faisait visiblement pas partie du logiciel de la ministre de la santé de la république française qui prétendait en février 2020 que le risque de propagation virale hors de Chine était faible, ni de celui du président de cette même république, qui le 7 mars 2020 invitait à suivre son exemple en allant au théâtre, suivant l’idée que la consommation de loisirs ne devait pas s’arrêter pour si peu. Une semaine après, virage au frein à main à 180 degrés: le confinement, mesure brutale qui aurait été évitée si le risque systémique avait été proprement anticipé, et les conclusions proprement tirées. Le paramètre qui a fait basculer la décision: le risque de saturation des services de réanimation. C’était une illustration d’une contradiction interne du mode de production capitaliste, comme disait le vieux Karl: d’un côté vouloir maximiser les profits et le faire sans attendre (c’est ce qui a amené à repousser la mise en place de mesures sanitaires, à les supprimer trop tôt ou à privilégier les mesures que paient les individus plutôt que le capital), de l’autre vouloir préserver la capacité de production (c’est ce qui a amené les confinements, dont les formes les plus extrêmes ont été vues en Chine). Nombre de revirements et atermoiements que nous avons pu observer notamment en 2020 et 2021 découlent de la contradiction entre ces deux approches du profit. À cette contradiction, il faut ajouter les nombreuses démonstrations publiques d’incompétence scientifique et sanitaire, et la politique bâton et carotte combinant des mesures martiales en lieu et place de politiques de santé publique (les camions de l’armée espagnole aspergeant de javel les murs d’Isaba, grand summum d’absurde), et des promesses réitérées que “cette fois c’est la dernière vague”, sachant qu’il y en a eu cinq sur la seule année 2022. Trois ans plus tard nous y pataugeons encore, et pour longtemps, même si nous faisons collectivement semblant de croire le contraire.
Les longues répercussions
Il est vrai qu’aujourd’hui globalement on ne meurt plus du covid comme il y a 3 ans, du moins dans les pays ayant eu accès aux vaccins conçus pour réduire le risque d’hospitalisation. Le violent contraste entre l’Europe de l’Ouest et la Tunisie à l’été 2021, ou le sort de Hong Kong au printemps 2022 en sont des illustrations, de même la situation actuelle de la Chine qui a abandonné brusquement sa politique de confinement sans avoir vacciné sa population (concernant ces vaccins, on notera que leur développement grâce aux résultats de la recherche publique sur l’ARN messager mais leur commercialisation sous brevet, puis les politiques du tout-vaccinal qui s’en sont suivies, ainsi que les pressions des grandes entreprises pharmaceutiques contre la levée des brevets, sont des symptômes de l’abandon de longue date des questions de santé publique par les instances censées en avoir la charge). Tant que ces vaccins ont un effet sur les nouveaux variants, la partie du monde où nous vivons – celle qui peut se les payer – peut s’estimer protégée des effets les plus aigus de ce SARS. Restent les effets plus discrets, qui handicapent la vie d’un nombre croissant de personnes: le covid long, cet ensemble de symptômes vasculaires, inflammatoires ou neurologiques – entre autres – consécutifs à l’infection, documentés depuis le printemps 2020 mais toujours largement minimisés quand ce n’est pas simplement ignorés. Ils touchaient plus de 4% la population de l’hexagone en avril dernier (soit 30% des personnes ayant été infectées plus de 3 mois auparavant), probablement plus aujourd’hui vu l’incidence générale tout au long de 2022. Des estimations équivalentes sont faites au Royaume-Uni ou en Espagne. Outre les symptômes, les atteintes “silencieuses” commencent à être documentées aussi, et montrent que le SARS-CoV2 est encore très loin du stade où il ne causera pas plus de souci qu’un banal rhinovirus. Une infection même légère n’est pas anodine au niveau cardiaque, et un des effets les plus sournois de ce virus est peut-être la perturbation de la réponse immunitaire, observée dès mai 2020, et qui montre que l’infection de masse décrétée en janvier 2022 et les réinfections régulières qui ont suivi ne sont visiblement pas une bonne idée. Plusieurs analystes font le rapprochement avec l’épidémie de bronchiolite qui a été plus sévère que d’habitude cet hiver, avec la recrudescence des infections à streptocoque A qui étaient auparavant bien moindres, ou avec des infections fongiques, par rapport auxquelles l’infection par le SARS-Cov2 semble endommager notre immunité. Le ministre Allemand de la santé Karl Lauterbach s’inquiète d’une déficience immunitaire causée par des infections répétées et qui pourrait finir par être incurable. Le médecin et écrivain Christian Lehmann résume ainsi la situation: Si j’avais un mot pour qualifier les années à venir, ce serait « le marasme ». Parce qu’à moins d’avoir la chance de trouver un vaccin multi-variant, on va se retrouver avec une dégradation généralisée de l’état de santé de la population et une baisse de la durée de vie des gens. Je serai le premier à me réjouir si l’avenir lui donne tort, mais force est de constater que les travaux accumulés jusqu’à présent n’incitent pas à l’insouciance, et que dans un monde où il est déjà assez difficile de faire face aux conséquences du changement climatique et de la pénurie d’énergie, pouvoir y faire face avec une population en bonne santé n’aurait pas été du luxe.
Externalités négatives
Le covid long et plus largement les atteintes organiques et fonctionnelles causées par l’infection au sars-cov-2 sont un cas typique d’externalités négatives. Contrairement à la saturation des services de réanimation, elles ne font pas peser de menace immédiate sur la poursuite des activités économiques, elles sont ainsi plus faciles à ignorer, leur prise en compte étant repoussée à plus tard, voire si possible à jamais, ce qui permet d’économiser les prises en charge et les mesures de prévention. Comme l’usure des infrastructures publiques non entretenues, comme la pollution de l’air, comme les perturbateurs endocriniens, comme l’amiante, comme les essais nucléaires, comme les effets secondaires du Mediator, comme l’exportaion des déchets toxiques vers les pays pauvres, et – liste non exhaustive – comme bien sûr le changement climatique, au point que les industries des énergies fossiles ont déployé des stratégies spécifiques de communication pour semer le doute et retarder la prise de conscience du problème. Il n’est pas anodin que les mêmes lobbys liés aux énergies fossiles aient été actifs dès 2020 pour influencer les politiques publiques dans le sens du business as usual favorable à leurs affaires. C’était prévisible de leur part. Ce qui l’était moins a priori, c’est que de larges secteurs a priori progressistes et attachés à la justice sociale leur emboîtent le pas et, au nom du refus de l’autoritairisme, se soient mis à refuser dans le même mouvement la protection collective. Des gestes simples et efficaces comme le port d’un FFP2, qui n’est rien de plus qu’un filtre à particules aérosolisées, sont devenus pour certains trop imprégnés du goût amer de l’imposition de restrictions confuses et contradictoires, et l’effort de distinction des causes et des intérêts n’a pas été fait. Ainsi, au lieu de sortir de la contradiction interne précédemment mentionnée et des mots d’ordre confus qui l’accompagnent, au lieu de prendre nous-mêmes en charge notre protection dans nos lieux de vie et de travail, beaucoup se sont focalisés sur les mots d’ordre en question, et se sont enfermés dans une logique binaire de ‘pour ou contre le gouvernement’, comme si le fond du sujet était là. Cela laisse voir en creux un gros manque: si on avait une capacité éprouvée de comprendre, décider et agir par et pour nous mêmes, les incohérences des injonctions verticales nous apparaîtraient simplement pour ce qu’elles sont: des incohérences. Et, sans y prêter attention, nous construirions nous-mêmes nos politiques de réduction des risques et de protection collective, en d’autres termes d’autodéfense sanitaire, comme dans la favela de Maré. L’équivalent chez nous, au lieu de représenter une large majorité des secteurs progressistes, s’est réduit à quelques rares collectifs à la gauche du spectre politique. Au niveau hexagonal ce fut par exemple le cas du NPA, de l’Union Communiste Libertaire, du syndicat anarchiste CNT, et de collectifs locaux s’inscrivant dans des traditions libertaires de gauche. Au delà d’eux, si ceux qui se considèrent de gauche ou progressistes n’ont plus le sens du collectif, de la protection des plus vulnérables, il ne reste pas grand-chose de ce progressisme à part l’anti-autoritarisme. Si ce dernier est évidemment nécessaire, seul il ne va pas bien loin, et n’est pas à l’abri de dériver avec les courants libertariens, fort actifs depuis 2020, et qui tels de jeunes enfants dans la phase du “non” n’aspirent qu’à vivre sans contrainte collective, sans réciprocité, sans jamais rien devoir à personne.
Manques structurels
Cette pandémie donnait pourtant une rare occasion de comprendre l’interdépendance, un des deux concepts clés de la pensée des écoféministes (l’autre étant l’écodépendance c’est à dire la dépendance aux ressources de la biosphère), que la chercheuse et enseignante Yayo Herrero explique de façon limpide. L’interdépendance est en résumé le fait que personne ne peut se sauver seul, que la santé d’une personne (et plus globalement son accès aux conditions d’une vie digne) est bénéfique aux conditions des vies des autres, et inversement. En d’autres termes, que se la jouer perso est non seulement non défendable éthiquement, mais aussi un mauvais calcul individuel de long terme. Il est clair que cette idée est extrêmement difficile à faire avancer dans un mode de production capitaliste où prime l’accumulation de ressources. Pourtant, ce modèle production bute aujourd’hui de plus en plus sur les problèmes qu’il a voulu par le passé pousser sous le tapis. Comme l’indiquait également le rapport du GIEC publié en 2022, la meilleure trajectoire de mitigation du changement climatique est la transition juste, pas seulement car la justice sociale vaut mieux que l’injustice, mais aussi car l’efficacité physique de la transition elle-même dépend de son degré de justice sociale. Cette idée est encore plus évidente dans le domaine de la santé publique: on ne vient pas à bout d’une épidémie en abandonnant à leur sort les plus précaires, les plus exposés et les plus fragiles. C’était évident il y a 30 ans pour le SIDA, ça ne l’est plus aujourd’hui pour une pandémie.
Trois ans après l’arrivée du SARS-Cov2 en Europe, et tandis que la majorité des secteurs progressistes s’en désintéresse désormais – pourtant la défense des retraites en France et la défense de la santé publique en Espagne offrent un boulevard pour mettre la question du soin et de l’interdépendance dans le débat – les premiers qui ont commencé à comprendre que les externalités négatives vont peser lourd s’expriment dans la presse financière: Wall Street Journal, Bloomberg, Financial Times, Fortune et autres. Ce qui les inquiète n’est pas de savoir si nous allons bien, c’est le taux de chômage, la pénurie de main d’oeuvre dûe aux arrêts de travail et aux invalidités, l’impact du covid long sur l’économie, sur les entreprises, sur la dette. C’est de nouveau la contradiction interne du mode de production capitaliste qui s’exprime, et qui réalise qu’avoir poussé trop fort pour la maximisation des profits met désormais en péril la préservation la capacité de production. Que les détenteurs de capitaux s’inquiètent de la possibilité à long terme d’en tirer profit, c’était prévisible de leur part. Ce qui l’était moins a priori, c’est que ceux qui expriment le plus leurs inquiétudes sur notre santé future soient précisément les détenteurs de capitaux – qui nous considèrent avant tout en tant que producteurs de valeur – tandis que la gauche au sens large – qui est censée défendre les vies contre les profits – a majoritairement capitulé et regarde ailleurs.
Reboucher les fractures
Le poids économique du covid long a également été rappelé au fameux forum économique de Davos ayant eu lieu le mois dernier. Selon les termes de Michelle Williams, doyenne de faculté à la Harvard Chan School of Public Health et présente à ce forum: Nous devons aussi prendre en compte le fait que le Covid long est une réalité et qu’il n’aura pas seulement des répercussions sur les individus et les familles, mais que l’impact économique du Covid long tel qu’il a été évalué par Larry Summers et David Cutler, tous deux de Harvard, sera de 3 700 milliards de dollars. Les détenteurs de capitaux s’inquiètent de la condition physique des producteurs de valeur et de ce que sa dégradation coûtera, mais se protègent avant tout eux-mêmes: on a pu voir partout à ces réunions des purificateurs d’air, des systèmes virucides à ultraviolets, et un protocole solide réduisant le risque d’infection. Ce qui a fait dire à Antoine Flahault, chercheur et enseignant en santé publique, que le vrai tournant de cette pandémie pourrait bien ne pas être la levée du zéro covid en Chine, ni du variant ‘Kraken’ à New York, mais bien plutôt Davos 2023: le monde vient de réaliser que les riches et les puissants se protègent du Covid 19 par l’amélioration de la qualité de leur air intérieur. J’aimerais partager son optimisme sur le fait que cela puisse marquer un tournant dans la pandémie, mais je pense que le travail de prise de conscience à faire est plus profond.
Il y a deux ans je disais que c’était difficile de lancer l’alerte sur le changement climatique malgré la connaissance de longue date du phénomène et la compréhension de ses risques potentiels, mais que ça l’est encore plus sur une pandémie, dans laquelle la temporalité d’une propagation virale exponentielle est encore moins compatible avec le temps nécessaire au débroussaillage du bullshit et à la compréhension des enjeux par la majorité des gens, surtout dans des sociétés qui souffrent d’une atomisation croissante. Cette atomisation nous a montré à quel point elle est un obstacle, en combinant deux facteurs: la perte de vue du collectif et de la notion fondamentale d’interdépendance, et la défiance systématique envers toute parole perçue comme officielle, qui laisse la porte ouverte à des récits bien peu solidaires et émancipateurs. Le propre d’un esprit critique ne consiste pas à dire systématiquement “non-A” quand un officiel dit “A”, mais à passer les discours entendus au crible d’un ensemble de critères éthiques, et d’y séparer ce qui va dans le sens d’une humanité plus solide et solidaire, ce qui ne porte aucun sens, ou ce qui nous emmène dans le mur. Comme le dit le collectif Cabrioles, nous pensons toujours qu’il n’y a pas a choisir entre le libertarianisme sanitaire occidental et le régime disciplinaire chinois, qu’ils sont les deux faces d’un même capitalisme meurtrier, et que la seule voie désirable face à la pandémie est la diffusion massive de l’autodéfense sanitaire et de politiques de prévention bâties sur les principes de la santé communautaire.
S’il reste un espoir de refondation sérieuse dans les secteurs progressistes, il me semble se situer chez les féministes, celles qui depuis de nombreuses années parlent de remettre au centre la question du soin, dans tout ce que cette notion implique en termes de reconnaissance des vulnérabilités et de l’interdépendance.
Il est dommage que cet article très fouillé se contente d’un conformisme pratiquement absolu à la pensée unique et fasse l’impasse sur les innombrables apports scientifiques, malheureusement victimes depuis trois ans de la corruption, de la manipulation et la désinformation éhontée de nos soi-disant élites : importance des traitements précoces, absurdité des confinements, vaccination inefficace, effets secondaires, surmortalité constatée dans le monde entier suite à la vaccination, etc. Il est atterrant de constater à quel point la la quasi totalité de la presse est désormais à la solde des donneurs d’ordre corrompus.
Il y a deux ans je disais que c’était difficile de lancer l’alerte sur le changement climatique malgré la connaissance de longue date du phénomène et la compréhension de ses risques potentiels, mais que ça l’est encore plus sur une pandémie, dans laquelle la temporalité d’une propagation virale exponentielle est encore moins compatible avec le temps nécessaire au débroussaillage du bullshit et à la compréhension des enjeux par la majorité des gens, surtout dans des sociétés qui souffrent d’une atomisation croissante. Cette atomisation nous a montré à quel point elle est un obstacle, en combinant deux facteurs: la perte de vue du collectif et de la notion fondamentale d’interdépendance, et la défiance systématique envers toute parole perçue comme officielle, qui laisse la porte ouverte à des récits bien peu solidaires et émancipateurs. Le propre d’un esprit critique ne consiste pas à dire systématiquement “non-A” quand un officiel dit “A”, mais à passer les discours entendus au crible d’un ensemble de critères éthiques, et d’y séparer ce qui va dans le sens d’une humanité plus solide et solidaire, ce qui ne porte aucun sens, ou ce qui nous emmène dans le mur. Comme le dit le collectif Cabrioles, nous pensons toujours qu’il n’y a pas a choisir entre le libertarianisme sanitaire occidental et le régime disciplinaire chinois, qu’ils sont les deux faces d’un même capitalisme meurtrier, et que la seule voie désirable face à la pandémie est la diffusion massive de l’autodéfense sanitaire et de politiques de prévention bâties sur les principes de la santé communautaire.
Bon article, dommage qu’il ne sera lu par quasiment personne comme tous les articles de ce genre, le Setoain au-dessus ne croit pas si bien dire: conformisme pratiquement absolu à la pensée unique, on est en 2023 le covid c’est fini, faisons taire les voix qui divergent. Désormais ça ne sert plus à rien de porter un masque (donc si vous en portez un on vous regarde de travers et on vous traite de folle), omicron c’est juste un rhume (allez dire ca en Chine tiens, ça résuscitera peut-être ceux qui y encombrent les morgues), l’infection immunise aussi bien que le vaccin (d’ailleurs si t’as de nouveau des symptômes comme tout te dissuade de te faire tester tu seras pas dans les chiffres officiels, ça prouve bien que ton infection précédente t’a immunisée tiens, et le vaccin si veux accéder à un rappel t’as intérêt à être patiente et riche), le covid long ça existe pas Madame c’est dans votre tête (en même temps c’est pas faux les caillots que j’ai dans mes veines depuis mon premier covid, un jour y en a bien qui finira par me foutre un avc). Et les strepto qui remontent, les mycoses, les infections qui guérissent pas: mais non Madame rien à voir avec vos infections covid, si vous avez ça c’est la votre faute à votre mauvaise hygiène de vie, sale chômeuse, on va vous faire bosser 15h pour avoir droit au RSA ça vous apprendra la vie.
Pas le droit non plus de dire que le gouvernement a volontairement laissé en roue libre les raoultofouchistes et les antivax, pour détourner le débat et faire crever plus discrètement ceux qui coûtent « un pognon de dingue »: les vieux et les précaires. Toute facon ça fait même pas un bon scénario de complot ça, c’est trop attendu, personne n’y a le beau rôle de résistant de la lumière découvrant le plan secret des « donneurs d’ordre corrompus ». C’est pire: c’est tellement la norme implicite du capitalisme que tout le monde l’a intégré, et que rendre la chose un peu plus explicite glisse tout seul, plus personne ne réagit. Ceux qui massacrent la sécu ont bien recu le message, faudra pas s’étonner quand ils passeront la vitesse supérieure.
C’est vraiment intéressant de voir comment la pandémie de Covid-19 a mis en évidence l’importance de la protection collective et de l’autodéfense sanitaire. Il est important que nous comprenions ce qui nous a fait défaut afin de mieux aborder les défis à venir. Merci de partager ces réflexions et informations!